Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
Vom Netzwerk:
Puis il y eut un toast, suivi de trépignements
et d’acclamations.
    Une seule fois leur longue veille fut
interrompue. Une femme sortit en effet de la maison ; elle fit
quelques pas, tête basse. Elle était grande et mince. Ils ne purent
distinguer ses traits, car une guimpe retombait sur sa figure.
Mais, à sa démarche traînante et à son dos voûté, il était évident
qu’elle était dévorée de chagrin. Ils la virent d’ailleurs lever
les bras vers le ciel, comme quelqu’un qui n’attend plus rien des
hommes. Puis, lentement, elle rentra dans la maison. Quelques
instants plus tard, la porte s’ouvrit brusquement et un groupe
criant, vacillant, chantant, titubant, partit dans la nuit. Bras
dessus bras dessous, ils longèrent la tranchée en poussant un
dernier chœur d’ivrognes, puis ils disparurent au loin.
    – C’est maintenant, Samkin !
Maintenant ! s’écria Simon.
    Il sauta de la tranchée et se dirigea vers la
porte. Elle n’était pas encore verrouillée. Les deux compagnons se
ruèrent à l’intérieur, et Simon poussa les verrous afin que
personne ne vînt les déranger.
    Une table longue était jonchée de flacons et
de gobelets. Une longue rangée de torches scintillaient et fumaient
dans leurs godets de fer. Au bout de la table un homme était assis.
Tout seul. Sa tête était couchée sur ses mains, comme si le vin
l’avait assommé. Mais au bruit des verrous il se redressa et
regarda méchamment autour de lui. Il avait une tête étrange,
puissante, basanée, poilue comme celle d’un lion ; sa barbe
était hirsute : son large visage rude portait tous les
stigmates du vice. Quand il vit les nouveaux arrivants, il se mit à
rire : il croyait que c’étaient deux de ses camarades de
bamboche qui venaient terminer un flacon. Puis il les considéra
fixement, et passa une main sur son front comme s’il voulait
chasser un rêve.
    – Mon Dieu ! s’écria-t-il. Qui
êtes-vous ? D’où venez-vous à cette heure de la nuit ?
Est-ce ainsi qu’on se présente devant un roi ?
    Simon s’approcha en longeant un côté de la
table ; Aylward l’imita en passant de l’autre côté. Quand ils
parvinrent auprès du roi, Simon saisit une torche et s’éclaira le
visage. Le roi sauta en arrière en poussant un cri.
    – Le diable noir ! Simon
l’Anglais ! Que fais-tu ici ?
    Simon posa une main sur l’épaule royale.
    – Assieds-toi ! lui ordonna-t-il en
le repoussant sur son siège. Prends place de l’autre côté, Aylward.
Ça fait un joyeux groupe, n’est-ce pas ? J’ai servi bien
souvent à cette table, mais jamais je n’avais espéré y boire un
coup ! Remplis un gobelet, Samkin, et passe-moi le flacon.
    Le roi les dévisagea successivement ; la
terreur se lisait dans ses yeux injectés de sang.
    – Que voulez-vous faire ?
s’écria-t-il. Êtes-vous fous pour être venus ici ? Je n’ai
qu’à appeler. Vous seriez à ma merci.
    – Mais non, mon ami ! J’ai trop
longtemps vécu sous ton toit pour ne pas connaître tes habitudes.
Jamais un domestique ne dort ici : tu aurais bien trop peur
qu’il ne te tranche la gorge pendant la nuit. Tu peux crier,
appeler : ne te gêne pas ! Figure-toi que, rentrant en
Angleterre à bord de l’un des bateaux qui sont mouillés au large de
la Bréchou, j’ai eu l’idée de descendre à terre pour bavarder un
peu avec toi.
    – Vraiment, Simon, je suis content de te
revoir ! fit le roi, en cherchant à éviter le regard féroce du
soldat. Dans le passé nous avons été de bons amis, n’est-ce
pas ? Et je ne me rappelle pas t’avoir jamais fait du tort.
Quand tu t’es sauvé à la nage pour regagner l’Angleterre, personne
ne s’en est réjoui plus que moi.
    – Si je relevais seulement mon habit, je
pourrais te montrer les marques de ce que ton amitié a fait pour
moi dans le passé, répliqua Simon. C’est gravé sur mon dos aussi
clairement que dans ma mémoire. Regarde, sale chien, voilà les
mêmes anneaux sur le mur où mes mains ont été attachées, et voilà
sur les planches les taches de mon sang que tu as fait
gicler ! N’est-ce pas vrai, roi des bouchers ?
    Le chef des pirates blêmit davantage.
    – Peut-être bien que ta vie ici a été
parfois un peu rude, Simon, mais si j’ai eu des torts envers toi,
je les réparerai certainement ! Que me
demanderais-tu ?
    – Je ne te demande qu’une chose, et je
suis venu ici pour l’obtenir. Je veux que tu me paies le gage du
pari que tu as

Weitere Kostenlose Bücher