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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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balustrade. Elle écarte puis lève les bras. Elle montre ses seins et ses cuisses en se balançant de gauche et de droite. Elle fait tournoyer ses longues mèches autour de son visage. Elle dit qu’elle est la prêtresse de Dionysos, celle qui sait lire les signes et les augures.
    Rien de ce qui survient aux hommes n’échappe à la volonté des dieux, ajoute-t-elle.
    Elle tend le bras vers le Vésuve, et tous, bouviers et gladiateurs, Gaulois et Germains, Celtes et Phrygiens, tournent la tête vers l’horizon.
    — Qui peut croire, lance Apollonia, que Dionysos, dont le mont Vésuve est l’une des demeures, n’a pas guidé les pas de Spartacus ? Qui peut imaginer que Dionysos n’a pas aveuglé les Romains ? tressé lui-même ces cordes en animant vos mains, en nous invitant à les lancer le long de la falaise ? Nous sommes soumis aux dieux, et Spartacus le Thrace obéit à leurs désirs ! Spartacus est votre prince par la volonté de Dionysos !
    Apollonia se dépouille de sa tunique et apparaît nue dans le silence qui s’est fait.
    Puis des poings se lèvent. On gronde. On brandit javelots, pieux et glaives.
    Spartacus se tourne vers Jaïr le Juif.
    Le tambour bat de nouveau, étouffant les cris.

 
     
28
    Enveloppé par la lumière du crépuscule, le corps d’Apollonia ressemble à une statue drapée dans une tunique rouge.
    Elle est appuyée à l’une des colonnes de porphyre qui, légères, entourent l’atrium de la villa.
    Jaïr le Juif, lui, est adossé au mur dont les fresques bleutées disparaissent peu à peu dans la pénombre. La petite niche où devaient se trouver les statuettes des dieux protecteurs et la lampe à huile destinée à les honorer et à les éclairer est déjà un trou noir et vide.
    Tout a été volé ou brisé.
     
    Les voix de Crixos le Gaulois, d’Œnomaus le Germain, de Vindex le Phrygien résonnent dans l’atrium comme dans un puits.
    — Les dieux veulent ce que veulent les hommes ! dit Crixos.
    Il se tourne vers Apollonia.
    — Ta prêtresse exprime ton désir, Spartacus, et non pas celui de Dionysos.
    Il montre ses mains.
    — Avec mes doigts et ceux des autres Gaulois, avec ceux des autres gladiateurs – d’un mouvement de tête, il désigne Œnomaus et Vindex –, nous avons, fibre après fibre, tressé les cordes, et c’est nous qui avons glissé le long de la falaise, nous qui avons tué le préteur et ses milites !
    Il ricane.
    — Je n’ai pas vu les mains de Dionysos, je ne l’ai vu égorger aucun Romain !
    Il pointe le doigt sur Spartacus, assis sur le rebord de l’impluvium et qui, de temps à autre, d’un geste léger et distrait, effleure de ses ongles l’eau de ce bassin carré.
    — Mais toi, tu veux seulement être notre prince, notre maître…
    Il se dirige d’un pas rapide jusqu’à un coin de l’atrium, empoigne le bras de Curius. Le maître d’armes du ludus de Capoue se rebiffe et repousse d’un coup d’avant-bras la main de Crixos, tire son glaive, avance un pied, se cale sur l’autre.
    — Voilà ce que tu veux être, Spartacus, reprend Crixos : notre nouveau maître, pareil à celui-ci !
    D’un mouvement vif, Crixos sort son glaive et, avant que Curius ait pu se défendre, lui place la lame sur la gorge.
    — Je vais le tuer ! lance Crixos.
    Il désarme Curius, lui tire les cheveux, fait basculer sa tête en arrière. La gorge du maître d’armes s’incurve et semble jaillir.
    — Je te tuerai après, commence le Thrace d’une voix placide.
    Il continue de caresser l’eau de l’impluvium du bout des doigts.
    — J’avais juré de ne plus jamais tuer l’un de mes frères, continue-t-il, mais toi, Crixos, si tu l’égorges, tu n’auras pas le temps de voir son sang sécher.
    Œnomaus et Vindex ont reculé jusqu’aux colonnes et croisé les bras comme pour montrer qu’ils n’entendent pas prendre parti mais veulent rester en dehors de ce combat.
     
    Jaïr le Juif se détache du mur, sort de la pénombre, entre dans la lumière ensanglantée du crépuscule qui continue d’auréoler Apollonia.
    Il s’avance jusqu’à se trouver entre Spartacus et Crixos le Gaulois. Celui-ci n’a pas lâché les cheveux de Curius et maintient le tranchant de sa lame contre la gorge du maître d’armes.
    — Qui va crier Jugula ! Jugula ! Égorge ! Égorge ! interroge Jaïr le Juif. Qui va se réjouir de ce spectacle ? Curius mort, Crixos ou Spartacus, l’un tué, l’autre blessé ? Qui va renverser le

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