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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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clignotait et se reflétait dans le miroir.
    Un simple cauchemar…
    Elle aurait dû s’y attendre, après tout ce qui s’était passé dans la journée.
    Meredith rejeta les couvertures pour se rafraîchir et resta immobile, les mains croisées sur la poitrine telle une gisante, puis elle se leva, prise du besoin de bouger, de s’activer. Elle alla chercher une bouteille d’eau minérale dans le minibar, gagna la fenêtre et regarda en contrebas les jardins silencieux, baignant toujours dans la clarté de la lune. Le temps avait changé et la terrasse en dessous était luisante de pluie. Un voile de brume blanche s’étirait au-dessus de la rangée d’arbres.
    Meredith appuya sa main tiède sur le verre froid, comme pour chasser ses idées noires. Dans quoi s’était-elle engagée ? Le doute s’insinuait en elle. Et s’il n’y avait rien à découvrir ? Jusqu’à présent, ce projet de venir à Rennes-les-Bains avec pour seules armes une poignée de vieilles photographies et une partition pour piano l’avait poussée de l’avant.
    Mais maintenant qu’elle y était, devant la petitesse des lieux, elle se sentait moins sûre d’elle. Quelle folle idée de partir sur les traces de sa famille biologique sans même avoir de noms précis à chercher ! C’était un rêve stupide, un scénario à l’eau de rose, bien loin de la vie réelle.
    Meredith n’avait aucune idée du temps qu’elle avait passé à réfléchir, à faire le tri dans ses pensées, postée à la fenêtre. Soudain elle se rendit compte que ses orteils étaient engourdis par le froid et se retourna pour regarder le réveil. Ouf ! Il était plus de 5 heures du matin. Elle avait tué assez de temps. Chassé les fantômes, les démons de la nuit. Le visage dans l’eau, la silhouette sur la route, les images figurant sur les cartes.
    Cette fois quand elle se recoucha, la chambre était paisible. Pas d’œil la fixant dans le noir ni de présence scintillante, juste les chiffres clignotants du réveil. Elle ferma les paupières.
    Son soldat se fondit en Debussy, puis devint Hal.

V
Domaine de la Cade
Septembre 1891

34.
    Lundi 21 septembre 1891
     
    Léonie bâilla et ouvrit les yeux. Elle s’étira voluptueusement, puis se redressa, calée contre de moelleux oreillers. Malgré la blanquette de Limoux dont elle avait un peu abusé la veille au soir, ou peut-être grâce à ses effets, elle avait bien dormi.
    La Chambre Jaune était jolie dans la clarté matinale qui filtrait entre les rideaux. Léonie resta un moment couchée à écouter les rares bruits qui rompaient le silence de la campagne. Les chants des oiseaux, le murmure du vent dans les arbres. C’était bien plus agréable que de se réveiller à la maison par une aube grise, avec en fond sonore les crissements aigus et métalliques venant du trafic de la gare Saint-Lazare.
    À 8 heures, Marieta apporta le plateau du petit déjeuner. Elle le posa sur la table près de la fenêtre, puis tira les rideaux, et la chambre s’emplit des premiers rayons du soleil. À travers les vitres imparfaites des vieilles fenêtres à battants, Léonie contempla le bleu limpide du ciel, où s’effilochaient des nuages blancs et mauves.
    — Merci, Marieta, dit-elle. Vous pouvez disposer.
    — Très bien, madomaisèla.
    Léonie rejeta les couvertures et enfila ses mules, puis sa robe de chambre en cachemire bleu. Après s’être aspergé un peu d’eau sur le visage, elle s’assit à la table devant la fenêtre et se sentit dans la peau d’une grande dame distinguée, à prendre ainsi son petit déjeuner toute seule dans sa chambre. Les rares fois où cela lui arrivait à la maison, c’était quand Du Pont rendait visite à sa mère.
    Quand elle souleva le couvercle de la cafetière en argent, un délicieux arôme de grains fraîchement grillés s’en échappa, tel un bon génie d’une lampe à huile. Il y avait aussi un pot de lait tiède et mousseux, un sucrier, une pince à sucre en argent. Soulevant une serviette de lin posée sur une assiette, elle découvrit du pain blanc encore chaud à la croûte dorée, ainsi qu’un petit pot de beurre, trois sortes de confitures dans des coupelles de porcelaine et un bol de compote de pommes et coings.
    Tout en mangeant, elle contempla les jardins et les pelouses qui paressaient sous le soleil de septembre. Une nappe de brume suspendue au-dessus de la vallée entre les collines effleurait les cimes des arbres, immobiles dans l’air

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