Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Souvenir d'un officier de la grande armée

Souvenir d'un officier de la grande armée

Titel: Souvenir d'un officier de la grande armée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Baptiste Auguste Barrès
Vom Netzwerk:
de divisions, parmi les officiers ! Des ambitions bien peu justifiées se montraient, des haines se manifestaient à toutes les réunions. Le 15 ème avait cessé d’être le modèle des autres corps. Sur les 1500 hommes qu’il avait présentés à la revue du 26, il ne lui en restait pas 400. Plus de 1000 hommes avaient déserté. Quant à la tenue, elle n’existait plus. La plupart des soldats vendaient, le soir, les effets qu’on leur délivrait le matin.
    9 août 1830. – Louis Philippe, roi des Français, accepte la nouvelle Charte, et prête serment devant les députés réunis au palais de la Chambre…
    Pour moi, à deux heures et demie du matin, je pris le commandement d’une nombreuse corvée, que je devais conduire à Vincennes pour recevoir six cents fusils. Je rentrai à deux heures après midi, bien mécontent des hommes et de leurs officiers qui n’osaient plus les commander. Cette journée me laissa de douloureux souvenirs sur le funeste effet de l’indiscipline. Quelle différence avec les soldats d’avant la Révolution ! quel changement profond dans les caractères en si peu de jours ! Ce qui occasionna en grande partie les nombreux écarts de désobéissance dont les soldats se rendirent coupables, c’est la faim. Restés à Vincennes plus longtemps qu’on ne pensait, parce que d’autres régiments s’y trouvaient en même temps que nous, l’heure du déjeuner était passée depuis longtemps quand notre tour d’être armés arriva, ce qui exaspéra les hommes, facilement irritables à cette époque de dissolution sociale. La plus grande difficulté, ce fut de les empêcher d’entrer dans Paris par la rue du Faubourg-Saint-Antoine, que je ne voulais pas traverser, dans la crainte que le peuple avide d’armes ne les désarmât : ce que mes indisciplinés chasseurs auraient volontiers laissé faire, pour ne pas se donner la peine de porter leurs armes. Enfin je parvins, presque seul, à vaincre toutes ces résistances, et arrivai au quartier sans avoir perdu un seul fusil, malgré toutes les tentations qu’on mit en jeu pour que les hommes en vendissent, pendant ce long trajet, autour des murs d’enceinte et depuis la barrière de la Râpée jusqu’à la caserne. Si ces hommes furent ce jour-là mauvais soldats, ils furent du moins honnêtes gens.

LA MONARCHIE DE JUILLET
     

LA FAMILLE ROYALE
     
    Le soir de ce 9 août, je fus, avec les autres officiers supérieurs du régiment, présenter mes hommages à notre nouveau roi et à la famille royale. Je fus vivement émerveillé de la simplicité et de la bonté remarquables de cette belle et intéressante famille, qui s’était trouvée au milieu de nous pour nous préserver de l’anarchie. Après avoir causé quelques instants avec le roi, nous fûmes présentés à la reine, à Mme Adélaïde, aux jeunes princesses et aux ducs de Chartres et de Nemours. Il y avait beaucoup de monde, notamment les maréchaux, duc de Dalmatie (Soult), duc de Trévise (Mortier), duc de Tarente (Macdonald), duc de Reggio (Oudinot) et les comtes Jourdan et Molitor, en grand costume de dignitaires, au milieu d’un très grand nombre de généraux. On était sur la galerie vitrée du Palais Royal, tant pour jouir de la fraîcheur de la soirée que pour voir l’affluence des curieux dans la grande cour et le jardin. Tout était plein. Les cris de « Vive le roi ! » et des airs patriotiques joués par diverses musiques, se firent constamment entendre, jusqu’au moment où la pluie vint interrompre cet admirable concert de satisfaction. On passa dans les salons. La reine, les princesses et quelques dames se placèrent autour d’une table ronde où elles travaillèrent, les hommes circulèrent tout en causant à travers les salons. Le roi, M. Laffitte et d’autres personnages politiques que la Révolution venait d’élever aux premières fonctions, s’entretenaient dans une embrasure de croisée ; les princes recevaient les nouveaux arrivants, et surtout leurs condisciples du collège Henri IV. Enfin tout, dans cette première réunion royale, charmait par sa simplicité. C’était un tableau de famille, plein de douce émotion et d’heureuses espérances.

REVUE DE LA GARDE NATIONALE
     
    Le 28 août, le régiment change de caserne. Il est envoyé à l’École militaire. Le lendemain a lieu, au Champ de Mars, une grande revue de la garde nationale, pour la distribution des drapeaux aux bataillons des douze légions.
    Cette

Weitere Kostenlose Bücher