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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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vision qui les attira à la proue, les yeux agrandis
et les doigts pointés. La flotte anglaise arrivait de Winchelsea.
Déjà, avant même que le brouillard fût levé, une galéasse rapide
avait apporté la nouvelle que la flotte espagnole était en mer et
les vaisseaux du roi s’étaient mis en route. Avec leur multitude de
voiles, ornés aux armes et aux couleurs des villes qui les avaient
fournis, ils se détachaient nettement sur la côte du Kent, entre
Dungeness Point et Rye. Vingt-neuf vaisseaux se trouvaient
rassemblés là, venant de Southampton, de Shoreham, de Winchelsea,
de Hasting, de Rye, de Hythe, de Romney, de Folkestone, de Deal, de
Douvres et de Sandwich. Ils fonçaient, grand-voile dehors, de façon
à capter le vent, tandis que les Espagnols, aussi vaillants
adversaires qu’ils l’avaient toujours été, viraient de bord pour
les affronter. Bannières au vent et voiles peintes, les deux
flottes, dans la sonnerie claironnante des trompes et les coups de
cymbales, se rapprochaient l’une de l’autre.
    Durant tout le jour, le roi Édouard était
resté couché dans son grand bateau, le
Philippa
, à un
mille au large de Camber Sands, attendant la venue des Espagnols.
Au-dessus de l’immense voile qui portait les armes réales, flottait
la croix rouge d’Angleterre. Tout au long de la rambarde, on
pouvait voir les boucliers de quarante chevaliers, fleur de la
chevalerie anglaise, et autant de bannières flottaient au-dessus du
pont. Les extrémités surélevées du bateau scintillaient sous les
écussons des hommes d’armes, les archers s’étant massé sur
l’embelle. De temps à autre, un roulement de tambourin ou une
sonnerie de trompette s’élevait du bateau royal, auquel répondaient
ses grands voisins : le
Lion
battant pavillon du
Prince Noir, le
Christopher
avec le comte de Suffolk, le
Salle du Roi
de Robert de Namur, le
Grâce-Marie
de Sir Thomas Holland. Plus loin étaient mouillés le
Cygne
Blanc
, aux armes de Mowbray, le
Pèlerin de Deal
avec
la Tête Noire d’Audley, et
l’Homme de Kent
avec Lord
Beauchamp. Les autres étaient à l’ancre, mais prêts à partir, dans
la baie de Winchelsea.
    Le roi était assis sur un tonnelet à l’avant
du bateau, avec le petit John de Richmond, qui n’était guère plus
qu’un petit garçon, assis sur ses genoux. Édouard portait la
tunique de velours noir qu’il préférait et un petit chapeau brun
sur le côté duquel était plantée une plume blanche. Un riche
mantelet de fourrure bordé de menu-vair lui couvrait les épaules.
Derrière lui étaient groupés une vingtaine de chevaliers, tous
revêtus de soieries et de satin, les uns assis sur des barques
retournées, les autres sur le bastingage, balançant les jambes.
    Devant lui se tenait John Chandos, vêtu d’un
surcot bicolore, un pied sur une ancre, qui pinçait les cordes de
son luth en modulant un chant qu’il avait appris à Marienburg, la
dernière fois qu’il avait aidé les chevaliers de l’ordre Teutonique
à combattre les infidèles. Le roi, les chevaliers et même les
archers serrés dans l’embelle éclataient de rire devant les rimes
joyeuses et reprenaient en chœur le refrain, et les hommes des
bâtiments voisins tendaient l’oreille pour entendre cette mélodie
profonde qui s’en allait en roulant sur les flots.
    Il fut soudain interrompu : la vigie
postée dans la gabie poussait un cri rauque mais
puissant :
    – Une voile !… Deux
voiles !
    John Bunce, le batelier du roi, portant sa
main au front pour s’abriter les yeux, regarda le grand banc de
nuages qui bouchait le nord ; Chandos, les doigts encore sur
les cordes de son luth, le roi, les chevaliers, tous scrutèrent du
même côté. Deux petites formes sombres étaient apparues, bientôt
suivies d’une troisième.
    – Ce sont les Espagnols ? s’enquit
le roi.
    – Non, sire, répondit le marin. Les
espagnols sont plus grands et peints en rouge. J’ignore ce que
peuvent être ceux-ci.
    – Quant à moi, je m’en doute !
s’écria Chandos. Ce sont, sans aucun doute, les trois vaisseaux
faisant voile avec mes hommes pour la Bretagne.
    – Vous avez deviné juste, Chandos, fit le
roi. Mais voyez donc ! Au nom de la Vierge, qu’est
ceci ?
    Quatre étoiles projetant une lumière éclatante
venaient de surgir à leur tour du banc de brouillard. Un moment
plus tard, autant de grands bateaux se balançaient au soleil. Un
long hurlement s’éleva sur le bateau du roi et se répercuta

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