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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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avait changé insidieusement, sans que personne y prenne garde. Pendant un moment, on n’entendit que le balancier de l’horloge et le crépitement des flammes dans la cheminée.
    Le regard de Léonie glissa malgré elle vers les fenêtres. On avait fermé les volets pour la nuit, pourtant l’obscurité était là, toute proche. Elle la sentait presque vibrer, respirer. Ce n’était que le vent sifflant autour du bâtiment, mais on aurait dit que la nuit elle-même appelait de son murmure les anciens esprits des bois.
    Elle jeta un coup d’œil à sa tante, belle à la lueur douce des bougies, étonnamment immobile.
    Le ressent-elle aussi ? se demanda-t-elle.
    L’expression d’Isolde était sereine, ses traits impassibles. Il était impossible de dire ce qui occupait ses pensées. Aucun chagrin dû à son deuil n’embrumait son regard. Et elle ne semblait pas s’inquiéter le moins du monde de ce qui se trouvait au-dehors, à l’extérieur de la maison et de ses murs de pierre.
    Léonie avala d’un trait la blanquette qui restait dans son verre.
    L’horloge sonna la demi-heure.
    Se levant, Isolde annonça son intention de rédiger les invitations pour la soirée du samedi et se retira dans son bureau. Anatole prit la bouteille de Bénédictine posée sur le plateau et déclara qu’il traînerait un peu au salon, le temps de fumer un cigare.
    Léonie embrassa son frère en lui souhaitant bonne nuit et quitta la pièce. Elle traversa le couloir, un peu chancelante, songeant à la journée écoulée. Aux choses qui lui avaient apporté du plaisir, et à celles qui l’avaient intriguée. Comme c’était futé de la part de tante Isolde d’avoir deviné que les bonbons préférés d’Anatole étaient les Perles des Pyrénées. Comme ils s’étaient bien entendus, tous les trois, la plupart du temps. Elle songea aux aventures qui l’attendaient peut-être. Tout ce domaine à explorer, la maison, bien sûr, mais aussi les terres qui l’entouraient, si le temps le permettait.
    Elle s’apprêtait à monter quand elle remarqua que le couvercle du piano était levé. À la lueur des bougies, les touches blanches et noires du clavier et les meubles en acajou qui l’entouraient prenaient de beaux reflets profonds, miroitants.
    Léonie n’était pas une pianiste virtuose, mais elle ne résista pas à cette invite. Elle fit courir ses doigts sur le clavier en arpège, puis plaqua un accord. Le piano avait un timbre doux et sonnait juste, comme un instrument qu’on prend soin d’accorder régulièrement. Elle laissa ses doigts improviser d’eux-mêmes et ils pianotèrent quelques notes répétitives formant une mélodie en mineur, désuète, d’une douce mélancolie, presque nostalgique. La, mi , do, ré {1} . Son écho résonna un bref instant dans le silence du vestibule, puis se tut.
    Léonie termina par une suite d’octaves ascendante, une dernière fioriture, puis elle se leva du tabouret et monta l’escalier pour regagner sa chambre.
    Au fil des heures, tandis qu’elle dormait, la maison sombra peu à peu dans le silence. On souffla les bougies l’une après l’autre. Au-delà des murs gris, des parterres, des pelouses, du lac, le bois de hêtres demeurait, tranquille sous une lune blanche. Tout était calme.
    Et pourtant…

IV
Rennes-les-Bains
Octobre 2007

28.
    Rennes-les-Bains
    Lundi 29 octobre 2007
     
    Son avion atterrit à Toulouse dix minutes avant l’horaire prévu. À 16 h 30, Meredith avait pris possession de sa voiture de location et sortait du parking. En baskets et blue-jean, avec son gros sac fourre-tout sur l’épaule, elle avait l’air d’une étudiante.
    Quand elle eut rejoint l’autoroute, le rythme de la circulation se calma et elle se sentit assez à l’aise pour allumer la radio. Elle trouva une station pré-enregistrée, Radio Classique, et monta le volume. Rien que de très classique en effet. Bach, Mozart, Puccini, un peu de Debussy.
    La route allait quasiment en ligne droite. Elle prit la direction de Carcassonne et sortit trente minutes plus tard pour s’engager sur une départementale vers Mirepoix et Limoux. À Couiza, elle tourna à gauche en direction d’Arques puis, après dix minutes d’une route sinueuse, vira à droite. À 18 heures, tout à la fois impatiente et excitée, elle pénétrait dans la ville à laquelle elle songeait depuis si longtemps.
    Loin de la décevoir, Rennes-les-Bains lui fit très bonne impression. C’était une ville bien

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