Shogun
pont face
à Mariko et à Blackthorne.
« À mort les traîtres ! » hurla-t-il en
chargeant dans un cri de guerre.
Blackthorne avait vu les Gris regarder Mariko, étendue et inconsciente.
La soif de sang et de meurtre se lisait dans leurs regards. Il savait que si
personne ne leur venait bientôt en aide, ils mourraient. De toute façon, les
marins ne leur seraient d’aucun secours. Il se souvint que seuls les samouraïs
pouvaient se battre contre d’autres samouraïs. Il saisit son couteau et le
lança, bandé tel un arc. Il alla se ficher dans la gorge du Gris.
Les deux autres plongèrent immédiatement sur Blackthorne. Il s’empara de
son deuxième couteau et se plaça devant Mariko sachant qu’il n’oserait pas la
laisser sans protection. Du coin de l’œil, il vit que l’assaut pour l’échelle
de coupée était presque gagné. Seuls trois Gris en défendaient encore
l’accès ; ces trois hommes, à eux seuls, empêchaient les renforts
d’investir le bateau. S’il pouvait rester en vie pendant moins d’une minute.
Blackthorne savait qu’il était sauvé et qu’elle était donc également sauvée. À
mort ! Tuez tous ces salauds ! Il sentit plus qu’il ne vit l’épée
viser sa gorge. Il se rejeta en arrière pour se mettre hors de portée. Un Gris
se lança à sa poursuite pendant qu’un autre se tenait au-dessus du corps de
Mariko, l’épée brandie.
Blackthorne vit que Mariko revenait à la vie. Elle se jeta
dans les jambes du samouraï qui ne se doutait de rien et le fit tomber sur le
pont. Puis, en vacillant, elle se dirigea vers le cadavre d’un samouraï, se
saisit de l’épée qui reposait dans sa main encore frémissante et se jeta sur le
garde en hurlant. Le Gris s’était relevé et, fou de rage, se rua sur elle. Elle
recula, donna courageusement un coup d’épée, mais Blackthorne savait qu’elle
était perdue. L’homme était trop fort pour elle. Blackthorne évita un autre
coup d’épée du démon qui s’acharnait sur lui, le fit reculer et lança son couteau sur l’assaillant de Mariko. La lame
se planta dans le dos de l’homme dont l’épée frappa le
vide. Blackthorne était aux abois sur le gaillard d’arrière ; un Gris
montait les marches et se lançait à sa poursuite. Celui qui venait de gagner la
bataille sur le gaillard d’avant courait également derrière lui. Blackthorne se précipita v ers le plat-bord, vers la sécurité que lui
offrait encore la mer, mais il glissa sur le pont maculé de sang. Mariko, le
visage défait fixait le Gris qui venait de l’acculer dans un coin. Elle vacillait sur ses jambes. La vie l’abandonnait peu à peu.
Elle le frappa de toutes ses forces, mais il para le coup et lui arracha
l’épée des mains. Il rassembla ses dernières forces et plongea sur elle
au moment où les ronin -samouraïs faisaient irruption sur le pont,
enjambaient les cadavres et fondaient sur lui. Un samouraï visa le Gris qui se
trouvait encore sur le gaillard d’arrière. La flèche l’atteignit dans le dos. Il perdit l’équilibre et son épée passa à deux doigts de
Blackthorne pour finalement se planter dans le plat-bord. Blackthorne tenta de
se sauver, m ais l’homme se saisit de lui et le plaqua sur
le pont. Il essaya de lui enfoncer ses ongles dans les
yeux. Une autre flèche toucha un autre Gris à l’épaule. Il lâcha son épée,
hurlant de rage et de douleur ; une troisième flèche le fit tourner sur
lui-même. Un flot de sang jaillit de sa bouche et, étouffant, il partit à
tâtons à la recherche de Blackthorne et lui tomba dessus au moment où le
dernier Gris arrivait, un poignard à la main. Celui-ci frappa Blackthorne qui
était à terre, mais une main amie paralysa le bras ennemi. La tête de
l’assaillant roula sur le pont dans une fontaine de sang. Les deux cadavres
furent rapidement enlevés et on aida Blackthorne à se relever. Essuyant le sang
qui lui couvrait le visage, il vit que Mariko était allongée de tout son long.
Il avança vers elle en titubant. Ses genoux le trahirent
et il s’effondra lourdement.
2 5
Il lui fallut dix bonnes minutes pour retrouver ses forces
et se relever. Pendant ce temps, les ronin -samouraïs s’étaient occupés
des blessés graves et avaient jeté les cadavres à la mer. Les six Bruns étaient
morts, ainsi que tous les Gris. Le bateau avait été nettoyé, les rameurs
envoyés à leurs avirons. D’autres près des bollards, attendaient le signal pour
larguer les
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