Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
poings lui écrasent les joues.
    — Regarde ! s’écrie Curius.
    Il tend le bras, montre d’autres feux qui brillent dans la plaine de Campanie, de l’autre côté du massif, vers Capoue, Cumes, Nola, Abellium et Nucérie.
    — Trois autres légions ! conclut Curius.
    — Ces armées sont comme les mâchoires de Rome, constate Jaïr. Elles vont se serrer pour nous écraser. Elles ont pris le temps de battre la troupe de Crixos. Elles se préparent à se refermer sur nous.
     
    Spartacus se lève, marche à la lisière de la forêt.
    À quelques centaines de pas en contrebas, sur un plateau, le camp des esclaves a été dressé. On distingue peu à peu, recouvertes par la nuit, des huttes faites de quelques branchages, des tentes en peau.
    Spartacus a interdit qu’on chante ou qu’on crie, qu’on allume des feux.
    Des hommes ont protesté, ont dit que lorsque Crixos le Gaulois, Œnomaus le Germain, Vindex le Phrygien étaient parmi eux on ne se cachait pas ; on incendiait les blés, les vergers, les domaines, les villes et même les forêts. Tout l’horizon était alors en flammes.
    Un homme s’est avancé, accusant Spartacus de ne pas vouloir, de ne pas même savoir se battre, de ne songer qu’à fuir au lieu d’affronter et vaincre les Romains. Avec Crixos, on avait pourtant tué un préteur et un légat, saisi leurs bagages et leurs enseignes, on avait pillé les villes.
    Spartacus a bondi, saisi l’homme par le cou, l’a contraint à baisser la tête, mais il ne l’a pas lâché, lançant à la foule qui l’entourait que tous ceux qui voulaient rejoindre Crixos, Œnomaus et leur troupe étaient libres de le faire, mais qu’ils ne trouveraient que la mort au bout de leur route. Lui, Spartacus, le savait. Les dieux l’en avaient averti.
    Il a desserré son étreinte et l’homme est resté un long moment plié en deux, recouvrant difficilement son souffle, chancelant.
    — Ceux qui me suivront resteront vivants, a continué Spartacus. Mais ils devront obéir à mes ordres.
    Il a répété qu’il tuerait ceux qui chercheraient à allumer des feux, car la seule force que les Romains craignaient était celle que procurait la surprise. Et si l’on s’en privait, si on révélait aux Romains le lieu où l’on se trouvait, la route qu’on empruntait, alors autant jeter ses armes, s’agenouiller et offrir sa gorge au glaive des soldats.
    — Que ceux qui veulent me quitter partent ! a-t-il ajouté.
    Nul n’a bougé. Alors il a montré le plateau et la forêt, disant qu’on passerait quelques jours sur ce massif, puis qu’on marcherait vers le nord et qu’on attaquerait les Romains par surprise.
     
    — Ces mâchoires…, dit Jaïr en montrant les feux.
    — Nous partirons demain avant qu’elles ne se soient refermées, répond Spartacus.
    — Six légions ! reprend Jaïr.
    — Deux consuls, deux préteurs ! renchérit Curius.
    — Et le tribun de la VII e Légion, Sabinius, et Publius Varinius, ajoute Posidionos. Rome n’accepte jamais qu’on refuse de se soumettre à ses lois. Il faut qu’elle tue ceux qui la défient ou l’ont vaincue. Tu l’as fait, Spartacus. Les déserteurs disent que les consuls ont reçu du Sénat l’ordre de massacrer tous ceux qui te suivent ou qui ont simplement appris que tu existais et que tu avais tué deux préteurs et un légat. Ils craignent que tu ne conduises à penser qu’on peut vivre hors de Rome, en échappant à son pouvoir, en refusant ses lois. Ils ne peuvent pas nous laisser vivre.
     
    Tout à coup, Apollonia sort de la forêt et se rapproche. On ne discerne d’abord que sa silhouette. Elle se retourne, ouvre les bras et dit :
    — Les dieux veulent que les hommes se souviennent.
    Elle s’écarte et, entre les troncs, dans l’obscurité, on devine un homme de haute stature auquel elle tend la main, qu’elle conduit jusqu’à Spartacus.
    L’homme quitte la pénombre, entre dans la clarté précaire de la nuit tombante.
    On reconnaît alors Tadix le géant.
     
    Il pose les mains sur les épaules de Spartacus qu’il domine d’une tête.
    On distingue ses blessures : une longue balafre lui traverse la poitrine du ventre à la gorge ; d’autres lui strient les cuisses. Son œil gauche n’est qu’une grosse boule noire.
    — Nous étions vingt mille, dit-il. Tu le sais. Œnomaus est tombé parmi les premiers. Crixos nous a montré le mont Gargan et nous nous sommes précipités sur les pentes, vers le sommet. Crixos

Weitere Kostenlose Bücher