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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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dans ses poches.
    — Bonne nuit.
    — À demain, lui dit Meredith avec un petit hochement de tête.

33.
    Une fois dans sa chambre, Meredith avait l’esprit trop agité pour songer à dormir. Tout en se brossant les dents face à la glace, elle se repassait la conversation qu’ils avaient eue, ce que chacun avait dit, cherchant à interpréter ce qui se cachait entre les lignes.
    Hal semblait si vulnérable. Il lui inspirait de la compassion. Mais lui n’éprouvait sans doute pour elle qu’un intérêt passager. Dans sa détresse, il avait eu besoin de compagnie, voilà tout, se dit-elle en recrachant le dentifrice dans le lavabo.
    Elle se mit au lit et éteignit la lumière. La chambre plongea dans une douce pénombre couleur d’encre. Immobile, elle resta à contempler le plafond jusqu’à ce que ses membres s’alourdissent et que son esprit à la dérive se laisse gagner par le sommeil.
    À peine s’était-elle endormie que le visage qu’elle avait vu dans l’eau, puis l’étrange silhouette aperçue au milieu de la route surgirent dans son esprit. Pis encore, le beau visage tourmenté de sa mère lui apparut, en pleurs, tandis qu’elle suppliait les voix de la laisser en paix.
    Meredith ouvrit les yeux.
    Non. Pas question. Je ne me laisserai pas happer par le passé, se dit-elle.
    Elle était là pour trouver qui elle était et en apprendre plus sur sa famille afin d’échapper à l’ombre de sa mère, et non pour que celle-ci revienne, plus présente que jamais. Meredith repoussa ses souvenirs d’enfance en les remplaçant par les images du tarot qu’elle avait eues en tête toute la journée. Le Mat et La Justice. Le Diable aux yeux bleus, les Amants enchaînés, sans espoir, à ses pieds.
    Elle se répéta les paroles de Laura, laissa ses pensées vagabonder d’une carte à l’autre et glissa peu à peu dans le sommeil. Lilly Debussy lui vint en tête, pâle, une balle logée pour l’éternité dans sa poitrine. Debussy à son piano, ronchonnant et fumant d’un air maussade. Mary, sur la véranda de la maison à Chapel Hill, plongée dans un livre, se balançant sur son rocking-chair. Et le soldat couleur sépia entre les platanes, sur la place des Deux-Rennes.
    Meredith entendit claquer une portière de voiture et des chaussures crisser sur le gravier, puis le hululement d’un hibou s’apprêtant à chasser, ainsi que des bruits de tuyauteries en sourdine.
    L’hôtel sombrait dans le silence. La nuit enveloppait la maison de ténèbres. Les terres du domaine dormaient sous une lune pâle.
    Les heures s’écoulèrent. Minuit, 2 heures, 4 heures du matin.
    Soudain, Meredith se réveilla en sursaut, les yeux grands ouverts dans le noir. Tout son corps aux aguets, ses nerfs, ses muscles tendus à l’extrême, comme les cordes d’un violon.
    Quelqu’un chantait.
    Non, quelqu’un jouait du piano. Tout près.
    Elle se redressa. La chambre était froide. Ce même froid pénétrant qui l’avait saisie sous le pont. L’obscurité avait changé, elle était moins dense, plus fragmentée. C’était comme si Meredith percevait les matières diverses qui la composaient et dansaient maintenant devant elle, particules de lumière, d’ombre et d’obscurité. Une brise s’était levée, venue d’on ne sait où. Car Meredith était bien certaine que toutes les fenêtres étaient fermées. Une brise légère, qui effleurait ses épaules et son cou en murmurant.
    Il y a quelqu ’ un dans la chambre.
    C’était impossible. Elle l’aurait entendu entrer. Pourtant elle avait la certitude que quelqu’un se tenait debout au pied du lit et la regardait. Deux yeux brillant dans la pénombre. Elle sentit des filets de sueur froide couler entre ses omoplates et au creux de ses seins. Avec une poussée d’adrénaline, elle se résolut à réagir.
    Maintenant. Vas-y.
    Comptant jusqu’à trois, elle roula sur le côté et alluma la lumière.
    La pénombre éclata avec violence et tous les objets ordinaires, quotidiens, surgirent pour l’accueillir. Armoire, table, fenêtre, cheminée, secrétaire, psyché placée près de la porte de la salle de bains et qui reflétait la lumière… Tout était à sa place.
    Personne.
    Incroyablement soulagée, Meredith s’affala contre la tête de lit en acajou. Sur la table de nuit, un radioréveil indiquait l’heure en rouge, 4 h 45. Ce n’étaient pas des  yeux qu’elle avait vu briller dans le noir, seulement l’affichage numérique du réveil, qui

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