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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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gladiateurs, ces hommes misérables, mais libres, souvent d’anciens légionnaires, savent se battre. Ils veulent la justice, ajoute-t-il.
    Il se retourne.
    — Regarde, ils sont déjà plusieurs milliers.
    Il saisit le bras de Spartacus.
    — Ce n’est encore qu’un troupeau. Ils saccagent les vergers. Ils pillent et boivent. Il leur faut un berger, sinon, il suffira d’une centurie romaine pour les mettre en fuite, les milites les égorgeront l’un après l’autre, et on poussera les gladiateurs dans l’arène, poings tranchés. Souviens-toi de Gaëlus le Celte !
    Ils avancent un long moment en silence.
    — Ils nous traqueront quoi que nous fassions, murmure Spartacus. Ils voudront effacer notre victoire et venger le préteur.
    Il se penche vers Jaïr le Juif.
    — Je pensais échanger la vie du préteur contre notre liberté.
    — Les Gaulois, les Germains, les Celtes, les Phrygiens, les bergers, les gladiateurs, les esclaves et les hommes libres n’ont que leurs désirs en tête, objecte Jaïr. Si tu laisses chacun d’eux agir comme il l’entend, autant offrir ta gorge ou tes poignets au glaive de Rome !
     
    Apollonia a saisi le bras gauche de Spartacus.
    — Obéis à Dionysos, dit-elle. Il a rendu sourds et aveugles les Romains. Il les a ensevelis dans le sommeil. Il nous a permis de vaincre. Il te protège !
     
    Spartacus se dégage, repousse avec violence Jaïr et Apollonia sur les bas-côtés de cette voie pavée qui traverse la Campanie.
    Depuis qu’ils marchent à travers la plaine, ils n’ont rencontré aucun obstacle. Les villas ont été abandonnées. Les esclaves racontent que les maîtres se sont réfugiés dans les villes de Nola, de Nucérie, d’Abellinum ; certains se sont dirigés vers le port de Cumes.
    Les esclaves crient qu’ils sont devenus à leur tour des hommes libres, qu’ils ne se laisseront plus jamais enchaîner, réduire en servitude, et qu’ils veulent combattre.
    Certains poussent devant eux des bœufs et des moutons et disent : « Ils sont à nous ! Tout est à nous, il suffit de le prendre ! »
     
    — Ils sont comme un troupeau de bêtes sauvages, remarque Jaïr le Juif. Il t’appartient d’en faire une armée d’hommes libres.
    Spartacus ralentit le pas comme s’il était tout à coup gagné par la lassitude.
    — Dieu l’Unique, poursuit Jaïr, et le Maître de Justice disent que l’homme doit devenir ce qu’il est. Deviens ce que tu es, Spartacus : le berger de ce troupeau. Conduis-le !

 
     
27
    Spartacus regarde les corps étendus qu’on dirait morts parmi les massifs de roses rouges et les statues de marbre.
    Il se tient debout sur la terrasse de cette villa dont le jardin et le verger sont si vastes qu’ils semblent se prolonger jusqu’à l’horizon, vers le Vésuve et la mer, à peine séparés du mont et du rivage par une ligne de cyprès et quelques bouquets de pins parasols.
    Il s’appuie à la balustrade, baisse la tête comme si le spectacle de ces esclaves et de ces gladiateurs vautrés, emmêlés, des femmes souvent nues, certaines adossées aux socles des statues dont les têtes et les bras ont été brisés, lui donnait la nausée.
    Il reste ainsi un long moment immobile mais finit par se redresser et se retourne.
     
    Il voit sur la terrasse, dans le vestibule de la villa, puis dans les pièces, les meubles renversés, le vin répandu sur les mosaïques qui se confond ainsi avec le sang des quelques gardiens qui ont voulu s’opposer à l’irruption des esclaves dans la villa, puis à son saccage.
    Ils ont été tués avant de comprendre que rien ne pouvait résister à cette ruée, et leurs corps ont été démembrés, chaque assaillant tenant à donner son cou d’épieu ou de poignard, à brandir un morceau de chair de ces hommes qui étaient de ceux qui frappaient, violaient, humiliaient les esclaves. Et cette tête martelée qu’on envoyait rouler dans le jardin parmi celles des statues prouvait qu’on était devenu un homme libre.
     
    Spartacus rentre dans la villa, traverse l’atrium, puis ces pièces plus sombres où il distingue des couples enlacés, des hommes qui, les yeux clos, boivent encore, n’ayant même plus la force de soulever l’amphore jusqu’à leurs lèvres, puis roulent sur le côté parmi leurs vomissures.
    Il enjambe les corps.
    Hommes, ou bêtes sauvages ?
    Armée, ou horde ?
     
    Il ressort sur la terrasse, ébloui, ne voyant plus tout à coup que le Vésuve et la

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