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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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que commandaient le consul Claudius et son préteur Manlius. Les survivants s’étaient enfuis et les rares prisonniers avaient été lapidés par les femmes.
    Puis on s’était à nouveau enfoncés dans les forêts, cheminant sur les crêtes, marchant au même pas que les légions du consul Publicola, des préteurs Quintus Arrius et Publius Varinius qui, elles, avançaient dans la plaine, sûres que les esclaves de Spartacus fuyaient alors qu’ils attendaient l’instant propice, celui où les Romains laisseraient leurs flancs et leurs arrière-gardes sans défense.
    Et c’était advenu cette nuit-là. Plusieurs centaines de soldats n’avaient pu ni s’enfuir ni mourir, et Spartacus avait crié :
    — Qu’on les garde vivants !
     
    Des hommes en armes empêchent la foule des esclaves d’entrer dans le champ où Tadix le géant passe parmi les prisonniers agenouillés.
    Chaque fois qu’il frappe l’un d’eux, la foule hurle :
    — Tue-les ! Jugula ! Jugula ! Égorge ! Égorge !
    Des femmes commencent à lancer des pierres, d’autres tentent de pénétrer dans le champ. Tout à coup, la voix de Spartacus impose le silence :
    — Celui qui tue un de ces Romains, je le tue ! lance-t-il.
    Il lève les mains, doigts écartés, au-dessus de sa tête.
    — Ils sont à nous ! riposte une voix.
    — N’oublie pas Crixos, venge-le, venge Œnomaus ! La vengeance est justice ! crie un autre. Les hommes libres et les dieux se vengent. Nous sommes libres, laisse-nous nous venger !
    La foule des esclaves scande à nouveau : «  Jugula ! Jugula ! Égorge ! Égorge ! »
    Spartacus entre dans le champ, passe au milieu des prisonniers sans les toucher. Il se dirige vers Tadix le géant qui, saisissant de sa seule main gauche un des Romains, l’a soulevé par la nuque et le maintient ainsi debout.
    Tadix se tourne vers Spartacus.
    — Je l’ai vu sur le mont Gargan, dit Tadix. Il portait la cuirasse dorée des préteurs. Il marchait sur les morts. Je le reconnais. Je l’ai vu s’avancer alors que je me battais au sommet du mont. J’ai su que si je tombais entre ses mains il me ferait écorcher vif.
    L’homme ne se débat pas, garde la tête baissée.
    — C’est le prêteur Varinius, dit Posidionos le Grec, qui s’est approché.
    Certains des prisonniers agenouillés ont levé la tête. L’un d’eux crie que le tribun Calvicius Sabinius et le centurion Nomius Castricus figurent parmi les prisonniers, que ce sont eux et les consuls qui les ont forcés à se battre, alors que les soldats, eux, respectent les gladiateurs. Souvent, ce sont d’ailleurs ceux-ci qui leur ont appris à se battre.
    — Nous t’offrons notre vie, Spartacus ! Laisse-nous nous venger de ceux qui nous traitaient comme leurs esclaves !
    Spartacus reste silencieux. Il semble hésiter, puis s’approche de Varinius, que Tadix tient toujours par la nuque.
    — Préteur…, murmure Spartacus.
    Il répète ce mot comme on profère une insulte, son visage exprimant le dégoût, des rides cernant sa bouche.
    — Préteur, tu vivras ce que tu as fait vivre !

 
     
42
    Nous étions plus de quatre cents, désarmés, agenouillés, nus.
    La mort que j’avais recherchée sur le champ de bataille s’était dérobée. J’avais espéré que ces bêtes sauvages qui nous avaient capturés vivants et m’avaient arraché mon glaive avant que j’aie pu l’enfoncer dans mon flanc m’égorgeraient aussitôt.
    J’ai tendu le cou.
    Mais j’avais oublié que les esclaves ne sont pas des hommes, qu’ils ne combattent pas comme les soldats de nos légions. Ils ne nous ont pas tués.
    Ils nous ont frappés, insultés, humiliés.
    Ils ont livré quelques-uns d’entre nous à leurs femelles qui hurlaient. Elles ont enfoncé leurs crocs et leurs ongles dans les corps qu’on leur abandonnait. Elles ont crevé des yeux, coupé des sexes, écartelé, écorché.
    Elles ont réduit des citoyens romains à un tas de charpie écarlate.
    Après quoi leurs bouches avides de sang ont continué de vociférer.
     
    On nous a conduits et rassemblés dans un champ.
    J’ai eu honte d’être contraint de me dévêtir, de me mettre à genoux, dans la posture du vaincu.
    Un géant gaulois s’est avancé et a commencé à défoncer les visages avec ses poings. La meute contenue par des hommes en armes hurlait, réclamant nos corps pour les crucifier, les dépecer.
    « Ils sont à nous, nous sommes les maîtres ! scandaient ces bêtes

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