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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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notre camp.
    Mais Spartacus, après m’avoir écouté lui rapporter ce que je savais des ordres que Varinius avait donnés à son légat, avait demandé à ses gladiateurs de quitter le camp et de se cacher dans les champs et les forêts. Quant aux hommes blessés, trop vieux ou trop frêles, aux femmes et aux enfants, il avait exigé qu’ils marchent vers les hauteurs de la Campanie, et, là, l’y attendent.
     
    Nous étions aux aguets, Spartacus estimant que les Romains étaient trop nombreux, peut-être deux mille – Crixos le Gaulois, lui, les évaluait à trois mille –, pour qu’on pût les attaquer.
    Il devait à chaque instant convaincre Crixos, Œnomaus ou Vindex, les bouviers et les bergers que l’heure n’était pas encore venue de donner l’assaut. Curius, le maître d’armes, était l’un des seuls gladiateurs à l’approuver. Et je m’inquiétais, sentant monter cet esprit de rébellion et de division qui a tôt fait de dissoudre les armées et les peuples.
     
    Le soir, accroupis, courbant parfois le dos sous les premières averses, n’allumant aucun feu pour ne pas attirer l’attention des Romains qui ne se trouvaient qu’à quelques centaines de pas, Spartacus m’interrogeait sur les raisons qui faisaient que tant de peuples – et d’abord le mien, le grec – dont les cités avaient régné sur le monde et défait des empires avaient été vaincus par les Romains.
    À sa voix, à l’attention avec laquelle il écoutait mes réponses, je devinais qu’il voulait tirer de ce sombre passé des enseignements pour la guerre qu’il commençait à conduire.
    Je lui expliquai que les peuples et les cités, au lieu de rester unis, s’étaient divisés. Les Romains les avaient attaqués et vaincus les uns après les autres, parfois s’alliant à certains pour mieux briser les plus hostiles.
    J’ajoutai que les fondateurs de Rome, Romulus et Remus, avaient été nourris par une louve. Le peuple héritier de ces deux frères était carnassier, vorace, d’une implacable cruauté, opiniâtre et rusé ; ses membres chassaient en meute, obéissant au plus puissant d’entre eux.
    Nous parlions et dormions, baignés dans l’odeur des fruits pourrissants puisque plus aucun domaine ne pouvait organiser la cueillette, les esclaves étant en fuite ou partis avec leurs maîtres pour les villes.
     
    Un matin, alors qu’après des jours d’averse le soleil enfin commençait à sécher la terre, nous avons entendu les pas d’une troupe. Si le martèlement était moins sonore, c’est que le légat Furius avait décidé de morceler son armée, chaque groupe de centuries occupant un coin de la plaine.
    J’ai compris ce matin-là que Dionysos, qu’invoquait à tout instant Apollonia, ou quelque autre dieu de Grèce ou de Thrace avait décidé de perdre les Romains et de nous assurer la victoire sur les troupes du légat.
     
    Nous nous sommes jetés sur ces centuries isolées. Chaque fois, nous étions plus nombreux que les Romains.
     
    Spartacus m’avait remis un petit bouclier rond et une épée à la lame recourbée et dentelée telle qu’en portent les guerriers thraces. Mais j’étais déjà un vieil homme au corps maladroit et lourd, et j’ai donc observé plus que participé à ces courtes batailles.
    Elles n’étaient pas achevées que, déjà, les bouviers et les bergers, les esclaves des champs se précipitaient sur les corps des légionnaires tombés. Ils égorgeaient ceux qui vivaient encore, puis leur arrachaient leurs cuirasses, leurs casques, leurs armes, leurs sandales, leurs bourses et leurs boucliers.
    Les lieux des combats devenaient ainsi, au terme des batailles, des terres saccagées couvertes de corps nus.
     
    Au septième jour, l’un de ces corps fut celui de Furius.
    J’avais vu le légat s’avancer à la tête de sa dernière centurie. Il ne pouvait ignorer que le sang de toutes les autres – près de mille hommes, déjà – avait arrosé la terre de cette plaine entre le cours du Vultume et le mont Vésuve, là où le préteur Publius Varinius l’avait envoyé traquer, tuer et mutiler ceux qu’il appelait des rats.
    Mais les rats avaient massacré ses hommes. Et Furius savait que le malheur accompagnait sa chevauchée.
    Il était loin devant la première ligne de ses légionnaires dont le pas m’avait paru plus lent, plus lourd, comme s’ils avaient voulu retarder l’instant où ils rencontreraient la mort.
     
    Nous étions allongés à

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