Shogun
hommes, pas à des Mangeurs
d’ail !
— Quand donc ? Pourquoi pas cette nuit ?
Pourquoi pas ici ? » Yabu s’interposa prudemment entre les deux
hommes. « Pas cette nuit, parce que nous sommes entre amis,
Buntaro-san », dit-il pour le calmer. Il voulait désespérément éviter un
accrochage qui les retiendrait pour toujours dans la forteresse. « Nous
sommes entre amis, Buntaro-san.
— Quels amis ? Je connais mes amis et je connais
mes ennemis. » Buntaro se retourna brutalement vers Ishido. « Où sont
ces hommes ? Ces hommes vrais dont vous parliez, Ishido-san ? Où
sont-ils ? Laissez-les ramper hors de leur trou et venir se
mettre devant moi – Toda Buntaro, seigneur de Sakura – s’il y en a un seul qui
a le courage de venir ! »
Ishido le fixa méchamment. Yabu dit : « Ce n’est
pas le moment, Buntaro-san. Amis ou enne…
— Amis ? Où ? Dans cette fosse à
purin ? » Buntaro cracha dans la poussière. L’un des Gris porta la
main à son épée. D ix Bruns firent le même geste, suivis
par cinquante Gris à quelques secondes d’intervalle. Ils attendaient tous
qu’Ishido dégaine son épée pour donner le signal de l’attaque. Hiro-matsu
sortit alors de l’ombre du jardin, passa la porte et traversa la
première cour. Il tenait sa longue épée à moitié dégainée à la main.
« Vous pouvez quelquefois découvrir des amis dans le fumier, mon fils », dit-il calmement. Les mains lâchèrent
les pommeaux. « Nous avons des amis dans toute la forteresse. Dans to ut Osaka. Oui. Notre seigneur, Sire Toranaga, n’arrête pas de
nous le dire. » Il se tenait devant son fils unique et voyait la soif de
sang dans ses yeux. Dès qu’on avait vu Ishido approcher, Hiro-matsu avait pris
position à la porte intérieure. Le premier danger passé, il s’était faufilé et
tapi tel un chat dans l’ombre. Il fixa Buntaro. « N’en est-il pas ainsi,
mon fils ? » Avec effort, Buntaro acquiesça et recula d’un pas. Mais
il bloquait toujours l’accès du jardin.
Hiro-matsu tourna son attention vers Ishido. « Nous ne
vous attendions pas cette nuit, Ishido-san.
— Je suis venu pour présenter mes hommages à la dam e Kiritsubo. J’ai été informé il y a quelques minutes de son
départ.
— Mon fils aurait-il raison ? Devrions-nous nous inquiéter
de ne pas être au milieu de nos amis ? Sommes-nous des otages
qui devons demander la permission ?
— Non. Mais Sire Toranaga et moi-même sommes tombés
d’accord sur un protocole pendant le temps de sa visite. L’arrivée ou le départ
d’un personnage important doit être annoncé un jour à
l’avance afin que je puisse venir présenter m es hommages.
— Sire Toranaga a pris une décision brusque. Il n’a pas pensé qu’envoyer une de ses dames à Yedo était suffisamment
important pour vous déranger, lui dit Hiro-Matsu. Oui, Sire Toranaga ne fait
que préparer son propre départ.
— La date a déjà été fixée ?
— Oui. Le jour où l’entrevue des régents aura eu lieu.
Vous en serez informé en temps voulu, selon le protocole.
— L’entrevue peut, bien sûr, être encore retardée. Sire
Kiyama est plus malade qu’avant.
— Est-ce ou n’est-ce pas retardé ?
— J’ai simplement dit qu’elle pouvait l’être. Nous
espérons avoir le plaisir de voir Sire Toranaga parmi nous encore très
longtemps, neh ? Ira-t-il à la chasse avec moi demain ?
— Je lui ai demandé d’annuler toutes les chasses
jusqu’à l’entrevue. Je ne trouve pas cet endroit très sûr. Si des assassins
peuvent percer les lignes de vos sentinelles aussi aisément, pensez alors à la
facilité d’une trahison hors les murs. »
Ishido ne releva pas l’insulte. Les affronts ne feraient
qu’enflammer ses hommes et il ne lui convenait pas encore d’allumer la mèche.
Il était heureux qu’Hiro-matsu soit intervenu, car il avait failli perdre son
sang-froid. La seule pensée de voir la tête de Buntaro dans la poussière
l’avait dévoré. « Tous les commandants qui étaient de garde, cette
nuit-là, ont reçu ordre de partir dans le grand néant, comme vous le savez. Les
Amidas ne connaissent que leurs propres lois, malheureusement. Mais ils seront
éliminés. Les régents régleront leur sort, très bientôt. Puis-je maintenant
présenter mes hommages à la dame Kiritsubo ? »
Ishido s’avança, sa garde personnelle de Gris derrière lui.
Ils s’arrêtèrent tous ensemble. Buntaro
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