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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tim OBrien
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pas de fossé. Mais le combat d’assaut, c’est la tactique offensive et virile de la guerre, un cousin de la Blitzkrieg de Hitler. Les mots qu’on utilise, ici, sont « agiles », « hostiles », « mobiles ». À un moment donné, le monde est un lieu serein, et à un autre moment, la guerre est là. Comme une averse, comme un éclair, comme la bombe qu’on lâche sur la ville endormie de Hiroshima, comme les nazis qui se dépêchent de traverser la Belgique, la Pologne et la Tchécoslovaquie.
    T’es assis dans ton hélico à regarder la terre tourbillonner, là, juste en dessous. Tu mets ton chargeur dans le fusil.
    On a débarqué à hauteur d’arbre. La mitrailleuse de l’hélico a ouvert le feu en bordure de forêt et pulvérisait son feu protecteur.
    Je me tenais aux sangles de Johansen. On a attendu que l’ennemi riposte, mais pas évident d’entendre quoi que ce soit avec le bruit de l’oiseau et de nos propres coups de feu. L’hélico s’est niché en haut de sa zone d’atterrissage faisant du surplace et tremblant au-dessus de la rizière, et on est sortis de là comme une bande de rats affolés. On s’est bousculés en direction des digues de rizières, des trous, des grosses pierres.
    Allongé à côté de moi, Bates se met à chuchoter :
    — Bon Dieu, j’ai tellement la trouille que j’ai le bide en feu. Un gros feu en plein dans le bide.
    On ne nous a pas tiré dessus, atterrissage tranquille. Johansen a attendu que les hélicos redécollent. Tout en courant et en faisant des signes, il nous a dit de nous lever, et on a couru comme des malades pour aller fouiller le village. Il y en a un qui a trouvé des Viêtnamiens qui fuyaient le bled, sur la lisière qui se trouvait au nord. On les a pris en chasse. On se sentait sûrs de nous, heureux d’être en vie, pleins de courage. Le simple fait d’avoir survécu à cet assaut, c’était déjà une véritable bénédiction, un truc qui mandatait notre agressivité, et là, on a chargé le village de My Khe comme les membres d’une troupe d’assaut.
    Ça s’est terminé avec la mort de deux soldats ennemis et celle d’un Américain, un type que j’éclatais au ping-pong, là-bas, à Chu Lai.
    On s’est refait des combats d’assaut les jours d’après. On a appris à haïr le colonel Daoud et ses hélicos. Quand il s’est fait tuer par des soldats du génie, lors d’un raid, à minuit, on a entendu la nouvelle à la radio. Un lieutenant nous a fait chanter une chanson, un air entraînant, gai, une chanson pour faire la fête tirée du Magicien d’Oz  : Ding Dong, la méchante sorcière est morte. On chantait en harmonie. Comme une chorale.

XII

MORI
    Elle s’était déjà fait tirer dessus une fois. La balle a déchiré son uniforme vert, lui a traversé la fesse, avant de ressortir par l’aine. Elle était couchée sur le côté, étalée contre une digue de rizière. Elle n’a jamais ouvert les yeux.
    Elle poussait de petits gémissements, pas trop, mais elle s’est mise à hurler quand le toubib a touché sa blessure. Le sang giclait des deux trous, comme une paire de geysers jumeaux, devant et derrière.
    Elle avait la tête posée sur de la terre. Il y avait des mouches tout autour d’elle qui se nourrissaient de son sang, elles bourdonnaient comme une armée de cannibales et semblaient complètement obsédées par le sexe. Il n’y avait pas d’ombre. On était au milieu de l’après-midi, un jour de grosse chaleur. Le toubib a dit qu’il ne voulait pas prendre le risque de lui injecter de la morphine, parce que ça la tuerait avant même qu’elle meure de ses blessures. Il a essayé de mettre des bandes sur les trous, mais elle gigotait et se tordait dans tous les sens, se balançait, chancelait, sans jamais ouvrir les yeux. Elle n’arrêtait pas de perdre connaissance.
    — Elle est mignonne, mignonne pour une Niakouée, en tout cas. On voit pas des tonnes de Niakouées mignonnes, ça, c’est clair.
    — Oui. Le problème, c’est qu’elle s’est fait trouer au mauvais endroit.
    Une douzaine de soldats se sont attroupés autour d’elle.
    — Mate un peu comme le sang coule. Bon Dieu. Comme une putain de cascade, mon pote, comme les putains de chutes du Niagara. Elle va pas tarder à clamser. Tu pourras pas recoudre ces impacts de balles, impossible.
    — Eh ouais. Elle est foutue.
    — Si seulement je pouvais l’aider.
    Le gars qui l’avait flinguée s’est mis à genoux.
    — Je savais

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