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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Puis, avec un bout de tissu, il commence à le laver, faisant peu à peu apparaître, sous les croûtes de sang séché, la peau déchirée. L’eau de la jarre, dans laquelle il plonge les mains et essore le tissu, devient rouge.
    Muscles raidis, lèvres serrées, yeux clos, Spartacus n’a pas bougé.
    On entend les murmures d’Apollonia qui, assise sur ses talons, se balance d’avant en arrière, bras croisés sur la poitrine, les mains agrippées aux épaules.
    Enfin le corps de Spartacus n’est plus prisonnier de sa gangue de terre et de sang. Jaïr se penche sur le visage du Thrace. Du bout des doigts, il effleure ses lèvres, les écarte, insinue ses ongles entre les dents, ouvre enfin la bouche de Spartacus dont le corps frissonne.
    Alors, une main posée sur le front du colosse, l’autre appuyée sur sa poitrine, Jaïr commence à lui insuffler de l’air dans la bouche.
    Spartacus se cambre, halète, son torse se gonfle et se creuse spasmodiquement. Jaïr l’asperge d’huile, de gouttes de venin, d’une mixture verte, puis, posant les flacons près de lui, commence à lui masser le corps. Il le retourne, lui presse la nuque et le dos. Il le chevauche, pèse sur le ventre, ses mains glissant de bas en haut, légères, pour ne pas irriter les plaies où perle un sang vif.
     
    La nuit tombe.
    Jaïr se retire dans l’un des angles de la cage. Il s’assoit, jambes croisées, le dos appuyé aux barreaux, ces pieux rugueux.
    Il invoque Dieu l’Unique et le Juste, celui qui sauve, celui qui juge. Il Le prie de donner un peu de Sa force, de Son éternité à Spartacus le Thrace qui doit affronter Galvix le Dace, ce nœud de muscles et de violence, ce Barbare capable de rompre le fer dans son poing.
    — Je sais, murmure Jaïr le Juif, que Spartacus Te connaît, ô Dieu, sans T’avoir rencontré. Laisse-le faire le chemin qui le conduira vers le Maître de Justice, vers Toi !
     
    Il entend la voix d’Apollonia. Elle chuchote, allongée contre Spartacus. Elle le lèche, le caresse. Et il semble à Jaïr que Spartacus tressaille, tente de se soulever, geint.
    La vie revient avec l’aube.
     
    C’est la deuxième journée.
    Jaïr le guérisseur continue de masser Spartacus, de couvrir ses plaies d’une mince couche d’herbes et d’insectes pilés.
    Spartacus tente de lui saisir le poignet. Jaïr desserre les doigts du Thrace, repousse sa main.
    — Ne te laisse pas séduire par la mort, marmonne-t-il. Le temps du grand sommeil n’est pas encore venu pour toi.
    Il désigne Apollonia qui psalmodie, agenouillée à quelques pas.
    — Si tu meurs, ils la tueront.
    Jaïr hésite, puis ajoute à mi-voix :
    — Moi aussi !
    Spartacus lui prend à nouveau les poignets, se redresse, appuie son dos aux pieux. Il a les yeux ouverts, mais garde la tête baissée, le menton sur la poitrine, comme s’il ne pouvait encore faire l’effort de le lever et de regarder droit devant lui.
    — Ils nous tueront tous, murmure-t-il.
    Jaïr secoue la tête.
    — Tu dois te battre. Si tu l’emportes contre Glavix le Dace, tu survivras. Et nous serons épargnés.
    — Je ne connais pas le Dace.
    — Ses mains sont des maillets, il peut aussi s’en servir comme du tranchant d’une lame. Il broie, il brise. Il fend. S’il te donne un coup de tête, il t’écrase la mâchoire et le nez, ou te défonce la poitrine. S’il te serre entre ses cuisses, il t’étouffe. Le jour du combat, ne te laisse pas approcher, saute autour de lui, essaie de le toucher à la gorge pour qu’il ne puisse plus respirer, ou bien frappe ses chevilles afin qu’il tombe. Il est fort mais maladroit. Tu dois le surprendre.
    Jaïr se lève.
    — Je connais son corps, dit-il. Je l’ai soigné. Souviens-toi : s’il parvient à te toucher, à te saisir, il te tuera. Or c’est toi qui dois le tuer.
    Spartacus écarte les bras.
    — Ce n’est pas mon ennemi, il est lui aussi prisonnier des Romains. C’est mon allié. Je ne peux me battre contre lui. Je ne le veux pas !
    Jaïr s’accroupit près de lui et recommence à le masser.
    — Je vais te guérir, tu recouvreras ta force. Tu combattras. Le tribun Calvicius Sabinius a ordonné de faire dresser des gradins dans le forum du camp. Il offre ces jeux à sa légion. Trente paires de prisonniers daces s’affronteront d’abord. Ceux qui resteront debout après les combats devront résister à des chiens affamés qu’on a dressés à égorger. Il n’y aura pas de survivants. Puis

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