Sépulcre
du passé. C’est un lent travail de reconstitution, replacer les choses dans leur contexte, et accéder à ce qui se cache sous la surface des événements, avec l’avantage du recul.
— Un vrai travail de détective.
Le soupçonnant d’avoir l’esprit ailleurs, Meredith lui jeta un coup d’œil, mais il poursuivit.
— Et quand comptez-vous avoir fini ?
— Je dois avoir bouclé en avril prochain. J’ai amassé trop de matériaux, pour l’instant. Articles universitaires publiés dans les Cahiers Debussy, Œuvres complètes de Claude Debussy , notes sur chaque biographie publiée jusqu’à ce jour. Et puis Debussy a lui-même beaucoup écrit. Une volumineuse correspondance, mais aussi des articles pour un quotidien, Gil Blas, ainsi que tout un tas de critiques pour La Revue blanche. J’ai tout lu.
Soudain elle eut honte d’avoir ainsi continué à discourir alors qu’il traversait un moment si douloureux. Elle s’apprêtait à s’excuser pour son manque de sensibilité, quand quelque chose la retint dans l’expression de Hal, son air enfantin. Soudain il lui rappelait quelqu’un, mais elle eut beau se creuser la cervelle, elle fut incapable de trouver de qui il s’agissait.
D’un coup, la fatigue s’abattit sur elle. Elle regarda Hal, perdu dans ses propres pensées, l’air triste. Elle n’avait plus l’énergie d’entretenir la conversation. Il était temps d’aller se coucher.
Elle descendit de son tabouret, rassembla ses affaires.
Il redressa la tête.
— Vous partez ?
Meredith lui fit un petit sourire d’excuse.
— La journée a été longue.
— Bien sûr, dit-il en se levant aussi. Écoutez… Je sais que cela va vous paraître un peu cavalier, mais… si vous restez dans le coin demain, nous pourrions peut-être aller nous balader. Ou nous donner rendez-vous pour boire un verre ?
Prise au dépourvu, Meredith resta un instant sans répondre.
D’un côté, Hal lui plaisait bien. Il était agréable à tous points de vue, et il avait manifestement besoin de compagnie. De l’autre, il lui fallait se concentrer afin de découvrir ce qu’elle pouvait sur sa famille d’origine, et cela sans témoin. Elle n’avait pas envie d’avoir quelqu’un collé à ses basques. Et puis elle croyait entendre Mary la mettre en garde en lui disant qu’elle ignorait tout de ce type.
— Bien sûr, si vous êtes trop occupée…
Ce fut la déception qu’elle perçut dans sa voix qui la décida. D’ailleurs, à part le moment passé avec Laura durant la lecture de tarot, qui ne comptait pas pour une véritable conversation, cela faisait des semaines qu’elle n’avait pas parlé avec quelqu’un.
— D’accord, s’entendit-elle répondre.
Le visage de Hal s’illumina d’un grand sourire et il en fut transformé.
— Mais j’avais l’intention de partir tôt demain matin, s’empressa-t-elle d’ajouter. Pour faire des recherches.
— Je pourrais vous accompagner, proposa-t-il. Peut-être serais-je en mesure de vous aider un peu. Je ne connais pas très bien le coin, mais je suis quand même venu plusieurs fois au cours des cinq dernières années.
— Vous risquez de vous ennuyer.
Hal haussa les épaules.
— Ça ne me dérange pas. Vous avez une liste des lieux que vous voulez visiter ?
— Je pensais improviser. En fait… j’avais espéré obtenir des informations en puisant dans les archives de la station thermale, mais elle est fermée pour l’hiver. Je me proposais d’aller à la mairie voir si quelqu’un pourrait m’aider.
Le visage de Hal s’assombrit.
— C’est une bande d’incapables ! s’emporta-t-il. À se taper la tête contre les murs.
— Désolée, je ne voulais pas remuer de mauvais souvenirs…
Mais Hal secoua vivement la tête.
— Non, pardon. C’est ma faute, s’excusa-t-il en soupirant, puis il lui sourit à nouveau. J’ai une proposition. Étant donné la période qui vous intéresse, vous pourriez trouver quelque chose d’utile au musée de Rennes-le-Château, concernant Lilly Debussy. Je n’y suis allé qu’une fois, mais je me souviens qu’il donne un bon aperçu de la vie de cette époque.
— Ça me paraît une très bonne idée, s’enthousiasma Meredith avec une pointe d’excitation.
— On se retrouve à 10 heures dans le hall ?
Meredith hésita un bref instant, puis décida de mettre sa défiance de côté.
— D’accord pour 10 heures, dit-elle.
Il se leva et enfonça ses mains
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