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Serge Fiori : s'enlever du chemin

Serge Fiori : s'enlever du chemin

Titel: Serge Fiori : s'enlever du chemin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Thériault
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pour l’accorder. Normand lui demande s’il peut faire
quelque chose. Serge lui demande alors de produire des
sons pendant qu’il accorde sa guitare.
    Fiori continue à s’accorder tout en produisant des effets
avec son ordinateur. Soudain, les deux se mettent à jouer
et c’est l’harmonie parfaite   !
    «   Normand s’est mis à jouer exactement ce qu’il fallait
qu’il joue par rapport à la scène qui est présentée devant
nous, et moi, je jouais exactement ce qu’il fallait que je
joue. On improvise pendant trois heures et demie   ; on a
déjà l’intro   ! Quand on arrive au bout de ça, Normand capote. Ça ne lui est jamais arrivé, il est impressionné. Il me
dit   : “On l’écoute-tu pour voir si c’est bon   ?” Je lui réponds
qu’on peut l’écouter, mais this is it   !   »
    Ils écoutent leur démo et tombent tous les deux en extase. Ils ne touchent à rien   : cette intro, c’est exactement
celle que l’on retrouve dans le film   !
    Le lendemain, ils écoutent une autre scène, et se mettent au boulot   : même scénario. Ils pondent un thème en
deux ou trois heures, puis ils fument une cigarette sur le
balcon et boivent une bière. Fiori n’a jamais rencontré pareil complice. Un improvisateur, tout comme lui   ! Ils communiquent sans paroles, se rejoignent quelque part, dans
un espace commun, difficile à décrire. La mélodie, les sons,
tout se place   ; Serge sent que c’est l’union musicale idéale.
    «   La musique, c’est très sensuel, dit Normand. On le sent
quand c’est bon. Quand ça ne marche pas, on patauge et
on accepte. Des fois, c’est vraiment nul. Et là, Serge et moi,
on a assez d’humilité pour rire. Parce que je crois qu’en
composition musicale, il faut frapper des murs. Si tu ne
frappes pas de murs en musique, tu te répètes. Ça veut dire
que tu n’évolues pas. Tu restes dans ton confort, tu joues
les accords que tu connais, les lignes conventionnelles,
mais tu n’avances pas.   »
    Serge et Normand percutent effectivement des murs,
mais puisqu’ils s’acharnent à chercher ailleurs, hors de
leur zone de confort, la musique jaillit et la fusion s’opère.
    «   Pour moi, Serge fait partie des vrais compositeurs. Pour
moi, le vrai compositeur, c’est un artiste qui peut descendre dans l’abîme pour aller chercher le meilleur de lui. Il
sait se rendre vulnérable sans avoir peur du ridicule. Il doit
risquer de faire une fausse note ou une niaiserie pour sortir des sentiers battus et faire quelque chose qui sorte de
l’ordinaire. C’est ce qui m’a le plus accroché chez Serge.
Peu importe ce que Serge dit ou fait, je sais que je peux le
regarder dans les yeux sans avoir besoin de lui parler. On
se comprend et ça, c’est à la vie, à la mort. On n’est pas toujours d’accord, on a chacun nos affaires, sauf qu’avec moi,
je crois qu’il est en confiance.   »
    Normand conclut avec une phrase qui résume la pensée
de beaucoup de personnes qui gravitent autour de Serge
Fiori   : «   C’est du trouble être ami avec Serge, mais je crois
que c’est un trouble qui en vaut infiniment la peine.   »

    Quand Luc Picard demande à entendre les démos, le
duo refuse. Les deux hommes ne sont pas encore prêts à
dévoiler leur matériel   ; la vérité, c’est qu’ils craignent que
leur univers soit bousculé. Pour l’instant, ils sont extrêmement heureux de ce qu’ils ont produit   ; ils craignent d’être
remis en question, qu’on refuse leur proposition. Plus le
duo tarde à faire entendre sa musique au réalisateur, plus
l’insécurité
s’installe.
Ils
finissent
par
entendre
raison,
mais dès que Luc émet une réserve ou ne partage pas leur
enthousiasme, les deux musiciens sont déprimés et ils
mettent des jours à s’en remettre. Serge demande à Luc
d’espacer les sessions d’écoute, afin de leur permettre de
travailler sereinement et d’avancer. Picard ne veut pas les
bousculer, mais il sait ce qu’il veut pour son film, et c’est
lui qui a le dernier mot.

    Pour donner plus de dimension aux orchestrations, et
pour sauver des coûts d’enregistrement, Normand propose d’aller orchestrer la musique à Prague   : là-bas, on peut
s’assurer les services de quatre fois plus de musiciens –
compétents – pour le même prix qu’à Montréal, et Prague
possède les plus grands et les meilleurs studios. Les grands
studios cinématographiques du monde

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