Shogun
Ses vêtements avaient disparu. Fujiko,
Mariko et deux servantes étaient là. L’une d’entre elles le salua et lui
présenta une serviette ridiculement petite. Il se sécha, se retournant, mal à
l’aise, vers le plat-bord.
« Sire Toranaga dit que vous nagez très bien.
Voulez-vous lui apprendre ce plongeon ? lui demanda Mariko.
— J’en serais très heureux. » Il s’obligea à se
retourner. Mariko lui souriait. Elle est si jolie, pensa-t-il.
« Cette façon de plonger. Nous ne… nous ne l’avions
jamais vue. Nous sautons toujours. Il veut apprendre et faire comme vous.
— Maintenant ?
— Oui, s’il vous plaît.
— Je peux essayer. »
Une servante lui tendit un kimono de coton dont il s’empara
avec joie. Tout à fait détendu, il expliqua à Toranaga comment plonger.
« Il vaut mieux commencer au pied de l’échelle de
coupée et plonger tête la première, sans sauter ni courir. C’est la méthode que
nous enseignons aux enfants. »
Toranaga écouta, posa des questions, puis une fois satisfait
dit : « Je crois que j’ai compris. » Il se dirigea vers le haut
de l’échelle et, avant que Blackthorne n’ait pu l’arrêter, il s’élança vers
l’eau. Il fit un plat énorme. Personne ne rit. Toranaga remonta sur le pont,
s’ébroua et recommença. Nouveau plat. Les autres samouraïs faisaient de même,
avec aussi peu de succès.
« Ce n’est pas facile, dit, Blackthorne. Il m’a fallu
beaucoup de temps pour apprendre ce plongeon. Reposez-vous. Nous reprendrons
demain.
— Sire Toranaga dit : demain c’est demain. Je veux
apprendre à plonger aujourd’hui. »
Blackthorne recommença sa démonstration. Les samouraïs le
regardèrent et ratèrent à nouveau. Toranaga également. Six fois. Après un autre
plongeon-démonstration, Blackthorne vit, en remontant péniblement l’échelle de
coupée, Mariko nue au milieu d’eux, prête à s’élancer dans l’espace. Son corps
était ravissant. Elle portait un bandage propre au bras. « Attendez,
Mariko-san ! Il vaut mieux essayer d’ici. Pour la première fois.
— Très bien, Anjin-san. »
Elle s’approcha de lui. Le petit crucifix qu’elle portait au
cou accentuait sa nudité. Il lui montra comment se pencher et tomber la tête la
première dans l’eau. Toranaga fit une autre tentative à proximité du bord. Le
plongeon s’avéra médiocre. Mariko essaya à son tour une nouvelle fois. Sa peau
excitait Blackthorne qui fit le clown et tomba à l’eau. Il resta dans l’eau et
dirigea les opérations de là jusqu’à ce que son corps soit tout à fait calmé.
Puis il remonta sur le pont et alla sur le plat-bord. Il leur montra le
plongeon du mort, qu’il jugeait plus facile. Il savait que, pour Toranaga,
c’était important, de réussir.
« Vous devez rester bien droit, hai ? Comme
une épée. De cette façon, vous ne pourrez pas rater. » Il plongea à la
perfection.
Plusieurs samouraïs s’avancèrent, mais Toranaga les écarta
d’un geste de la main. Sa poitrine et son ventre étaient écarlates. Il se
laissa tomber en avant, comme Blackthorne le lui avait indiqué. Sa tête pénétra
d’abord l’eau et ses jambes se plièrent, mais c’était quand même un plongeon et
le premier qu’il réussissait. Des acclamations le saluèrent quand il émergea.
Il recommença. Cette fois-là, c’était mieux. Puis Mariko essaya à son tour.
Blackthorne vit les petits seins durs, la taille mince, le ventre bien plat et
l’arrondi des jambes. Elle grimaça de douleur en levant les bras au-dessus de
sa tête. Mais elle resta droite comme une flèche et plongea courageusement.
Elle fendit l’eau sans éclaboussures. Personne à part lui n’y fit attention.
« C’était un très beau plongeon. Vraiment très beau,
dit-il en lui tendant la main pour l’aider à remonter. Vous devriez
vous arrêter maintenant. Vous pourriez rouvrir votre cicatrice.
— Oui, merci, Anjin-san. » Elle était debout près
de lui et lui arrivait à peine à l’épaule : « C’est une sensation
bien rare que ce plongeon, ce besoin de rester raide et surtout ce besoin de
dominer sa peur. Oui, c’est vraiment une sensation bien rare. » Elle
enfila le kimono qu’une servante lui tendait, puis descendit en s’essuyant le
visage délicatement.
Au coucher du soleil, Toranaga fit appeler Blackthorne. Il
était allongé sur le pont arrière, près d’un petit brasero où brûlaient
quelques essences rares.
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