Shogun
Quatre-vingts
ans plus tard, leur dynastie, les Chins, fut chassée de Chine. » Mariko
ajouta avec une immense satisfaction : « Les dieux nous ont protégés.
Les dieux nous protégeront toujours de l’envahisseur. Après tout, leur pays se
trouve ici neh ? »
Blackthorne songea à cet incroyable nombre de bateau et
d’hommes rassemblés pour cette invasion. L’Armada espagnole à côté semblait
insignifiante.
« Nous avons, nous aussi, été aidés par une tempête,
senhora dit-il, aussi sérieux qu’elle. Beaucoup pensent qu’elle fut également
envoyée par les dieux et la considèrent comme un miracle. Qui sait ? Ce
l’était peut-être. »
Il jeta un coup d’œil vers le brasero où un charbon venait
d’éclater. Des flammes avaient jailli et dansaient. Puis il dit :
« Les Mongols ont failli engloutir l’Europe. » Il lui raconta comment
les hordes de Gengis khan, le grand-père de Koublaï khan, avaient presque
atteint les portes de Vienne avant de voir leur avance stoppée. « En ce
temps-là, les gens croyaient que Gengis khan et ses soldats étaient envoyés par
Dieu pour punir le monde de ses péchés.
— Sire Toranaga dit qu’il n’était
qu’un barbare très doué dans l’art de la guerre.
— Oui. Nous bénissons pourtant en Angleterre cette
position insulaire que nous détenons. Nous remercions Dieu pour ça et pour la
Manche. Et pour notre marine. Avec la Chine si proche et si puissante, je suis
surpris que vous ne soyez pas dotés d’une marine importante. Ne craignez-vous
pas d’autre attaque ? »
Mariko ne répondit pas, mais traduisit à Toranaga ce qu’ il venait de dire. Quand elle eut terminé, Toranaga s’adressa à
Yabu qui acquiesça. Les deux hommes parlèrent pendant un moment. Mariko
répondit à une autre question de Toranaga, puis s’adressa de nouveau à
Blackthorne.
« De combien de bateaux avez-vous besoin pour contrôler
vos mers, Anjin-san ? »
— Je ne sais pas exactement, mais la reine possède cent
cinquante bateaux environ. Ce sont des navires de guerre uniquement.
— Mon maître demande combien de bateaux la reine
fait-elle construire annuellement ?
— De vingt à trente. Les meilleurs et les plus rapides
du mo n de. Mais ces unités sont généralement construites
par de s groupes privés de marchands, puis vendus à la
Couronne.
— Pour en tirer un bénéfice ?
— La reine donne généreusement une somme au cours
normal pour encourager la recherche, les nouvelles techniques. Ce serait
presque impossible sans faveur royale. L’ Érasme , p ar
exemple, est un bateau de conception anglaise construit sous licence en
Hollande.
— Pourriez-vous construire un bateau de ce genre
ici ?
— Oui. Si j’avais des charpentiers, des interprètes, le
matériau et le temps nécessaire. Il me faudrait d’abord construire un bateau
plus petit. Je n’en ai jamais construit moi-même . Il
faudrait donc que je me fasse la main… Bien sûr, ajouta-t-il en essayant
d’endiguer son enthousiasme. Bien sûr, si Toranaga-sama voulait un ou plusieurs
bateaux, il serait peut-être possible de conclure un marché. Il pourrait
commander un certain nombre de ces bateaux en Angleterre. Nous pourrions les
lui livrer gréés et armés selon son choix. » Mariko traduisit. L’intérêt
de Toranaga grandit. « Il demande si nos marins pourraient être entraînés
pour commander ces bateaux ?
— Bien sûr. Si nous avons du temps pour ça, nous
pourrions faire en sorte qu’un instructeur reste dans vos eaux pendant u n an. Il pourrait ainsi établir un programme d’entraînement.
Vous auriez votre propre marine dans quelques années. Une marine moderne. La
première du monde. »
Le silence tomba. Toranaga était évidemment séduit par cette
idée, mais il essayait de le cacher. « Mon maître demande si vous êtes sûr
de ce que vous avancez ?
— Oui.
— Ça prendrait combien de temps ?
— Il me faudrait deux ans pour rentrer en Angleterre.
Deux ans pour faire construire un ou plusieurs bateaux et deux ans pour
revenir. La moitié du prix payé d’avance, le reste à la livraison. »
Il savait que c’était une idée géniale qui pouvait lui
rapporter d’énormes bénéfices et qui lui garantissait son retour en Angleterre.
« Combien de bateaux pourriez-vous ramener,
Anjin-san ?
— Cinq à la fois. Il faudrait s’attendre à perdre une
unité au moins à cause de la tempête ou de l’obstacle
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