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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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controverses sur la tour en métal de M. Eiffel, les grands boulevards du baron Haussmann ou l’opéra du sieur Garnier. Ce paysage-là était d’une tout autre échelle. Ici, la terre, le feu, l’air et l’eau se déclinaient avec une harmonique aussi précise que les touches d’un piano.
    Le train avait considérablement ralenti son allure, il sifflait et ahanait dans un bruit de ferraille, en avançant par saccades. Quand Léonie abaissa la vitre, l’air du Midi vint lui caresser les joues. Des collines boisées d’un vert brun enflammé de rouge s’élevaient à l’ombre de falaises en granit gris. Bercée par les oscillations du train et le chuintement des roues sur les rails, Léonie sentit ses paupières se fermer peu à peu.
     
    Elle fut brusquement réveillée par les crissements aigus des freins et, après un instant d’égarement, voyant son guide couché sur ses genoux et, en face d’elle, Anatole endormi, elle se souvint. Non, elle n’était pas à Paris, mais dans un train cahotant à travers le Midi.
    Encore engourdie, Léonie regarda à travers la vitre crasseuse pour tenter de distinguer les lettres peintes sur la pancarte du quai. Puis elle entendit le chef de gare annoncer avec un fort accent du Midi « Couiza-Montazels. Dix minutes d’arrêt ».
    Se redressant d’un bond, elle tapota son frère sur le genou.
    — Anatole, nous y sommes ! Lève-toi !
    Déjà les portières des voitures s’ouvraient et se fermaient avec des claquements rappelant les applaudissements peu nourris du public aux concerts Lamoureux.
    — Anatole ! répéta-t-elle, certaine qu’il faisait semblant de dormir. C’est l’heure. Nous sommes arrivés à Couiza.
    Elle se pencha à la fenêtre.
    On était un dimanche, qui plus est dans l’arrière-saison, pourtant des porteurs attendaient, adossés à leurs chariots. Presque tous portaient une casquette ramenée en arrière et un gilet ouvert sur une chemise aux manches relevées jusqu’aux coudes.
    — Porteur, s’il vous plaît ! appela-t-elle en levant le bras.
    Le premier de la file se précipita, manifestement alléché. Léonie se retira dans le compartiment pour rassembler ses affaires. Soudain la portière s’ouvrit.
    — Permettez, mademoiselle, lui lança un homme depuis le quai, et alors qu’elle déclinait poliment son offre, il s’avança pour regarder dans le compartiment.
    En voyant Anatole toujours endormi et les valises restées sur le porte-bagages, il monta dans la voiture sans y être invité en disant « J’insiste ».
    Il inspira immédiatement à Léonie une violente antipathie. Malgré son faux col amidonné, son gilet croisé, son haut-de-forme, il n’avait pas l’air d’un monsieur comme il faut. Quelque chose en lui dénotait. Son regard était trop hardi, trop impertinent.
    — Merci, mais ce n’est pas la peine, répondit-elle, sentant dans son haleine des effluves d’eau-de-vie.
    Mais sans attendre sa permission, il soulevait déjà l’une de leurs valises du porte-bagages en bois. Léonie le vit jeter un coup d’œil aux initiales gravées dans le cuir quand il posa par terre la malle d’Anatole.
    Agacée, elle secoua rudement son frère par le bras.
    — Anatole, on est à Couiza ! Réveille-toi !
    Enfin, il daigna bouger, battit des paupières, regarda autour de lui d’un air ébahi, puis lui sourit.
    — J’ai dû m’assoupir, dit-il en lissant ses cheveux gominés. Désolé.
    Quand l’homme lâcha sans ménagement la malle d’Anatole qui tomba sur le quai avec un bruit sourd, Léonie fit la grimace.
    — Attention. C’est fragile, lui dit-elle vivement, comme il revenait pour prendre sa précieuse boîte à ouvrage en bois laqué.
    — Bien sûr, ne vous en faites pas, répliqua-t-il en la dévisageant, avant de regarder gravées sur le couvercle – L.V.
    Quand Anatole se leva, le compartiment parut brusquement rapetisser. Il se regarda brièvement dans le miroir au-dessus du porte-bagages, se rajusta, redressa son col, tira sur ses manchettes. Puis il se pencha et s’empara prestement de son chapeau, de ses gants et de sa canne.
    — Nous y allons ? dit-il avec désinvolture en lui offrant son bras.
    Alors seulement il remarqua qu’on avait déjà descendu leurs bagages sur le quai.
    — Merci infiniment, monsieur, dit-il à leur compagnon. Vous êtes bien aimable.
    — Je vous en prie. Tout le plaisir était pour moi. Monsieur…
    — Vernier. Anatole Vernier. Et voici ma

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