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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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tout s’était tourné contre lui. Il était
blessé, brûlé et souffrait de la tête aux pieds. Mais tout comme
l’esprit s’élève au-dessus du corps, tout cela n’était rien à côté
du chagrin et de la honte qui lui rongeaient le cœur.
    Une petite chose fit dévier le cours de ses
pensées et lui apporta un peu de paix. En ôtant ses gantelets de
mailles, il avait effleuré des doigts le petit bracelet que Lady
Mary lui avait remis lorsqu’ils s’étaient trouvés ensemble sur la
colline de Sainte-Catherine. Il se souvint alors de la devise qui y
était inscrite dans un filigrane d’or : « Fais ce que
dois, advienne que pourra – c’est commandé au chevalier. »
    Ces mots lui résonnèrent dans la tête. Il
avait fait ce qui lui semblait bien, sans s’occuper de ce qu’il
adviendrait. Tout avait mal tourné, il est vrai, mais cela était
commun dans les affaires humaines. Il se rendait compte que, s’il
avait emporté le château, Knolles eût tout pardonné et oublié.
Mais, s’il ne l’avait point emporté, ce n’était pas sa faute.
Personne n’aurait pu le faire. Et si Mary avait pu le voir, elle
l’aurait certainement approuvé. En s’endormant, il vit son brun
visage illuminé d’orgueil et de pitié se pencher vers lui. Elle
étendit la main et le toucha doucement à l’épaule. Il bondit et se
frotta les yeux car, réellement, quelqu’un était là dans l’ombre
qui le secouait. Mais le doux toucher de Lady Mary fit place à la
rude poigne de Simon le Noir, le fier homme d’armes du Norfolk.
    – Vous êtes bien l’écuyer Loring, dit-il
en fixant son visage dans l’obscurité.
    – Je le suis. Et alors ?
    – Je vous ai cherché dans tout le camp
mais, lorsque j’ai aperçu votre cheval entravé dans ces buissons,
j’ai pensé que je devrais vous trouver à proximité. Je voudrais
vous parler.
    – Parle !
    – Cet archer Aylward était mon ami et
Dieu a mis dans ma nature d’aimer mes amis autant que je hais mes
ennemis. Il est votre serviteur et il m’est apparu que vous
l’aimiez aussi.
    – J’ai des raisons de l’aimer.
    – Alors, vous et moi, squire Loring,
avons plus de motifs de nous battre pour cette cause que tous les
autres qui songent plus à enlever ce château qu’à sauver ceux qui y
sont prisonniers. Ne voyez-vous donc pas qu’un homme comme ce
brigand de seigneur, lorsque tout lui paraîtra désespéré, fera
sûrement trancher la gorge à tous les prisonniers au dernier moment
avant la chute du château, sachant très bien que le même sort
l’attendra ? N’est-ce point certain ?
    – Par saint Paul ! Je n’avais point
songé à cela.
    – J’étais avec vous à marteler cette
porte intérieure et à un certain moment, quand j’ai cru qu’elle
allait céder, je me suis dit : « Adieu, Samkin, je ne te
verrai plus jamais ! » Ce baron a du fiel dans l’âme,
tout autant que moi, et croyez-vous que je livrerais mes
prisonniers vivants, si l’on m’obligeait à le faire ? Que
non ! Si nous avions forcé notre passage ce jour, c’eût été la
mort pour eux tous.
    – Il se peut que tu aies raison, Simon,
et cette pensée devrait apaiser nos regrets. Mais si nous ne
pouvons les sauver en prenant le château, ils seront perdus de
toute façon.
    – Peut-être que oui et peut-être que non.
Je pense que, si le château était pris très soudainement et de
façon imprévisible, nous aurions peut-être la chance de retrouver
les prisonniers avant qu’ils aient le temps de s’occuper d’eux.
    Nigel se pencha, la main sur le bras du
soldat.
    – Tu as un plan en tête, Simon.
Dis-le-moi.
    – J’aurais voulu le dire à Sir Robert,
mais il prépare l’assaut de demain et ne veut point être dérangé.
J’ai un plan, en effet, dont toutefois je ne pourrais dire, avant
de l’avoir mis à l’épreuve, s’il est bon ou mauvais. Mais je vais
d’abord vous conter ce à quoi j’ai pensé. Sachez donc que, ce
matin, alors que je me trouvais dans le fossé, j’ai remarqué un de
leurs hommes sur le mur, un grand rouquin à la figure pâle, avec
une touche du feu de saint Antoine sur la joue.
    – Mais quel rapport avec
Aylward ?
    – Je vais vous le dire. Ce soir, après
l’assaut, il advint que je me promenais avec quelques amis autour
de cette redoute sur le monticule là-bas, en essayant d’y déceler
un point faible. Quelques-uns des ennemis vinrent sur le rempart
afin de nous insulter, et parmi eux, qui

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