Shogun
très honoré de
vous avoir sous son toit. Sa maison est la vôtre.
— Ça vous fait quoi d’être la concubine
d’un barbare ?
— Ce devrait être horrible, je pense…
mais l’Anjin-san est hatamoto et donc samouraï…
C’est la première fois que je suis concubine. Je préfère être épouse. Il a,
bien sûr, des façons un peu bizarres.
— Qui aurait pensé que quelqu’un de notre
maison deviendrait concubine d’un barbare, quand bien même hatamoto ?
— Je n’avais pas le choix. Je n’ai
fait qu’obéir à sire Toranaga et à Sire Hiro-matsu, mon grand-père et chef de
notre clan. Une femme doit obéir.
— Oui. L’obéissance est une chose
importante, pour une femme. Mariko-san est obéissante, n’est-ce pas ?
— Oui, Sire. » Elle regarda sa face
simiesque. « Elle ne vous a apporté que des honneurs. Sans elle, Sire
Toranaga n’aurait jamais pu conquérir le savoir de l’Anjin-san. »
Il sourit avec perversité. « On m’a dit
que vous aviez brandi une paire de pistolets sous le nez d’Omi-san ?
— Je ne faisais que mon devoir, Sire.
— Où avez-vous appris à vous servir de
pistolets ?
— Je ne m’étais jamais servi d’un
pistolet avant. Je ne savais pas s’ils étaient chargés, mais j’aurais quand
même appuyé sur la détente. »
Buntaro éclata de rire.
Omi-san le pensait, lui aussi.
Elle lui remplit de nouveau sa tasse.
« Je n’ai toujours pas compris pourquoi Omi-san n’avait pas essayé de me
les prendre. Son maître le lui avait ordonné et il ne l’a pas fait.
— Je l’aurais fait.
— Oui, mon oncle, je sais. Mais
excusez-moi, j’aurais quand même appuyé sur la détente.
— Oui, et vous m’auriez certainement
raté !
— Probablement. Mais depuis j’ai appris à
tuer.
— Il vous a appris ?
— Non, pas lui. Un des officiers de Sire
Naga.
— Pourquoi ?
— Mon père n’a jamais permis à ses filles
d’apprendre le maniement de l’épée ou de la lance. Il pensait, sagement je veux
le croire, que nous devions consacrer notre temps à apprendre des choses plus
pacifiques et innocentes. Mais une femme a parfois besoin de défendre son
maître et sa maison. Le pistolet est une arme très pratique pour une femme. Il
n’exige aucune force et peu d’exercice. Je peux ainsi être un peu plus utile à
mon maître, car je brûlerai très certainement la cervelle de n’importe qui pour
le protéger et défendre l’honneur de notre maison. »
Buntaro vida sa tasse. « J’ai été très
fier de vous quand on m’a appris que vous vous étiez opposée à Omi-san de cette
façon-là. Vous aviez tout à fait raison. Sire Hiro-matsu sera très fier, lui
aussi.
— Merci, mon oncle, mais je ne faisais
que mon devoir. » Elle s’inclina. « Mon maître demande si vous voulez
bien lui accorder l’honneur de parler avec lui, si vous en exprimez le
désir. »
Il poursuivit le rituel. « Remerciez-le,
je vous prie, mais j’aimerais d’abord prendre un bain. Si cela lui convient, je
le verrai quand ma femme sera de retour. »
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