Serge Fiori : s'enlever du chemin
cent huit fois, au cours de
sessions qui durent de vingt à vingt-cinq minutes, idéalement deux fois par jour. La répétition du mantra apporte
beaucoup de bienfait à ceux qui pratiquent cette forme
de méditation, puisque cette vibration à répétition aiderait à guérir. Pour enregistrer ces mantras, Serge et Peter
développent une méthode pour susciter l’intérêt durant
les vingt-trois minutes que dure la répétition du mantra.
Ils disposent de tout un système de claviers et jouent en
même temps. Ils élaborent une sorte de fresque musicale,
divisant les cent huit répétitions du mantra en neuf parties de douze répétitions, un peu comme s’ils élaboraient
neuf scénarios individuels, comportant des idées différentes, mais complémentaires. Parce que le mantra est toujours psalmodié sur le même air, il est important que la
musique qui l’appuie soit variée, qu’elle suscite et maintienne l’intérêt. Pour chacune de ces neuf parties, Serge
et Peter créent un univers musical très cinématographique, surtout pour le Shiva , qui représente l’énergie masculine ; ce mantra évoque de grandes batailles épiques à
l’indienne. C’est une pure énergie mâle qui dynamise celui qui répète le mantra. L’autre, le Gayatri , est très doux,
très enveloppant, très féminin. Il laisse lui aussi la porte
ouverte à de belles images musicales. Les deux hommes
se mettent chacun au clavier ; ils chantent tous les deux
le mantra, tout en jouant avec une grande liberté, en improvisant, pour découvrir un son, et une partition musicale qui s’harmonisera avec le mantra choisi. Une fois que
cette base musicale est fixée, ils ajoutent, à la ligne mélodique, des échantillonnages de sons typiquement indiens.
Ils improvisent de nouveau par-dessus, tout en répétant le
mantra, jusqu’à ce qu’ils aient découvert suffisamment de
variations, de textures musicales pour maintenir l’intérêt.
Ces neuf parties s’emboîtent les unes dans les autres dans
un crescendo musical qui incite l’auditeur à rester alerte,
jusqu’à la finale en apothéose. Ça peut sembler simple,
au premier abord, mais les deux hommes ont mis plus de
deux ans pour parachever ce travail. L’improvisation étant
ce qu’elle est, ils ont dû jeter des partitions et recommencer maintes et maintes fois, jusqu’à ce que tout s’harmonise parfaitement et que la musique supporte les mantras
dans une communion parfaite.
Bien qu’il ait travaillé d’arrache-pied pendant deux ans
sur ces albums, Fiori en accorde les droits exclusifs au Centre. Il le fait pour Marie-Claire qui apprécie grandement sa
générosité, tout en sachant bien que la maigre rémunération qu’on lui a accordée pour ce projet n’a aucun rapport
avec sa contribution. Elle en éprouve une grande culpabilité
parce qu’elle est tiraillée entre sa loyauté envers le Centre,
qui n’a pas beaucoup de moyens, et son amitié avec Serge.
Fiori, pour sa part, quand arrivent les factures à la fin du
mois, eh bien, il récite des mantras. Il en a bien besoin.
C’est avec Marie-Claire que Serge fait la découverte de la profondeur de la spiritualité. La pratique de la méditation
et du yoga, échelonnée sur plusieurs années, lui permet
aujourd’hui d’avoir une conception précise de la spiritualité et du rapport corps-esprit. « La pratique de la méditation ramène à ce que les religions, ou les pratiques spirituelles, appellent la Vérité. Il est essentiel d’avoir une vraie
technique de méditation. Dans mon cas, c’est celle que Yogananda nous montre : trois techniques de concentration
et de respiration. Assis, tu te concentres sur un point, et
quand tu inspires, tu fais un son ; quand tu expires, tu fais
un autre son. Il ne faut pas forcer sa respiration, il faut s’asseoir derrière elle. Si tu vas t’asseoir derrière, tu l’observes ;
tu n’es pas la respiration, tu es ce qui observe la respiration.
Tu viens t’asseoir à l’intérieur de toi-même : ton corps, ton
sang, tes os, ta respiration, ta pensée… tu n’es plus rien
de cela. Avec une bonne pratique, de vraies techniques
scientifiques, ta pensée finit par passer, juste passer. Elle
n’a aucune durée, aucune importance, rien. Ta respiration
ralentit, quasiment jusqu’au point d’arrêt. Quand tu as
une technique de méditation sérieuse, et ça m’est arrivé
toute ma vie depuis que je pratique le kriya
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