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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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nouveau tiré son glaive et dit que les Celtes devaient être rassemblés au sein de la centurie gauloise. Que les Germains rejoignent les Phrygiens, et les Thraces et les Daces !
    Se tenant à distance, n’osant approcher du bassin comme s’il avait craint que Crixos ne le saisisse encore une fois par les cheveux, le menaçant de lui trancher la gorge, Curius a exposé à son tour :
    — Les bouviers et les bergers sont agiles. Les bergers courent plus vite que leurs chiens, les bouviers peuvent faire plier un bœuf, mais il faut leur apprendre à se battre contre une légion, les cohortes, les centuries qui avancent bouclier contre bouclier.
    — Nous ne combattrons pas comme les légions, a répondu Spartacus. Les Romains seront le troupeau et nous serons les loups. Il n’y aura ni jour ni nuit pour nous ; nous attaquerons quand les chiens et les bergers du troupeau se seront assoupis.
    Spartacus s’est penché sur le bassin et tous se sont approchés.
    Il a tracé un profond sillon d’un lent mouvement de sa main tout entière plongée dans l’eau.
    — Nous ne devons pas laisser plus de trace que ma main, a-t-il dit en la sortant de l’eau. Les Romains ne doivent trouver devant eux qu’une surface lisse, intacte.
    Il a de nouveau enfoncé la main dans l’eau.
    — Nous surgirons, nous creuserons dans leurs rangs un trou, puis nous disparaîtrons.
    Crixos le Gaulois est resté penché sur l’impluvium. Puis il a souligné qu’après les victoires les hommes libres ou esclaves, gladiateurs ou bouviers avaient besoin de vin, de femmes, de butin, de tapis sur lesquels s’allonger, de feu pour se réchauffer. Qu’il faudrait bien, surtout si l’on était encore vivants quand viendraient la saison des pluies et du vent, puis celle du gel et de la neige, des toits de tuile pour se protéger, des greniers et des celliers, des étables pour y trouver de quoi ripailler. Parce qu’un homme qui a survécu à un combat doit satisfaire son corps, le remercier de s’être montré le plus fort, de ne pas avoir faibli face à l’ennemi.
    — Il nous faut des villes !
    Œnomaus a ri.
    — Les citoyens romains nous serviront, et nous organiserons des jeux. Ils seront nos esclaves, nos gladiateurs, et nous leurs maîtres !
     
    C’est à cet instant que Spartacus s’est senti las et qu’il en est venu à penser que commander aux hommes était aussi un esclavage. Que, peut-être, on n’était homme libre que lorsqu’on marchait seul dans la forêt, sous le ciel de son enfance.
    De grosses gouttes ont commencé de s’écraser sur les galets qui composaient le sol de l’atrium, puis à crépiter en frappant, de plus en plus denses, l’eau de l’impluvium.
    Crixos, Œnomaus, Vindex, Curius et Jaïr n’avaient pas bougé. La pluie fraîche glissait sur leurs visages et leurs corps.
    — Il nous faut des villes, a répété Crixos en levant la tête vers le ciel.
    — D’abord il nous faudra vaincre, a murmuré Spartacus en se redressant.
    Il a serré le poing, l’a brandi.
    — Une armée est comme un poing fermé. Les doigts les uns contre les autres, repliés, prêts à frapper ensemble.
    Il a fait quelques pas vers la galerie bordée de colonnes de porphyre. Apollonia se tenait appuyée à l’une d’elles. Les portes des chambres de la villa ouvraient sur cette galerie.
    — Sans les doigts, pas de poing ! a lancé Crixos le Gaulois en rejoignant Spartacus. Voilà déjà la pluie. Demain ce sera le froid. Sans villes, nous pourrirons.
    — D’abord il faut vaincre, a riposté Spartacus.
    Puis il a quitté l’atrium.
    — Prends la chambre du maître, a lancé Crixos en riant. Tu es notre consul !
    — Vaincre ! s’est borné à répéter Spartacus.
    Il est entré dans la chambre et Apollonia l’a suivi en s’accrochant à lui et en le dévêtant. Il s’est allongé sur le marbre et a frissonné contre les dalles glacées.
    Puis il a écarté les bras, et, quand Apollonia l’a chevauché, qu’elle lui a murmuré qu’il devait suivre Dionysos, que, s’il n’exécutait pas la volonté des dieux, il serait jeté à terre, vaincu, en faisant glisser sa paume sur le marbre, il a cherché à tâtons ses armes.
    Le glaive était à sa droite, le javelot à sa gauche.
    Il les a serrés, ne les lâchant plus.
    Alors seulement il s’est abandonné à la chevauchée dans laquelle l’entraînait Apollonia.

 
     
30
    Ces hommes-là qui, alors que la nuit s’étend, regardent les

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