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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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léger. Il n’y avait plus trace du vent violent qui menaçait la veille au soir.
    Léonie s’habilla d’une jupe en laine unie et d’un chemisier à col montant, puis elle prit le livre qu’Anatole lui avait apporté la veille. L’envie lui vint de se rendre elle-même à la bibliothèque, d’explorer ses rayonnages poussiéreux couverts de vieilles reliures en cuir. Si on lui demandait des comptes, elle prétexterait qu’elle était venue restituer la monographie de M. Baillard. Mais c’était peu probable, puisque Isolde leur avait assuré qu’ils étaient ici chez eux.
    Elle s’avança dans le corridor. Le reste de la maisonnée semblait encore endormi. Tout était calme. Aucun signe de vie, aucun bruit venant des autres chambres. Si Anatole était levé, elle l’aurait entendu siffloter tout en faisant sa toilette du matin. En bas, le vestibule aussi était désert, même si des bruits lointains de vaisselle entrechoquée lui parvenaient de derrière la porte battante qui menait à l’office et aux cuisines.
    La bibliothèque occupait l’aile sud-ouest de la maison et on y accédait par un petit couloir encaissé entre le salon et la porte du bureau. C’était étrange qu’Anatole soit tombé dessus par hasard l’après-midi même de leur arrivée, alors qu’il n’avait guère eu le temps d’explorer la maison.
    En fait le petit couloir en question était bien éclairé, et assez large pour contenir plusieurs vitrines. La première exposait des porcelaines de Marseille et de Rouen ; la deuxième une antique cuirasse, deux sabres, un fleuret, très semblable à celui qu’aimait manier Anatole dans ses salles d’escrime, et un mousquet ; la troisième, plus petite, abritait une collection de décorations militaires, médailles et rubans, disposées sur du velours bleu. Rien n’indiquait à qui elles avaient été remises ni en vertu de quelle action d’éclat. Léonie présuma qu’elles avaient appartenu à l’oncle Jules.
    Elle appuya sur la poignée de la porte de la bibliothèque et se glissa à l’intérieur. Tout de suite la pièce lui plut. Paisible, elle sentait bon l’encre et la cire d’abeille. Plus vaste que Léonie ne s’y attendait, elle était d’une belle symétrie, avec ses deux fenêtres donnant sur le sud et l’ouest ornées de rideaux en lourd brocart bleu et or, dont les plis tombaient du plafond jusqu’au sol.
    Le bruit de ses talons, qui résonnaient si fort sur le parquet, était amorti par l’épais tapis ovale qui occupait le centre de la pièce, sur lequel trônait un guéridon assez large pour supporter les ouvrages les plus imposants. Sur un sous-main en cuir étaient disposés un bloc de papier, un encrier, un porte-plume et un buvard.
    Léonie décida de commencer son exploration par le coin le plus éloigné de l’entrée. Elle parcourut du regard les rayons en lisant les noms qui figuraient sur le dos des livres, passant les doigts sur les reliures en s’arrêtant de temps à autre, quand un volume retenait son attention.
    Elle dénicha un beau missel doté d’un fermoir ouvragé, imprimé à Tours, avec des pages de garde vert et or et des gravures protégées par du papier de soie. Sur la page de titre le nom de son défunt oncle, Jules Lascombe, était inscrit à la main, avec la date de sa confirmation.
    Dans le rayonnage suivant, elle trouva une première édition du Voyage autour de ma chambre de Joseph de Maistre. Avec ses coins écornés, elle était dans un triste état, comparée à l’exemplaire original qu’Anatole avait à la maison. Dans une autre alcôve, elle découvrit une collection de textes religieux et antireligieux, regroupés comme pour mieux s’annuler les uns les autres.
    Dans la section consacrée à la littérature française contemporaine, il y avait la série complète des Rougon-Macquart, ainsi que des œuvres de Flaubert, Maupassant et Huysmans, auteurs dont Anatole lui avait ardemment conseillé la lecture dans le désir qu’elle se cultive, avec un maigre résultat. Elle y vit aussi une première édition du roman de Stendhal, Le Rouge et le Noir. Également, quelques œuvres de littérature étrangère, mais rien qui la séduise, à part les nouvelles d’Edgar Allan Poe traduites par Baudelaire. Aucun roman de Ann Radcliffe ni de Sheridan Le Fanu.
    Bref, une collection terne, ennuyeuse, songea-t-elle.
    Dans le coin le plus éloigné de la bibliothèque, Léonie se retrouva devant une alcôve consacrée

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