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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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les
assaillants. Les cinq hommes étaient sains et saufs sur le pont
mais il leur était difficile de s’y maintenir. Les matelots
français, des Bretons et des Normands, étaient de solides gaillards
armés de haches et d’épées, de fiers combattants et des hommes
courageux. Ils tournoyaient autour du petit groupe, attaquant de
tous les côtés. Black Simon abattit le capitaine français à la
barbe noire, mais au même moment une hache tomba et il s’écroula
sur le pont, avec une blessure à la tête. Le matelot Wat de Hythe
fut tué d’un coup de hache. Nigel fut assommé mais se releva dans
un éclair et transperça de son épée l’homme qui l’avait frappé.
    Badding, Masters l’archer et lui-même avaient
été refoulés jusque contre le bastingage et, d’un instant à
l’autre, ils allaient devoir céder devant le groupe qui les
assaillait, lorsqu’une flèche, apparemment surgie des flots, vint
frapper en plein cœur le Français le plus proche d’eux. Un instant
plus tard, une embarcation accostait et quatre hommes de la
Marie-Rose
bondissaient sur le pont plein de sang. Dans
une dernière poussée, les Français restants furent battus ou saisis
par leurs adversaires. Neuf hommes étendus sur le pont ne
prouvaient que trop bien à quel point l’attaque avait été violente
et comme la résistance avait été désespérée.
    Badding s’appuya haletant sur son marteau
maculé de sang.
    – Par saint Léonard !
s’exclama-t-il, j’ai bien cru que ce jeune seigneur allait être
notre mort à tous. Dieu a voulu que vous arriviez tout juste à
temps sans que je sache encore comment vous avez fait ! Mais,
à ce qu’il me semble, il doit y avoir la main de cet archer
là-dessous.
    Aylward, toujours pâle du mal de mer dont il
avait souffert et dégoulinant d’eau de mer de la tête aux pieds,
avait été le premier du groupe à sauter sur le pont.
    Nigel le regarda avec étonnement.
    – Je te croyais à bord du bateau,
Aylward, mais je ne t’y ai pas trouvé.
    – C’est parce que je me trouvais dans
l’eau, mon bon seigneur, et cela convient mieux à mon estomac que
de me sentir dessus ! Lorsque vous êtes partis la première
fois, j’ai nagé derrière vous car j’avais vu que la barque du
français était attachée à une corde et j’ai songé que, pendant que
vous les occuperiez, je pourrais la prendre. Je l’avais atteinte
lorsque vous avez été repoussés. Je me suis alors caché derrière
elle, dans l’eau, et j’ai dit des prières comme je ne l’ai jamais
fait ! Puis vous êtes revenus et, comme personne ne me
regardait, je me suis hissé dans la barque, j’ai coupé la corde,
j’ai pris les rames que j’y ai trouvées et j’ai souqué ferme
jusqu’au bateau afin d’y quérir du renfort.
    – Par saint Paul, tu as agi avec sagesse,
fit Nigel. Et je crois que de nous tous, tu es celui qui y a gagné
le plus d’honneur aujourd’hui. Mais parmi tous ces hommes vivants
ou morts, je ne vois personne qui ressemble au Furet Rouge dont
Lord Chandos m’a fait la description, et qui nous a joué tant de
tours dans le passé. Ce serait vraiment une malchance s’il avait pu
malgré tout le mal que nous nous sommes donné se rendre en France
sur un autre bateau.
    – C’est ce que nous saurons bientôt, fit
Badding. Accompagnez-moi et nous fouillerons tout le bâtiment
jusqu’à la quille, avant qu’il puisse nous échapper.
    Il se fit un mouvement rapide vers le pied du
mât, où une écoutille permettait de descendre dans les entrailles
du bateau, et les Anglais allaient l’atteindre lorsqu’une étrange
apparition les cloua sur place. Une tête ronde en airain apparut
dans l’ouverture carrée, aussitôt suivie de deux grosses épaules
scintillantes.
    Puis, lentement, la silhouette entière d’un
homme en armure émergea sur le pont. Sa main gantée tenait une
lourde masse d’acier qui resta levée tout le temps qu’il marcha sur
ses ennemis. Dans le silence absolu qui régnait, on n’entendait que
le bruit métallique de ses pas. On eût dit une mécanique inhumaine,
sorte de robot, menaçant et terrible, progressant lentement,
inexorablement.
    Une soudaine vague de terreur envahit les
matelots anglais. L’un d’eux tenta de passer derrière l’homme
d’airain mais se trouva cloué sur la paroi par un geste rapide
tandis que la lourde masse lui faisait sauter la cervelle. Les
autres furent aussitôt saisis de panique et se précipitèrent

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