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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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le premier exploit
de son vœu. Il pourrait certainement en découvrir un deuxième, un
meilleur peut-être, sur ce magnifique théâtre. Il s’était comporté
exactement comme les autres lors du combat naval, mais il ne
voulait pas porter à son crédit ce qu’il n’avait fait que par
devoir. Il en fallait davantage pour constituer un exploit qu’il
pût déposer aux pieds de Lady Mary. Mais, sans aucun doute, il en
trouverait l’occasion dans cette Bretagne où se fomentait la guerre
civile. Et lorsqu’il en aurait accompli deux, il serait bien
étrange qu’il n’en pût réaliser un troisième qui le délivrerait
ainsi de son vœu. Sur son grand cheval jaune, avec son armure de
Guildford scintillant au soleil, son épée sonnant contre les
étriers de fer et l’épieu de son père dans les mains, il
chevauchait le cœur léger et le visage souriant, regardant
avidement à gauche et à droite dans l’espoir de découvrir la chance
que le destin lui enverrait.
    La route de Dinan à Caulnes, sur laquelle se
déplaçait la petite armée, s’élevait et descendait au gré d’un
terrain onduleux ; à gauche elle longeait une grande plaine
nue que barrait le cours de la Rance courant vers la mer ; à
droite s’étendait une région boisée, parsemée de quelques villages
si pauvres et si sordides qu’ils n’avaient vraiment plus rien pour
tenter un conquérant. Les paysans les avaient quittés au premier
éclat des casques d’acier et se dissimulaient en bordure des bois,
prêts à disparaître dans des recoins secrets connus d’eux seuls.
Ces pauvres gens souffraient terriblement entre les deux factions,
mais lorsqu’ils en avaient la chance, ils prenaient leur revanche
sur l’une ou l’autre, d’une façon qui éveillait leurs instincts
sauvages.
    Les nouveaux venus eurent bientôt l’occasion
de découvrir à quelles extrémités ces gens pouvaient en arriver,
car au long de la route de Caulnes, ils trouvèrent le cadavre d’un
homme d’armes anglais qui avait été attiré dans un piège puis
abattu. On ne pouvait deviner comment on s’y était pris pour
l’entraîner, mais comment il avait été tué, voilà qui sautait aux
yeux : les assassins avaient apporté un bloc de rocher que
huit hommes arrivaient à peine à lever et l’avaient laissé tomber
sur lui, alors qu’il était étendu, si bien qu’il avait été écrasé
dans son armure comme un crabe dans sa carapace. Les poings se
levaient en direction des bois, des bordées de malédictions à
l’encontre de leurs habitants étaient proférées par la colonne qui
défilait devant le cadavre de l’homme ; son insigne à la croix
l’identifiait : il avait été un suivant de la maison de
Bentley, dont le maître, Sir Walter, était alors chef des forces
britanniques dans ce pays.
    Sir Robert Knolles avait déjà servi en
Bretagne et il conduisit ses hommes à travers ces terres avec
l’adresse et la ruse d’un vétéran, d’un homme qui se fie aussi peu
que possible au hasard, ayant un esprit trop prudent pour se
laisser emporter par sa témérité. Il avait recruté un certain
nombre d’hommes d’armes et d’archers à Dinan, en sorte qu’il était
pour lors suivi de cinq cents hommes. En tête, sous son
commandement direct, se trouvaient une cinquantaine de lanciers
montés, l’arme au poing et prêts à toute attaque. Derrière venaient
les archers à pied et un second corps monté fermait la marche. Sur
les flancs se déplaçaient de petits groupes de cavalerie, une
douzaine d’éclaireurs fouillant toutes les gorges et les vallons
au-devant de la colonne. Ils progressèrent ainsi lentement durant
trois jours.
    Sir Thomas Percy et Sir James Astley s’étaient
portés en tête de la marche, et Knolles conférait avec eux sur le
plan de leur campagne. Sir Percy et Sir Astley étaient de jeunes
têtes chaudes qui ne rêvaient que de se jeter dans une action
chevaleresque. Mais Knolles, qui avait l’esprit lucide et une
volonté de fer, ne voyait que son objectif.
    – Par saint Dunstan et tous les saints de
Lindisfarne ! s’écria le fier habitant de la frontière, j’ai
le cœur déchiré de continuer alors que nous avons tant d’honorables
chances sur les côtes. N’ai-je point entendu que les Français se
trouvaient à Évran, au-delà de la rivière, et n’est-il point vrai
aussi que ce château, dont je vois les tours s’élever au loin
au-dessus de ces bois, appartient à un traître qui a manqué

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