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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tim OBrien
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train d’agoniser et de mourir, avant de sortir du combat vivant et l’air un peu con. Les balles cessent de voler de tous les côtés. Tout ce qui t’entoure se met à reluire, comme au ralenti. Les bruits s’éteignent progressivement. Tu jettes un coup d’œil en te demandant si c’est bien terminé. Et puis tu regardes les autres, tu lis tes propres échecs dans leur regard. Peu à peu, la frayeur se dissipe, de la même manière que la novocaïne cesse de faire effet quand tu es assis sur le siège du dentiste. Tu bouges presque les lèvres quand tu fais la promesse de faire mieux la prochaine fois ; et ça, en soi, c’est déjà une forme de courage.

XVII

JUILLET
    Le capitaine Johansen était l’une des grandes fiertés de la nation. Il était blond, obsédé par la notion de justice, courageux, grand, avait les yeux bleus, et c’était un officier. Il a quitté la compagnie Alpha à la fin du mois de juin.
    Debout, tête nue, en haut d’une petite colline, Johansen nous a dit qu’on était une bonne équipe, qu’il était fier de nous, qu’il éprouvait de la tristesse quand il pensait aux mecs morts ou mutilés. Ils ont expédié une petite cérémonie pour la passation de pouvoir. On était tous au garde-à-vous, avec la sensation d’être des orphelins en phase d’adoption. On a regardé saluer et serrer la main de notre nouveau chef, un officier petit et gros tout droit sorti de sa formation militaire de la ROTC.
    Le nouveau capitaine ressemblait à une version adulte de Spanky, le petit gros de la série télé Our Gang.
    Comme soixante-dix pour cent des officiers qui traînaient dans le coin, c’était un gars du Sud, du Tennessee, dénommé Smith. Il a planté ses jambes sur la piste et nous a balancé un discours censé nous remonter à bloc. Il voulait une unité de combat à la fois bonne et dure. Il voulait des pros, qu’il disait, comme c’était inscrit, là, en grosses lettres dorées, sur le fanion du bataillon. Il essayait de prendre un ton autoritaire, mais ça ne marchait pas. Personne ne fait confiance à un officier qui n’a aucune expérience de terrain, et si, de surcroît, c’est un petit gros qui pense être un bon soldat, il a intérêt à être au moins aussi fort que le général Patton.
    Avec Smith comme chef de la compagnie Alpha, on est retournés dans le coin de My Lai-My Khe. C’était pour une opération de deux jours et on était juste censés fouiller une série de villages. On allait installer un campement pour la nuit, et puis le jour d’après, on reprendrait les fouilles.
    Une troupe d’engins à chenilles – des véhicules blindés de transport de troupes, des trucs qui ressemblaient à des chars, mais sans canon – nous accompagnait.
    Des hélicoptères nous ont transportés dans une rizière située au nord des villages de My Khe. Smith avait la tronche toute rouge. Il gueulait sur tout le monde et personne ne l’écoutait. Il nous a dit de nous éparpiller et de bien faire attention à la bordure des arbres.
    — Eh, oh, mon petit Timmy, on va tous se faire dégommer, là. Tous ces gars ont intérêt à s’éparpiller. Bon Dieu, ils font comme s’ils avaient fumé de cette herbe qu’on fait pousser par chez moi !
    Ensuite, il s’est mis à sourire comme un petit gros à l’air enjoué et il a ajouté qu’il avait toujours voulu être militaire.
    — Papa, il me disait toujours Bobby, touche pas aux femmes ni à l’alcool fort. Engage-toi dans l’armée, qu’il me disait, papa. Engage-toi dans l’armée, change pas de boulot, et tu vivras jusqu’à cent ans. Mais je te jure que ces gars, ils feraient bien de garder les yeux ouverts. Les services secrets disent que ce coin, c’est vraiment chaud.
    On a attendu les engins à chenilles. Quand ils sont arrivés, la deuxième section s’est foutue à l’avant. On a traversé le village pendant que les gros engins montaient la colline comme ils pouvaient, afin de nous couvrir avec leurs mitrailleuses de calibre .50. L’idée, c’était de faire sortir l’ennemi du hameau, afin qu’il soit à découvert, et là, les engins à chenilles allaient pouvoir les dégommer.
    Les premiers hameaux étaient déserts. On avançait doucement. Le gars de devant faisait l’éclaireur avec son détecteur de mines. Jusqu’à ce jour, il n’avait jamais eu de détecteur dans les pattes, mais de toute manière, personne ne croyait que ce truc fonctionnait. Ça faisait vingt ans

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