Serge Fiori : s'enlever du chemin
formidable ;
jamais,
encore,
il
n’avait
éprouvé
cela
avec
quelqu’un. Jamais il n’avait partagé cette orgie de fêtes et
de luxure, en parfaite symbiose avec autrui. Le couple sort
tous les soirs, boit à en perdre la raison, mange dans les
plus chic restaurants, vit des nuits torrides et interminables.
Mais il n’y a pas que la fête des sens et des envies qui
les anime : la musique, la danse et la création les réunissent mieux que toute autre chose. Majoly a toujours été en
marge du milieu professionnel, mais elle crée et s’épanouit
en tant qu’artiste depuis toujours. Personnage intense, elle
a toujours rêvé d’enregistrer un album, mais il semble que
son chemin l’ait toujours menée à faire quelque chose en
parallèle, ce qui convient parfaitement à Fiori ; à ce moment de son existence, le beau trip qu’il vit avec elle lui
suffit amplement. Il peut enfin vivre sans être Serge Fiori.
Il s’éclate. Cette façon vaguement adolescente de s’adonner aux plaisirs qu’offre la vie, semble moins plaire à Majoly ; elle aimerait se marier, fonder une famille, avoir des
enfants. Mais pour le moment, elle s’éclate aussi. Tout en
menant cette vie pour le moins dépareillée, les deux se
mettent à la création. Exaltantes, les avenues qui s’offrent
à eux sont innombrables et porteuses de beaucoup de promesses. Malgré la réputation musicale de Serge, ils abordent chaque projet d’égal à égal.
Fiori vient justement de se procurer l’un des premiers
ordinateurs Macintosh sur le marché, muni d’une grosse
tour qui permet d’enregistrer directement sur le disque
dur de l’ordinateur. C’est avec Majoly qu’il fait cette découverte de la musique purement numérique. La danseuse ne
lui impose pas de limites et peut fort bien passer douze
heures à manipuler les fils et les boutons. Contrairement
aux autres femmes que Fiori a connues, il n’y a pas que le
contenu qui la passionne : le contenant aussi ! Majoly devient la parfaite complice de Serge. Ils ont un studio bien
équipé, enregistrent des groupes de heavy métal , et s’amusent comme des enfants.
En 1993, Fiori reçoit une commande particulière : produire deux albums de mantras pour le compte du Centre
de chirologie où travaille Marie-Claire. Occupée à d’autres
projets personnels avec ses écoles de danse, Majoly ne
participera pas à la création de ces albums, sinon pour
enregistrer des voix une heure ou deux. En compagnie de
Marie-Claire, Serge a, au cours des dernières années, profondément cheminé sur le plan spirituel, et les mantras
qu’on lui demande d’enregistrer, Gayatri et Shiva , il les
connaît pour les avoir pratiqués des centaines de fois. Le
tuteur de Marie-Claire se demande si Fiori aura la « prétention » de se mesurer à ces deux pièces, de véritables
institutions, les deux plus vieux mantras des Indes, dont
il n’existe que des versions indiennes, qui sont si répétitives et endormantes qu’elles n’atteignent pas leur but.
Serge relève le défi ; il imagine tout de suite un traitement
plus cinématographique, c’est-à-dire la création d’images
qu’il peut faire sur ces deux mantras. « Quand je regarde
les albums de mantra, je me dis que c’était quasiment impossible à faire. C’est vingt-trois minutes orchestrées, afin
que ce soit tellement intéressant que les gens le répètent,
juste pour chanter cette piste-là. C’est de l’arrangement
très “flyé”. Les mantras Gayatri et Shiva sont les mantras
les plus célèbres de l’Inde. Ils ont des millénaires d’existence. » Fiori compose avec Peter Keogh, un membre du
Centre, qui joue aussi une partie des claviers. Au départ,
Serge accepte ce défi pour Marie-Claire, puisque c’est elle
qui lui en a fait la demande pour le Centre ; mais au fur et
à mesure qu’il progresse, il se sent de plus en plus à l’aise :
les mantras ajoutent beaucoup à son développement spirituel.
Le sanskrit, qui est la langue du mantra, ne possède pas
d’écriture attitrée. Essentiellement oral et phonétique, il
peut être écrit dans toutes les langues du monde, pourvu
que celles-ci respectent le son du phonème, puisque c’est
lui qui génère le sens. Le sanskrit ne désigne pas des choses
ou des objets ; le son fait plutôt référence à un sentiment, à
un état, à une émotion. C’est vibrationnel.
Le mantra doit être répété
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