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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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que je crois y avoir perdu plus d’honneur que je n’en ai
gagné. Je suis étendu ici depuis la fête de la Vierge, et j’y serai
encore pour longtemps car je ne puis mouvoir un membre, sauf la
main. Mais ne pleurez point, ô douce Dame : sainte Catherine a
été notre amie puisque, en aussi peu de temps, elle m’a permis de
courir deux aventures telles que celle de la capture du Furet Rouge
et la prise du castel. Il ne me reste plus qu’un geste à accomplir
et, dès que je serai guéri, je ne serai pas long à le chercher.
Jusque-là, si mes yeux ne se peuvent poser sur vous, sachez que mon
cœur est pour toujours à vos pieds. »
    C’est ce qu’il écrivit de sa chambre du
château de Ploërmel à la fin de cet été, et cependant il fallut
qu’un autre été se passât avant que sa tête meurtrie fût guérie et
que ses membres recouvrassent leur force d’antan. Ce fut avec
désespoir qu’il apprit la rupture de la trêve et entendit parler de
la bataille de Mauron, au cours de laquelle Sir Robert Knolles et
Sir Walter Bentley écrasèrent le pouvoir grandissant de Bretagne,
et où beaucoup des trente vainqueurs de Jocelyn trouvèrent leur
fin. Lorsqu’il fut en possession de ses forces, il partit à la
recherche du fameux Croquart, qui se prétendait toujours prêt, jour
et nuit, à rencontrer n’importe quelle âme, avec n’importe quelle
arme. Mais ce fut pour apprendre que, en essayant un nouveau
cheval, le Germain avait été jeté dans un fossé et s’était rompu le
cou. Dans ce même fossé périssait la dernière chance de Nigel
d’accomplir rapidement la troisième action qui le libérerait de son
vœu.
    La paix régnait de nouveau sur toute la
chrétienté car l’humanité était lasse des guerres. Il n’y avait que
dans la lointaine Prusse, où les chevaliers Teutoniques livraient
d’incessants combats contre les impies Lituaniens, qu’il pourrait
assouvir le désir de son cœur, mais il fallait beaucoup d’argent et
une haute renommée chevaleresque avant qu’un homme fût admis à
participer à la croisade nordique. Et ainsi dix années devaient
passer avant que Nigel pût porter les yeux sur les eaux de la
Frisches Haff. Durant ce temps, il traîna son âme brûlante à
travers les longues saisons dans les garnisons de Bretagne ;
il fit visite au château de Grosbois pour dire au père de Raoul que
son fils était mort en vaillant gentilhomme devant la porte de la
Brohinière.
    Et enfin, alors que l’espoir était presque
éteint dans son cœur, un cavalier, par un glorieux matin de
juillet, apporta une lettre au château de Vannes, dont Nigel était
sénéchal. Elle ne contenait que quelques mots, brefs comme une
sonnerie de trompette. Elle était de Chandos. Il avait besoin de
son écuyer à ses côtés, car derechef son étendard flottait au vent.
Il se trouvait à Bordeaux. Le prince allait partir aussitôt pour
Bergerac, d’où il tenterait un grand raid à l’intérieur de la
France. Cela ne se terminerait point sans bataille. Ils avaient
envoyé un mot pour annoncer leur arrivée et le roi de France avait
répondu qu’il se mettrait en peine pour les recevoir. Il fallait
donc que Nigel se hâtât et, si l’armée était déjà en route, qu’il
la rejoignît au plus vite. Chandos avait trois écuyers déjà, mais
il serait très heureux de revoir le quatrième, car il avait
beaucoup entendu parler de lui depuis leur séparation.
    Le voyage de Vannes à Bordeaux souleva bien
des difficultés. Les bateaux côtiers étaient quasi introuvables et
il y avait toujours des vents qui soufflaient vers le nord alors
que les cœurs vaillants ne demandaient qu’à aller vers le sud. Un
mois s’était écoulé depuis que Nigel avait reçu la lettre,
lorsqu’il se trouva sur le quai au bord de la Garonne, au milieu
des barils de vin de Gascogne, aidant Pommers à descendre de
l’appontement. Aylward lui-même ne pouvait avoir une plus mauvaise
opinion sur la mer que le grand cheval jaune qui hennit joyeusement
en poussant les naseaux dans la main tendue de son maître,
lorsqu’il sentit la terre ferme sous ses sabots. À côté de lui, lui
tapotant l’épaule en signe d’encouragement, se tenait Simon le Noir
qui était resté sous l’étendard de Nigel, avec le fidèle
Aylward.
    L’armée était partie depuis un mois déjà, mais
des nouvelles parvenaient quotidiennement en ville, des nouvelles
que tout homme pouvait lire, car elles consistaient en un flot
continu

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