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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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chaleur, vous permettez-vous de porter mes
armes ?
    Chandos sourit.
    – C’est sûrement vous qui portez les
miennes, répondit-il. Car ce surcot fut brodé pour moi, il y a plus
d’un an, par les bonnes sœurs de Windsor.
    – Si ce n’était la trêve, je vous
prouverais vite que vous n’avez point le droit de les porter.
    – Alors, cherchez-les demain sur le champ
de bataille, comme moi je chercherai les vôtres. Nous pourrons
liquider cette question honorablement.
    Mais le Français était coléreux et ne se
laissait pas aisément apaiser.
    – Vous, Anglais, ne pouvez rien inventer,
et vous adoptez toujours pour vôtre ce que vous trouvez de bien
chez les autres !
    Ainsi grommelant et fulminant, il poursuivit
son chemin tandis que Chandos, riant à gorge déployée, s’avançait
dans la plaine.
    La ligne même des Anglais était couverte par
des arbres et des buissons qui la cachaient à l’ennemi. Lorsqu’ils
les eurent dépassés, l’armée française s’étala clairement devant
eux. Au centre de l’immense camp se trouvait une longue et haute
tente de soie rouge avec à un bout les lys d’argent du roi de
France et à l’autre l’oriflamme d’or, bannière de combat de la
vieille France. Ils voyaient, tels des roseaux bordant un étang, et
s’étendant aussi loin que l’œil pouvait porter, les bannières et
pennons des larrons et fameux chevaliers, au-dessus desquels
flottaient les étendards ducaux prouvant qu’ils avaient devant eux
des troupes de toutes les provinces de France.
    L’œil brillant de Chandos s’arrêta tour à tour
sur les fiers insignes de Normandie, de Bourgogne, d’Auvergne, de
Champagne, de Vermandois et de Berry, flottant dans les rayons du
soleil couchant. Longeant lentement toute la ligne, il nota avec
soin le camp des archers, la troupe des mercenaires allemands, le
nombre des soldats de pied, les armes de tous les fiers vassaux et
vavasseurs qui pouvaient révéler la force de chacun des points. Il
chevaucha d’une aile à l’autre et même sur les flancs, se tenant
toujours hors de portée des arbalètes. Puis, après avoir tout noté
en esprit, et le cœur lourd de sombres pressentiments, il fit
pivoter son cheval et retourna lentement vers les lignes
anglaises.

Chapitre 25 COMMENT LE ROI DE FRANCE TINT CONSEIL À MAUPERTUIS
    Ce matin de dimanche, le 19 septembre de l’an
1356 de Notre-Seigneur, était froid mais beau. La brume légère qui
s’élevait de la vallée marécageuse de Muisson couvrit les deux
camps et fit frissonner les archers anglais affamés. Mais elle se
dissipa bientôt devant le soleil. Dans le pavillon tendu de soie
rouge du roi de France – le même que Chandos et Nigel avaient vu la
veille au soir –, une messe solennelle fut dite par l’évêque de
Châlons qui pria pour ceux qui allaient mourir, sans se douter que
sa dernière heure était bien proche. Puis, lorsque le roi et ses
quatre fils eurent reçu la communion, l’autel fut emporté et
remplacé par une longue table recouverte d’un drap rouge, disposée
dans la longueur de la tente, et autour de laquelle le roi Jean
pouvait rassembler son conseil pour décider de la meilleure façon
d’agir. Son palais n’aurait pu lui offrir plus belle pièce que
celle-ci avec son plafond de soie, ses murs garnis de tapisseries
d’Arras et son sol recouvert de riches tapis d’Orient.
    Le roi Jean, assis sous un dais à l’une des
extrémités de la table, se trouvait dans la sixième année de son
règne et dans la trente-sixième de sa vie. C’était un petit homme
au visage rouge, à la large poitrine, aux yeux sombres et à
l’allure noble. Il n’avait point besoin du manteau bleu, brodé aux
lys d’argent, pour faire de lui un roi. Bien que son règne n’eût
pas été long encore, il était connu dans toute l’Europe comme un
parfait gentilhomme et un combattant intrépide – le chef qui
convenait à une nation chevaleresque. Son fils aîné, le duc de
Normandie, à peine plus qu’un jeune garçon, se trouvait à côté de
lui, la main posée sur l’épaule du roi. Et Jean, tout en parlant,
tournait la tête de son côté pour le regarder en souriant. À sa
droite, sous le même dais, se tenait le plus jeune frère du roi, le
duc d’Orléans, homme aux traits lourds et pâles, aux manières
languissantes et aux yeux intolérants. À gauche se trouvait le duc
de Bourbon, le visage triste et absorbé, avec, dans les yeux et le
comportement, cette sorte de

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