Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
Vom Netzwerk:
ses hommes se rendirent compte qu’une puissante
armée se déplaçait sur leur flanc gauche et se dirigeait vers le
sud dans l’espoir de leur couper la retraite vers la mer. Durant la
nuit, le ciel s’illuminait de leurs feux, et le soleil d’automne
brillait d’un bout à l’autre de l’horizon sur les casques d’acier
et les armes d’un ost puissant.
    Désireux de mettre son butin en sûreté et
comprenant que les troupes françaises étaient de loin supérieures
en nombre aux siennes, le prince redoubla d’efforts pour tenter
d’échapper. Mais ses chevaux étaient exténués et il n’arrivait plus
qu’à grand-peine à maintenir l’ordre parmi ses hommes affamés.
Quelques jours encore, et ils ne seraient même plus en état de se
battre. Ainsi donc, lorsqu’il découvrit près du village de
Maupertuis une position qu’une petite force avait des chances de
pouvoir tenir, il renonça à tenter de dépasser ses poursuivants, et
il fit face, comme un ours aux abois, toutes griffes dehors, l’œil
en feu.
    Sur ces entrefaites, Nigel, accompagné de
Simon, d’Aylward et de quatre autres hommes d’armes de Bordeaux, se
dirigeait en hâte vers le nord afin d’y rejoindre l’armée. Jusqu’à
Bergerac, ils se trouvèrent en pays ami. Mais, à partir de là, ils
progressèrent dans un paysage calciné, avec de nombreuses maisons
sans toit, dont deux seules façades nues pointaient vers le ciel,
des « mitres de Knolles » comme on les appela dans la
suite, lorsque Sir Robert agit à sa guise dans ce pays. Pendant
trois jours, ils se dirigèrent vers le nord, rencontrant de
nombreux petits groupes de Français, mais ils étaient trop pressés
de rejoindre l’armée pour s’arrêter à chercher l’aventure.
    Enfin, après avoir dépassé Lusignan, ils
commencèrent à croiser des fourrageurs anglais, des archers, montés
pour la plupart, qui s’efforçaient de trouver du ravitaillement,
soit pour l’armée, soit pour eux-mêmes. Nigel apprit par eux que le
prince, ayant toujours Chandos à ses côtés, se dirigeait vers le
sud et qu’il pourrait le rencontrer à moins d’une journée de
marche. À mesure qu’il avançait, le nombre de ces traînards
augmentait. Enfin il rejoignit un important groupe d’archers qui
allait dans la même direction que lui. C’étaient des hommes
auxquels leurs montures avaient fait défaut et qui avaient été
laissés en arrière, mais qui se hâtaient afin de ne point manquer
la grande bataille qui se préparait.
    La petite troupe de Nigel se détacha bientôt
de la colonne d’archers et poursuivit sa marche en direction de
l’armée du prince. Ils suivirent un chemin étroit et sinueux à
travers la grande forêt de Nouaillé et se trouvèrent devant une
vallée marécageuse au fond de laquelle coulait un petit cours d’eau
paresseux. Sur la rive opposée, des centaines de chevaux
s’abreuvaient et derrière eux se trouvait une grande quantité de
chariots. La troupe de Nigel les dépassa, et escalada une colline
d’où un étrange spectacle s’offrit soudain.
    Dans la vallée, le cours d’eau serpentait
lentement, entre deux rives couvertes de vertes prairies. À un ou
deux milles plus bas, on apercevait une grande quantité de chevaux
sur la rive. C’étaient les palefrois de la cavalerie française et
la fumée dégagée par une centaine de feux indiquait l’emplacement
du camp du roi Jean. Devant le monticule sur lequel ils se
trouvaient s’étendait la ligne anglaise, mais on y voyait peu de
feux car, à part leurs chevaux, ils n’avaient rien à cuire. La
droite de la ligne était appuyée sur la rivière et s’étirait sur un
mille environ, jusqu’à la gauche qui était postée à l’orée d’un
bois épais, interdisant toute attaque de flanc. Devant se
trouvaient une haie épaisse et un terrain accidenté, coupé en son
milieu par une petite route de campagne. Derrière la haie et sur
tout le front de la position, des groupes d’archers étaient étendus
dans l’herbe, sommeillant paisiblement sous les chauds rayons du
soleil de septembre. D’un bout à l’autre flamboyaient les bannières
et les fanions marqués aux devises de la chevalerie d’Angleterre et
de Guyenne.
    Nigel sentit un choc au cœur en voyant les
insignes des grands capitaines, car lui aussi enfin pouvait arborer
ses couleurs et ses armoiries en noble compagnie. Il y avait
l’étendard de Jehan Grailly, à cinq coquilles d’argent disposées en
sautoir sur

Weitere Kostenlose Bücher