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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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vers
l’arrière du bateau. Aylward lança une flèche mais sa corde était
mouillée et le trait sonna lourdement contre le pectoral d’airain
avant de rebondir et de plonger dans la mer. Masters frappa la tête
d’airain de son épée mais la lame glissa sans même ébrécher le
casque et une seconde plus tard l’archer était étendu sur le pont.
Les marins se mirent à trembler devant cette terrible créature
silencieuse et se resserrèrent vers la poupe, ayant perdu toute
envie de se battre.
    La lourde masse s’éleva de nouveau et l’homme
s’avançait vers le groupe désemparé où les braves étaient
embarrassés et encombrés par les faibles, lorsque Nigel se secoua
et bondit en avant, l’épée à la main et un large sourire sur les
lèvres.
    Le soleil s’était couché et une longue bande
rouge traversant le côté occidental du détroit variait rapidement
vers le gris de la nuit. Au zénith, quelques étoiles commençaient à
briller faiblement ; cependant la pénombre était assez claire
encore pour permettre à un observateur de suivre la scène : la
Marie-Rose
s’élevait et retombait au gré des longues
lames, le large bateau français avec son pont blanc maculé de sang
et jonché de cadavres, le groupe d’hommes à la poupe, certains
tentant d’avancer, les autres essayant de fuir.
    Entre cette masse désordonnée et le mât, deux
silhouettes : l’homme de métal brillant, la main levée,
attentif, silencieux, immobile, et Nigel, tête nue et accroupi, le
pied léger, l’œil tendu, le visage souriant tournant d’un côté puis
de l’autre, la lame de son épée brillant comme un rayon de lumière
lors des différentes passes qu’il essayait pour découvrir un point
faible dans la coquille d’airain qui lui faisait face.
    Il était clair que l’homme en armure abattrait
son ennemi sans coup férir s’il arrivait à le coincer. Mais cela ne
devait pas arriver. Le jeune homme sans armure n’était pas gêné et
avait pour lui l’avantage de la rapidité dans les mouvements. En
quelques pas rapides, il pouvait toujours se glisser d’un côté ou
de l’autre et échapper ainsi à la masse maladroite. Aylward et
Badding avaient bondi pour porter secours à Nigel, mais celui-ci
leur avait crié de reculer, avec une telle autorité dans la voix
que leurs armes étaient tombées à côté d’eux. Les yeux écarquillés
et les traits figés, ils suivaient ce combat inégal.
    À un certain moment, il sembla que c’en était
fait du jeune écuyer car, en reculant pour échapper à son ennemi,
il trébucha sur un des cadavres qui encombraient le pont et tomba à
plat sur le dos. Mais il se fit rapidement tourner sur lui-même et
évita de justesse la lourde masse qui s’écroulait sur lui.
Bondissant aussitôt sur ses pieds, il entama le casque du Français
en lui portant un violent coup en retour. Mais la masse tomba de
nouveau et cette fois Nigel n’eut pas le temps de s’abriter. Son
épée fut rabattue et il fut touché à l’épaule gauche. Il vacilla
et, une nouvelle fois, la masse tournoya en l’air pour le clouer au
sol.
    Vif comme l’éclair, il comprit qu’il ne
pourrait reculer hors de portée. Mais il pouvait se rapprocher. Il
lâcha aussitôt son épée et se rua vers l’homme pour le saisir à la
taille. La masse s’en trouva raccourcie et la poignée s’abattit sur
la blonde tête nue. Alors, dans un effort désespéré et sous les
cris de joie des spectateurs, Nigel fit basculer son adversaire et
l’étendit sur le dos.
    Il avait la tête qui tournait et il sentait
ses sens l’abandonner, mais il avait déjà tiré son couteau de
chasse et l’avait engagé dans l’ouverture du casque.
    – Rendez-vous, messire, ordonna-t-il.
    – Jamais ! Pas à des pêcheurs ni à
des archers. Je suis un gentilhomme. Tuez-moi plutôt.
    – Je suis moi aussi, un gentilhomme. Je
vous fais quartier.
    – Alors, messire, je me rends à vous.
    Le couteau tomba sur le pont. Marins et
archers se précipitèrent pour trouver Nigel à demi inconscient,
étendu sur la face. Ils l’écartèrent et de quelques coups bien
appliqués firent sauter le casque de leur ennemi, pour découvrir
une tête aux traits fins surmontée d’une toison rouge. Nigel se
redressa sur le coude :
    – Vous êtes le Furet Rouge ?
demanda-t-il.
    – C’est ainsi que mes ennemis
m’appellent, répondit le Français dans un sourire. Je me réjouis,
messire, d’être tombé entre les mains

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