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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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allés à Saint-Germain-en-Laye. La famille de Debussy est de là-bas… Bon, ça ira comme ça, sœurette ? lui demanda-t-il en lui mettant les deux mains sur les épaules pour la faire se tourner face à lui.
    — Ça ira, assura Léonie en relevant le menton.
    — Plus de questions ?
    — Plus de questions, répondit-elle avec un petit sourire contrit.
    À leur arrivée à la gare de Lyon, Anatole régla le cocher en lui jetant presque le prix de la course et fonça dans le hall comme s’il avait une meute de chiens à ses trousses. Léonie le suivit sans protester, comprenant qu’après s’être fait remarquer à Saint-Lazare, il voulait en ces lieux passer inaperçu.
    Comme il consultait le tableau des départs, il porta machinalement sa main à la poche de son gilet avant de se raviser.
    — Tu as égaré ta montre ? s’inquiéta-t-elle.
    — Non, on me l’a prise durant l’attaque.
    Ils longèrent le quai en cherchant leur compartiment. Léonie lut les destinations placardées sur le flanc des voitures : Valence, Avignon, et enfin Marseille.
    Le lendemain, ils prendraient le train qui longeait le littoral de Marseille à Carcassonne. Puis le dimanche matin, ils quitteraient Carcassonne pour Couiza-Montazels, la gare la plus proche de Rennes-les-Bains. De là, d’après les indications de leur tante, il n’y avait qu’un court trajet en voiture jusqu’au Domaine de la Cade, situé au pied des collines des Corbières.
    Pendant qu’Anatole s’absorbait dans sa lecture, caché par les feuilles dépliées d’un journal, Léonie observa les passants, messieurs en haut-de-forme et dames en longues robes traînantes. Un mendiant au visage émacié apparut à la fenêtre de leur compartiment première classe et, de ses doigts crasseux, il remontait la vitre pour demander l’aumône, quand le chef de gare le fit déguerpir.
    Il y eut un son strident, un sifflet, puis la machine mugit, crachant son premier jet de vapeur par la gueule noire de sa cheminée. Une volée d’étincelles, le crissement du métal sur le métal, et le train s’ébranla lentement en toussant.
    Il prit de la vitesse à mesure qu’il s’éloignait du quai. Léonie se radossa et regarda Paris disparaître dans un tournoiement de fumées blanches.

19.
    Couiza
    Dimanche 20 septembre 1891
     
    Léonie trouva très plaisant ce voyage de trois jours à travers la France. Dès que l’Express eut quitté la lugubre banlieue parisienne, Anatole avait retrouvé sa bonne humeur et l’avait distraite en la régalant d’anecdotes, en jouant aux cartes, en discutant de la manière dont ils allaient passer le temps à la montagne.
    Peu après 18 heures le vendredi, ils étaient descendus à Marseille. Le lendemain, ils avaient longé la côte jusqu’à Carcassonne, puis passé une assez mauvaise nuit dans un hôtel au service déplorable, sans eau chaude. Léonie s’était réveillée avec la migraine, et ils avaient eu tant de mal à trouver un fiacre un dimanche matin qu’ils avaient bien failli manquer leur correspondance.
    Cependant, sitôt que le train avait quitté la ville et sa périphérie, Léonie s’était sentie mieux. Sous le charme, elle avait posé son guide touristique sur le siège, à côté d’un recueil de nouvelles, et contemplait à présent les paysages méridionaux qui défilaient par la fenêtre.
    La voie ferrée suivait le cours méandreux de l’Aude au fond d’une vallée argentée, en direction des Pyrénées. Au début, les rails avaient longé la route à travers un pays plat et désertique. Mais bientôt, ce fut une région de vignobles à perte de vue, rompus çà et là par des champs de tournesols encore en fleur, qui tendaient vers l’est leurs lourdes corolles jaune d’or.
    Le train s’arrêta un quart d’heure à Limoux, une ville de moyenne importance. Ensuite, le paysage devint plus escarpé, plus rocailleux et moins riant, à mesure que les plaines cédaient le pas aux garrigues des Hautes Corbières. Le train bringuebalait en équilibre précaire sur des rails étroits au-dessus de la rivière quand soudain, au détour d’un virage, les Pyrénées apparurent au loin, blancheur bleutée scintillant dans une brume de chaleur.
    Léonie en eut le souffle coupé. Magnifiques, immuables, les montagnes se dressaient telle une muraille puissante reliant le ciel à la terre. Face à une telle splendeur, les ouvrages des hommes semblaient bien peu de chose, et billevesées les acides

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