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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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pour cela,
dit-il. Maintenant, écoute-moi, prêtre, si vraiment tu es prêtre.
Ta robe ni ta tonsure ne te sauveront si tu nous trompes, car nous
sommes ici dans un dessein précis et nous sommes décidés à le
réaliser quoi qu’il arrive. Réponds-moi et dis-moi la vérité sans
quoi cette nuit sera ta dernière. Dans quelle partie du château le
tunnel donne-t-il accès ?
    – Dans les caves basses.
    – Qu’y a-t-il au bout du
tunnel ?
    – Une porte de chêne.
    – Est-elle barricadée ?
    – Oui, elle l’est.
    – Comment serais-tu entré ?
    – En donnant le mot de passe.
    – Qui aurait ouvert ?
    – Le garde, à l’intérieur.
    – Et plus loin ?
    – Plus loin se trouvent les cachots de la
prison et les geôliers.
    – Qui serait encore debout
maintenant ?
    – Personne sauf un garde à la porte et un
autre sur le rempart.
    – Alors, quel est le mot de
passe ?
    L’homme garda le silence.
    – Le mot de passe, l’ami.
    Les pointes glacées de deux dagues lui
piquèrent la gorge mais il refusait toujours de parler.
    – Où est l’aveugle ? demanda Nigel.
Voici, Andreas, tu peux l’avoir et en faire ce que tu veux.
    – Non, non ! murmura le prêtre.
Éloignez-le de moi. Sauvez-moi d’Andreas l’aveugle. Je vous dirai
tout.
    – Le mot de passe, alors, à
l’instant.
    – C’est :
Benedicite !
    – Nous avons le mot de passe,
Simon ! s’écria Nigel. Viens, allons au bout du tunnel. Les
paysans garderont le prêtre et resteront ici au cas où nous
voudrions envoyer un message.
    – Non, messire, je crois que nous
pourrions faire mieux, répondit Simon. Emmenons le prêtre. Ainsi,
le garde qui se trouve à l’intérieur reconnaîtra sa voix.
    – Voilà qui est bien réfléchi ! Mais
avant cela, prions ensemble, car cette nuit pourrait bien être la
dernière pour nous.
    L’écuyer et les trois hommes d’armes
s’agenouillèrent dans la pluie et récitèrent de simples oraisons,
Simon tenant toujours étroitement le poignet du prêtre. Ce dernier
fouilla dans sa tunique et en tira quelque chose.
    – C’est le cœur du confesseur saint
Enogat. Cela vous mettra l’âme en repos que de baiser cette sainte
relique.
    Les quatre Anglais se la passèrent de l’un à
l’autre, chacun y pressant dévotement les lèvres. Après quoi, ils
se levèrent. Nigel fut le premier à descendre dans le trou. Il fut
suivi de Simon puis du prêtre, dont ils se saisirent aussitôt.
Ensuite venaient les hommes d’armes. Ils avaient à peine fait
quelques pas lorsque Nigel s’arrêta.
    – Je suis sûr que quelqu’un vient
derrière nous, dit-il.
    Ils tendirent l’oreille mais il ne leur
parvint pas le moindre bruit. Après une pause d’une minute, ils
reprirent leur avance dans le noir. Cela leur parut
interminablement long alors que, en réalité, ils parcoururent à
peine une centaine de pas avant d’atteindre une porte entourée d’un
rai de lumière jaune et qui leur barrait le passage. Nigel y frappa
de la main.
    Ils entendirent le grincement d’un verrou,
puis une voix demanda :
    – C’est vous, l’Abbé ?
    – Oui, c’est moi, répondit le prêtre
d’une voix tremblante. Ouvre, Arnold.
    La voix avait suffi, nul besoin de mot de
passe. La porte s’ouvrit vers l’intérieur et aussitôt le portier
fut abattu par Nigel et Simon. Leur attaque avait été si soudaine
qu’il n’y eut d’autre bruit que la chute du corps de l’homme. Un
flot de lumière inonda le passage et les Anglais restèrent là à
cligner des yeux.
    Devant eux s’ouvrait un couloir pavé de
pierres et au travers duquel gisait le corps du portier. Il y avait
plusieurs portes de part et d’autre, et une grille fermait
l’extrémité opposée. Un étrange remue-ménage, fait de plaintes et
de gémissements, remplissait l’atmosphère. Les quatre hommes se
tenaient là, écoutant et se demandant ce que cela pouvait bien
signifier, lorsqu’un cri aigu retentit derrière eux. Le prêtre
gisait sur le sol et le sang coulait à flots de sa gorge ouverte.
Dans le passage, une ombre noire dans la lumière jaune
s’éloignait : un homme qui se servait d’un bâton pour
avancer.
    – C’est Andreas ! s’écria Will. Il
l’a tué !
    – Alors c’est lui que j’avais entendu
derrière nous, fit Nigel. Sans aucun doute, il nous suivait dans
l’ombre. Mais j’ai bien peur que le cri du prêtre n’ait été
entendu.
    – Non, répondit Simon, il y a tant de
cris que

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