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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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pas moins terrifiant. Dans le haut mât de la caraque, une
douzaine d’hommes balançaient un énorme bloc de pierre dans le
dessein de le précipiter sur le pont anglais. Mais ils poussèrent
un hurlement d’horreur en sentant le mât craquer sous eux,
basculant, doucement d’abord, puis plus vite, en projetant les
hommes à l’eau, à l’instar de pierres que lance une fronde. Un tas
de corps meurtris jonchait le pont à l’endroit où le mât était
tombé. Cependant l’anglais avait lui aussi subi des dégâts. Son mât
avait tenu il est vrai, mais le choc, non content de jeter tous les
hommes sur le pont, avait également projeté dans l’eau une
vingtaine de ceux qui garnissaient ses bords. Un archer fut enlevé
de la pointe du mât et vint s’écraser aux pieds mêmes du roi, sur
le château avant. Nombreux étaient ceux qui s’étaient fracturé un
bras ou une jambe en tombant d’un des gaillards dans l’embelle.
Mais le plus grave était que des coutures avaient été ouvertes par
le choc et que la muraille avait une douzaine de voies d’eau.
    Par bonheur, il n’y avait là que des hommes
aguerris et disciplinés, des hommes qui avaient déjà combattu côte
à côte sur terre comme sur mer. Chacun savait où était sa place et
son devoir. Ceux qui le pouvaient se remirent sur pied et vinrent
en aide à une vingtaine de chevaliers qui roulaient sur le pont
dans tous les sens, incapables de se relever à cause du poids de
leur armure. Les archers se regroupèrent. Les matelots coururent
avec de l’étoupe et du goudron pour boucher les déchirures. En
moins de dix minutes, l’ordre avait été rétabli et le
Philippa
, quoique affaibli, se trouvait prêt à reprendre
le combat. Le roi regardait sauvagement autour de lui comme un
sanglier blessé.
    – Que mon bateau s’attaque à cela !
s’écria-t-il en désignant du doigt l’espagnol. Je veux m’en
emparer.
    Mais déjà la brise les avait portés plus loin
et une douzaine de vaisseaux espagnols fonçaient sur eux.
    – Nous ne pouvons plus le rattraper, à
moins de découvrir notre flanc aux autres, fit le maître
nautonier.
    – Laissez-le aller ! crièrent les
chevaliers. Vous trouverez mieux que cela.
    – Par saint Georges, vous dites
vrai ! Car ce bateau sera nôtre lorsque nous aurons le temps
de le prendre. Et ceux qui viennent vers nous ont aussi l’air de
vaisseaux de grande valeur. Je vous prie, maître nautonier, de vous
attaquer au plus proche d’entre eux.
    Une grande caraque se trouvait à une archie de
là. Bunce leva la tête et regarda son mât qui déjà penchait
dangereusement. Au moindre choc, il basculerait et le bateau ne
serait plus qu’un misérable sabot sur la mer. Il fit donc virer la
barre et aborda l’espagnol de flanc, en jetant aussitôt les
grappins et les chaînes de fer.
    Les Espagnols, non moins ardents, agrippèrent
le
Philippa
à l’avant et à l’arrière et les deux bateaux
ainsi enchaînés se mirent à se balancer doucement sur les flots
bleus. Sur les bastingages pendaient des grappes d’hommes enlacés
dans un combat désespéré, tantôt basculant sur le pont de
l’espagnol, tantôt reculant sur le pont du bateau royal, armés
d’épées scintillant comme des flammes d’argent, cependant que de
longs cris de rage et d’agonie flottaient sous le calme ciel bleu,
tels les hurlements des loups.
    Mais chacun des bateaux anglais s’était
approché et, ayant jeté les grappins sur l’espagnol le plus proche,
tentait de saisir ses hauts bastingages rouges. Vingt bateaux
étaient engagés dans de furieux combats singuliers tout comme le
Philippa
, jusqu’à ce que la mer tout entière en fût
couverte. La caraque démâtée que le bateau royal avait abandonnée
derrière lui avait été emmenée par le
Christopher
du comte
de Suffolk et l’eau était parsemée des têtes de ceux qu’elle avait
portés dans ses flancs. Un anglais avait coulé sous un immense bloc
de rocher lancé par une machine de guerre, et ses hommes aussi se
débattaient dans l’eau dans l’indifférence générale. Un autre
anglais fut coincé entre deux espagnols et envahi des deux côtés,
si bien qu’aucun de ses occupants n’en sortit vivant. En revanche,
Mowbray et Audley s’étaient tous deux emparés de la caraque à
laquelle ils s’étaient attaqués, et la bataille en général, après
que la victoire eut paru changer plusieurs fois de camp, tourna en
faveur des Anglais.
    Le Prince Noir, avec

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