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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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d’yeux de félins dans l’obscurité.
    Une fois au bout du quai, Buntaro enleva son casque, se
défit de son arc et de son carquois, de sa cotte de
mailles, et les rangea à côté de ses fourreaux, sur le sol. Il mit sa longue
épée à part. Puis, nu jusqu’à la ceinture, il ramassa tout son équipement et le
jeta à la mer. Il étudia sa longue épée et la lança de toutes ses forces dans
l’eau. Il salua la galère. Toranaga gagna immédiatement le gaillard d’arrière,
endroit d’où il pouvait être vu, et lui rendit son salut.
    Buntaro s’agenouilla et mit la courte épée soigneusement
devant lui, sur la pierre. Le clair de lune faisait briller la lame par
instants. Il resta immobile comme s’il était en prière, face à la galère.
    « Mais qu’attend-il donc ? » marmonna
Blackthorne. La galère était étrangement silencieuse, sans les cris du maître
de nage. « Pourquoi ne saute-t-il pas ? Pourquoi ne nous rejoint-il
pas à la nage ?
    —  Il va se faire seppuku. »
    Mariko se tenait près de lui, soutenue par une jeune femme.
« Jésus, vous allez bien, Mariko-san ?
    — Très bien », dit-elle en l’écoutant à peine, le
visage hagard. Il vit le grossier pansement qui lui garnissait le bras gauche, à hauteur d’épaule, là où la manche du kimono avait
été arrachée. Le bras reposait dans un brassard fait avec u n morceau
de kimono.
    Je suis si heureuse… » Il comprit brusquement ce
qu’elle venait de dire.
    « Seppuku ? Il va se tuer ? Pourquoi ?
Il a tout le temps de rejoindre le bateau ! S’il ne sait pas nager,
regardez… cet aviron pourra lui tenir la tête hors de l’eau aisément. Là-bas,
près de la jetée, vous le voyez ? Vous ne pouvez pas le voir ?
    — Si. Mais mon mari sait nager, Anjin-san, dit-elle.
Tou s les officiers de sire Toranaga doivent apprendre. Il
insiste là-dessus. Mais il a décidé qu’il ne nagerait pas.
    — Pour l’amour de Dieu, pourquoi ? Dites-lui de
nager !
    — Il ne nagera pas, Anjin-san. Il se prépare à mourir.
    — S’il a envie de mourir, pourquoi ne va-t-il pas
là-bas ? » Le doigt de Blackthorne indiqua le champ de bataille.
« Pour quoi ne va-t-il pas prêter main-forte à ses hommes ? S’il a
envie de mourir, pourquoi ne va-t-il pas mourir au combat, comme un homme ? »
    Mariko ne quitta pas le quai des yeux. Elle s’appuyait sur
la jeune femme.
    « Parce qu’il pourrait être capturé et que, s’il
nageait , il pourrait également être capturé. L’ennemi
l’exposerait en public comme une personne ordinaire, ce
qui le couvrirait de honte. Un samouraï ne peut être fait
prisonnier et rester samouraï en même temps. C’est la pire des hontes. Mon mar i fait donc ce qu’un homme, ce qu’un samouraï doit faire.
Un samouraï meurt dignement .
    —  Quel gâchis stupide ! dit
Blackthorne entre ses dents.
    — Soyez patient avec nous, Anjin-san.
    — Patient ? Pourquoi ? Pour d’autres
mensonges ? Pourquoi ne me faites-vous pas confiance ? Ne l’ai-je pas
mérité ? Vous m’avez menti, n’est-ce pas ? Vous
avez fait semblant de vous évanouir et c’était ça le signal, n’est-ce
pas ? Je vous l’ai demandé et vous m’avez menti.
    — J’avais reçu ordre… j’avais ordre de vous protéger.
Bien sûr, je vous fais confiance.
    — Vous avez menti, dit-il, conscient de ne pas être
raisonnable. Vous êtes tous des animaux », dit-il en anglais, sachant que
ce n’était pas vrai. Il tourna les talons, longea le pont et se dirigea vers
l’avant pour voir s’il y avait des bancs de sable. Les rameurs souquaient avec
discipline. Le bateau gagnait du terrain. La mer était calme, le vent doux.
Blackthorne goûta l’air salé et l’accueillit avec joie. Puis il vit les bateaux
qui encombraient l’entrée du port à une demi-lieue. Bateaux de pêche, certes,
mais bourrés de samouraïs.
    « Nous sommes coincés », dit-il tout fort, sachant
instinctivement que c’étaient des embarcations ennemies.
    Un frisson d’effroi parcourut le bateau. Tous ceux qui
assistaient à la bataille se déroulant sur le rivage tremblaient comme un seul
homme. Blackthorne regarda à son tour vers la terre. Les Gris nettoyaient
calmement le brise-lames, tandis que d’autres se dirigeaient sans hâte vers la
jetée, là où se trouvait Buntaro. Mais quatre cavaliers, des Bruns,
traversèrent le terre-plein au galop. Ils venaient du nord. Un cinquième
cheval, sans cavalier, était

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