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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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prétextée pour cette rencontre était née entre eux.
Mais, avant même d’avoir pu l’atteindre, il fut pris dans le
tourbillon de ses compagnons et, étant plus léger, il fut déporté
de côté et projeté dans les bras d’Alain de Karanais avec un élan
qui les fit tous deux rouler au sol. Agile comme un chat, Nigel se
retrouva le premier sur pied et, comme il était penché sur l’écuyer
breton, le nain Raguenel lui assena derrière le casque un coup de
sa puissante masse. Avec un gémissement, Nigel s’effondra le visage
contre terre, tandis que son sang s’écoulait par la bouche, le nez
et les oreilles. Et il resta sur place, piétiné par les deux
groupes, le grand combat auquel il avait tant désiré participer se
déroulant au-dessus de lui.
    Mais Nigel ne tarda pas à être vengé. Le nain
Raguenel fut abattu par l’immense bâton de fer de Belford, lequel
était lui-même terrassé par un coup de Beaumanoir. Ils étaient
parfois douze en même temps sur le sol, mais les armures étaient si
fortes et les coups si bien amortis par les boucliers que beaucoup
étaient remis sur pied par leurs compagnons et se trouvaient en
état de poursuivre la lutte.
    Pour certains cependant, il n’était plus
d’aide possible. Croquart avait pris à partie un chevalier breton
nommé Jean Rousselot et fait sauter une de ses épaulières,
découvrant ainsi son cou et la partie supérieure du bras. Ce fut en
vain que l’autre tenta de se protéger avec son bouclier. C’était
son côté droit qui était à nu et il n’arrivait pas à le couvrir,
pas plus qu’il ne pouvait échapper à la masse d’hommes qui
l’entourait. Il réussit un temps à tenir son ennemi à distance,
mais la tache blanche que faisait son épaule nue était une cible
pour toutes les armes, si bien que finalement une hachette vint
s’enfoncer jusqu’au manche dans la poitrine du chevalier. Presque
au même moment, un autre Breton, jeune écuyer nommé Geoffroy
Mellon, était abattu par un coup de Simon le Noir qui avait trouvé
le défaut sous le bras. Trois autres Bretons, Yvan Cheruel, Caro de
Bodegat et Tristan de Pestivien, les deux premiers étant des
chevaliers et le troisième un écuyer, se trouvèrent séparés de
leurs compagnons et aussitôt entourés d’Anglais. Il ne leur restait
plus qu’à choisir entre la mort immédiate ou la reddition. Ils
tendirent donc leur épée à Bambro et se tinrent à l’écart, tous
trois assez grièvement blessés, suivant d’un cœur amer la mêlée qui
continuait de balayer le pré.
    Cependant le combat durait depuis vingt
minutes. Les combattants étaient à ce point fatigués par le poids
de leur armure, la perte de sang, le choc des coups et leur propre
énervement, qu’ils avaient grand-peine à se tenir debout et même à
soulever leurs armes. Il fallait une trêve, si l’on voulait donner
au combat une fin décisive.
    – Cessez ! Cessez !
Retirez-vous ! crièrent les hérauts en lançant leurs chevaux
au milieu des combattants.
    Lentement, le vaillant Beaumanoir ramena les
vingt-cinq hommes qui lui restaient dans le camp d’où ils étaient
partis, où ils relevèrent leurs visières et se laissèrent choir
dans l’herbe, en soufflant comme des chiens exténués et en frottant
la sueur qui coulait de leur front sur leurs yeux injectés de sang.
Un bol de vin d’Anjou fut porté à la ronde par un jeune page, et
chacun y puisa une coupe à l’exception de Beaumanoir, qui observait
le carême d’une façon si stricte qu’il ne permettait à nul aliment
ni à nulle boisson de franchir ses lèvres avant le coucher du
soleil. Il allait lentement d’un homme à l’autre, prodiguant des
encouragements de ses lèvres desséchées, et faisant remarquer que,
parmi les Anglais, il n’en était pas un qui ne fût blessé, certains
même l’étant si gravement qu’ils avaient peine à se soutenir. Si le
combat jusqu’alors avait tourné contre eux, il leur restait encore
cinq heures de jour et il pouvait se passer beaucoup de choses.
    Des varlets s’étaient précipités pour enlever
les deux Bretons morts, et un groupe d’archers anglais emportait
Nigel. Aylward lui-même avait détaché le casque et essuyé le visage
exsangue et inconscient de son jeune maître. Il vivait encore. Il
fut étendu dans l’herbe sur la berge de la rivière et l’archer le
soigna jusqu’à ce que l’eau sur les tempes et le vent lui soufflant
au visage ramenassent un peu de vie dans

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