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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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fleur de serre capiteuse.
    Constant versa un peu de champagne dans la bouche de Marguerite, puis il appuya le rebord du verre contre ses lèvres écartées pour le maculer d’une traînée de rouge à lèvres. Remplissant à moitié la coupe de champagne, il la posa sur la table à côté d’elle et, après avoir rempli l’autre coupe, il coucha la bouteille par terre. Le liquide se déversa sur le tapis en un filet mousseux.
    — Nos camarades de l’ombre savent-ils qu’ils auront peut-être de quoi s’occuper ce soir ?
    — Oui monsieur, répondit le serviteur, et un instant, il laissa tomber le masque. La dame… elle est morte ?
    Constant ne répondit pas.
    Son valet se signa. Constant alla prendre sur le buffet une photographie. Marguerite était assise au centre, encadrée de ses enfants, debout derrière elle. Il lut le nom du studio et la date. Octobre 1890. La fille avait les cheveux dénoués. C’était encore une enfant.
    Le serviteur toussa.
    — Irons-nous à Rouen, monsieur ?
    — À Rouen ?
    Retrouvant dans les yeux de son maître une expression qu’il connaissait bien, le valet se tordit les mains et poursuivit, sur la défensive.
    — Pardonnez-moi, monsieur, mais M me Vernier n’a-t-elle pas dit que ses enfants s’étaient rendus à Rouen ?
    — Ah… Oui, elle a montré plus de courage et d’esprit d’initiative que je ne m’y attendais. Mais je doute que Rouen soit leur vraie destination. Peut-être l’ignorait-elle, tout compte fait.
    Il lança la photo à son domestique qui la rattrapa au vol.
    — Sors et renseigne-toi. Cette fille ne passe pas inaperçue. Les gens se souviendront d’elle. Quelqu’un finira par parler, comme toujours, ajouta-t-il avec un sourire glacial. Elle nous conduira à Vernier et à sa putain.

27.
    Domaine de la Cade
     
    Léonie se dressa en hurlant, le cœur battant la chamade. La bougie s’était éteinte et la chambre était noyée dans la pénombre.
    Un instant, elle se crut revenue dans le salon de la rue de Berlin. Puis, baissant les yeux, elle reconnut la monographie de Baillard posée sur l’oreiller à côté d’elle et retrouva ses esprits.
    Quel cauchemar !
    Démons, spectres, créatures griffues, fantômes aux yeux caves, ruines antiques peuplées de toiles d’araignée.
    Léonie s’adossa à la tête de lit, encore sous le coup des sombres visions qu’elle avait eues en rêve : un sépulcre de pierre sous un ciel gris, des guirlandes flétries ornant un écusson usé. Un blason familial, souillé, déshonoré.
    Si le rythme de son pouls se calmait un peu, dans sa tête, le martèlement ne faisait qu’empirer.
    — Madomaisèla Léonie ? Madama m’a envoyée pour voir s’il ne vous manquait rien.
    Avec soulagement, Léonie reconnut la voix de Marieta.
    — Entrez, répondit-elle, se reprenant.
    — Pardon, madomaisèla, mais la porte est verrouillée, insista Marieta après avoir en vain tourné la poignée.
    Léonie ne se souvenait pas de l’avoir fermée à clef. Elle se leva prestement, enfila ses pieds glacés dans ses pantoufles en soie et courut ouvrir.
    Marieta esquissa une petite révérence.
    — Madama Lascombe et Sénher Vernier m’ont envoyée vous demander si vous désiriez vous joindre à eux.
    — Quelle heure est-il ?
    — 9 heures et demie.
    Si tard !
    Léonie se frotta les yeux comme pour en chasser les dernières bribes de son cauchemar.
    — Bien sûr. Je me débrouillerai toute seule. Pouvez-vous juste leur dire que je ne serai pas longue ?
    Elle s’habilla d’une robe du soir toute simple, remonta ses cheveux avec des peignes et des épingles, se passa un peu d’eau de Cologne derrière les oreilles et sur les poignets, puis descendit au salon.
    Quand elle entra, Anatole et Isolde se levèrent d’un même mouvement. Isolde était exquise, dans une robe bleu turquoise à col montant assez sobre, dont les manches mi-longues étaient ornées de perles de jais.
    — Je regrette de vous avoir fait attendre, s’excusa Léonie en embrassant d’abord sa tante, puis son frère.
    — On ne t’espérait plus, répondit Anatole. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Nous sommes au champagne. Oh, pardon Isolde, il est vrai que ce n’est pas du champagne. Préférerais-tu autre chose ?
    — Comment ça, pas du champagne ? s’enquit Léonie, intriguée.
    — Il vous taquine, répondit Isolde en souriant. En effet, c’est une blanquette de Limoux, un vin d’ici qui ressemble beaucoup

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