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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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écarlates.
    — De ces flammes il ne subsistera rien, pas même un peu de cendre. Mais ces rats sans pattes, sans langue, aux yeux crevés, ces rats errants, aucun esclave ne pourra les oublier.
    — Combien en veux-tu, Publius Varinius ?
    Le préteur hausse les épaules.
    — Entends-toi avec le légat. Que Furius garde dix dizaines de prisonniers qu’il te livrera. Je te connais, Martial Cossinius, tu es habile, tu es préteur, la guerre t’est familière, tu débusqueras bien plusieurs centaines de ces rats qui auront échappé au filet de Furius. Il est jeune, il n’a guère combattu. Il est impulsif et voudra vaincre avec éclat. Ta chasse sera bonne. Tu pourras donc choisir parmi ces bêtes sauvages les plus jeunes, les plus féroces. C’est celles-là que je veux que tu laisses vivre et témoigner.
    Publius Varinius s’arrête, enveloppe de son bras les épaules de Martial Cossinius.
    — Les plus vigoureuses, ordonne qu’on leur brise les jambes, mais il faut qu’elles survivent, tu entends, qu’elles se trainent longtemps, aveugles, muettes, rampant sur leurs moignons.
    Il s’esclaffe :
    — Fais leur aussi casser les dents pour qu’elles ne puissent même plus mordre mais lappent leur nourriture comme des bêtes qu’elles sont !
    — Tu es plein d’invention et de fantaisie, ce soir, Varinius, approuve Martial Cossinius en s’éloignant.
    Le vent tout à coup se lève et porte jusqu’aux remparts de l’acropole de Cumes l’odeur du feu et des brindilles encore chaudes et rougeoyantes.

 
     
31.
    Posidionos le Grec recule d’un pas et baisse la tête.
    Son visage, éclairé jusque-là par les flammes de l’incendie qui dévore la nuit et embrase l’horizon, est alors masqué par la pénombre.
    — Ces deux-là sont à toi, n’est-ce pas ? lui demande Publius Varinius.
    Le préteur s’est arrêté en face de Posidionos, qui détourne un peu la tête vers la gauche sans regarder Varinius.
    Scorpus et Alcius, les deux jeunes esclaves qui l’accompagnent depuis qu’il les a achetés à Rome, sont toujours assis à la même place, côte à côte, adossés à la muraille de la forteresse de Cumes.
    — Mais peut-être tes mignons sont-ils devenus tes maîtres ? continue Varinius.
    La voix du préteur est railleuse, tout à coup chargée d’accents rauques et menaçants.
    — Garde-les bien serrés contre toi, Posidionos. Si on les surprend hors de l’enceinte de Cumes…
    L’intonation est brutale et méprisante.
    — Et même sur cette grève…
    Varinius se penche, montre le rivage qui, en une ample courbe, frôle la base de la colline rocheuse sur laquelle est bâtie l’acropole de Cumes.
    — Tu as dû leur promettre de les affranchir ? Mais n’es-tu pas toi-même un affranchi ? Tous les Grecs le sont !
    Il ricane.
    — Tu as entendu ce que j’ai dit au légat Furius et au préteur Martial Cossinius ? Toi et tes épilés, n’allez pas vous égarer dans la campagne ni sur cette grève, vous risqueriez d’y perdre vos yeux et vos oreilles, vos mains et vos jambes ! Que veux-tu, rhéteur, il faut bien que nous en finissions avec ces bêtes sauvages ! Tu en es d’accord ?
    Il pose sa main sur l’épaule de Posidionos.
    — Regarde donc ce qu’ils font, ces rats ! Ils brûlent les villes et les récoltes. Regarde !
    Posidionos lève lentement la tête cependant que Varinius l’entraîne le long des remparts.
     
    Ils vont ainsi jusqu’à l’extrémité de la muraille.
    On entend, venant du camp romain, le cliquetis des armes, les voix gutturales des centurions.
    — À Rome et à Capoue, dit Varinius, on m’a parlé de toi. Le tribun de la VII e Légion, Calvicius Sabinius, prétend que tu as visité toutes les provinces de la République et que tu as beaucoup écrit, enseigné à Rome même et jusqu’à Rhodes !
    Il se gausse :
    — Un écrivain, un philosophe, un rhéteur grec ! Il paraît que tu sais tout sur la manière dont il faut traiter les esclaves. Tu les aimes, en tout cas. Le laniste de Capoue, Lentulus Balatius, m’a dit que tu étais prêt à acheter fort cher ce Thrace, ce gladiateur qui mène, dit-on, cette horde de rats. Tu le trouvais à ton goût ?
    Varinius s’assoit sur le bord du rempart.
    — Les dieux me sont favorables puisque je te trouve ici. Tu vas me parler de ce Thrace ! Que sais-tu de lui ? Ne me dis pas qu’il est épilé comme tes mignons ! Je t’écoute.
    Posidionos se tait, les yeux rivés sur

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