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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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implorant tous leurs saints ou se jetèrent sur la galère. Elle
avait été criblée de flèches de la poupe du
Basilisk
et,
des marins du pont jusqu’aux galériens, tous étaient morts. De
l’étrave au gouvernail, chaque pied du pont était hérissé de
flèches. C’était un véritable tombeau flottant, couvert de morts et
de mourants, qui dériva au gré des vagues quand le
Basilisk
l’abandonna dans le brouillard.
    Lors de leur assaut sur le
Basilisk
,
les Espagnols s’étaient emparés de six membres de l’équipage et de
quatre archers désarmés. Ils leur avaient tranché la gorge et les
avaient jetés par-dessus bord. Après l’attaque, les Espagnols
blessés et morts, qui jonchaient le pont, furent traités de la même
façon. L’un d’eux courut se cacher ; il dut être poursuivi et
achevé, hurlant comme un rat. Une demi-heure plus tard, à
l’exception des taches de sang sur le pont et le bastingage, il ne
restait pas trace de la violente rencontre dans le brouillard. Les
archers tout heureux débandaient leurs arcs car, malgré la poix,
l’humidité de l’air enlevait de leur force aux cordes. Certains
recherchaient les flèches qui étaient tombées sur le bateau,
d’autres pansaient de légères égratignures. Cependant une ombre
anxieuse planait sur le visage de Sir Robert qui regardait fixement
derrière lui dans le brouillard.
    – Allez parmi les archers, Hawthorn,
dit-il à son écuyer. Recommandez-leur sur leur vie de ne point
faire de bruit. Et vous aussi, Loring, allez voir les gardes-poupe
et faites-leur la même recommandation. Car c’en est fait de nous si
l’un de ces grands bateaux nous repère.
    Pendant près d’une heure, retenant leur
souffle, ils épièrent la flotte dans le brouillard, entendant
toujours le roulement des cymbales autour d’eux car c’était de
cette façon que les Espagnols restaient groupés. Une fois, cette
musique sauvage parut venir d’au-dessus même de leur proue, les
avertissant qu’ils avaient à changer leur cap. Une autre fois, un
immense vaisseau apparut pendant un moment à leur côté, mais ils
dévièrent de deux degrés et l’autre aussitôt s’évanouit. Bientôt,
les cymbales ne furent plus qu’un lointain tintement qui se mourut
enfin.
    – Il était temps, fit le vieux commandant
en désignant une lueur jaunâtre au-dessus d’eux. Voyez
là-bas ! C’est le soleil qui perce. Il sera là bientôt. Ne
l’avais-je point dit ?
    Un faible soleil, pas plus grand et bien moins
brillant que la lune, s’était enfin montré dans un écrin de nuages.
Peu à peu, il grandit en taille et en force, puis un halo jaune
s’élargit tout autour, un rayon perçant, bientôt suivi d’une
abondante lumière dorée. Quelques minutes plus tard, ils voguaient
sur une mer d’un bleu clair sous un ciel d’azur sans nuages, et
devant un décor tel que tous le porteraient à jamais dans leur
mémoire tant qu’il leur en resterait une once.
    Ils se trouvaient au milieu du détroit. Les
blanches et vertes côtes de Picardie et du Kent s’étendaient de
part et d’autre. Devant eux, la mer allait en s’élargissant, virant
du bleu foncé à la proue du bateau au pourpre sous la ligne de
l’horizon. Derrière eux traînait encore l’épais banc de nuages dont
ils venaient de sortir, qui formait comme un mur gris entre l’est
et l’ouest et d’où émergeaient les hautes lignes des navires
constituant la flotte espagnole. Quatre d’entre eux avaient déjà
paru, leurs grands corps rouges, leurs flancs dorés et leurs voiles
colorées brillant dans le soleil du soir. À tout moment, une
nouvelle tache dorée surgissait du brouillard, scintillant un
instant comme une étoile, avant de devenir le bec d’airain du grand
vaisseau rouge qui le portait. Tout le banc de nuages avait rompu
la ligne des nobles bateaux. Le
Basilisk
se trouvait à un
mille devant eux. Cinq milles plus loin, en direction de la côte de
France, deux autres petits bateaux descendaient le long du détroit.
Les deux compagnons disparus, le
Thomas
et le
Grâce-Dieu
, furent salués par un cri de joie de Robert
Knolles et une profonde prière de gratitude adressée à tous les
saints par le vieux commandant.
    Mais, si agréable que leur fût l’apparition de
leurs amis perdus, et si merveilleuse que fût la vue des bateaux
espagnols, ce ne fut point eux que les hommes du
Basilisk
regardèrent surtout. Une vision plus gigantesque encore s’offrait à
leurs yeux, une

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