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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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s’approche de Pythias, qui se lève à son tour.
    — Pourquoi es-tu venu, Pythias ? répète Spartacus d’une voix voilée, comme empreinte de tristesse.
    — Depuis que tu t’es enfui du ludus de Capoue, que ton armée d’esclaves a battu des préteurs, des légats, des consuls, qu’elle a brûlé des récoltes, des domaines, des villes, et que tu t’es approché de Rome, la peur ronge les maîtres. Quand nous nous avançons vers eux, nous, esclaves, ils saisissent leurs poignards. Si nous entrons à plusieurs dans leur chambre, ils s’affolent. Ils craignent même de boire et de manger ce que leurs serviteurs leur préparent. À nous, leur peur apporte gaieté et fierté. C’est pour te remercier, Spartacus, de ce que tu m’as fait vivre, pour le souvenir de ma liberté et de mon orgueil d’Athénien, que tu as ravivé, que je suis ici et t’avertis de la menace et de la promesse de Crassus. Il va lever des légions. Il va te traquer. Prends garde, rien ne l’arrêtera ! Il veut ta mort parce qu’il est un noble romain et que tu n’es qu’un esclave étranger. Parce que tu le fais trembler et qu’il a besoin de ta mort.
    Spartacus pose une main sur l’épaule de Pythias.
     
    — Tous les hommes meurent, murmure-t-il. Crassus mourra aussi, même s’il me tue. Sauras-tu mourir, toi, Pythias ?
    Pythias baisse la tête.
    Jaïr le Juif s’approche.
    — Celui qui sait mourir sait ne plus être esclave, lâche-t-il.

 
     
46
    — Je veux qu’ils meurent tous ! clame Licinius Crassus.
    Penché en avant, mains nouées dans son dos, le proconsul marche à pas lents le long de la colonnade qui entoure le bassin dans lequel les murènes tracent des sillages argentés.
    Il s’arrête, attend que l’aient rejoint Caius Julius Caesar et les légats Mummius et Gaius Fuscus Salinator.
    — Il faut qu’on ne se souvienne que de leur supplice, ajoute-t-il, mâchoires serrées, une ride médiane creusant son front jusqu’à la base du nez.
    — Ceux qui les ont combattus, dit Caesar, affirment que la mort ne les effraie pas. Toutes les bêtes meurent sans crainte.
    Crassus hausse les épaules, grimace une moue de mépris.
    — On oubliera qu’ils ne la craignaient pas, réplique-t-il. Mais je veux qu’on se souvienne de la manière dont ils sont morts. On tremblera en se rappelant les supplices que je vais leur infliger.
    Ainsi la peur habitera chaque esclave jusqu’à la fin des temps. Pas un n’osera plus se rebeller.
    Il suit des yeux les sillages argentés qui strient l’eau du bassin de sa villa.
    — J’en donnerai quelques-uns en pâture aux murènes.
    Il ricane.
    — Ce centurion, Nomius Castricus, je l’ai gavé de bonne viande et de vin frais. Il n’a cessé de me raconter ce munus, cette ignominie : des centurions, des citoyens romains contraints par ces esclaves de se battre comme des esclaves, comme des bêtes. Ce Spartacus l’avait laissé vivre pour qu’il nous décrive ce spectacle et que nous en soyons terrorisés. Savez-vous ce qu’est devenu ce bavard qui ne cessait de répéter : « Ils m’ont laissé en vie » ? Quand enfin il s’est endormi, je l’ai fait jeter là-dedans.
    D’un mouvement de tête, il montre le bassin.
    — Les murènes se sont précipitées. Il y a eu un grand bouillonnement, l’eau est devenue rouge. Mes esclaves tremblaient. Ils se sont couchés à mes pieds comme des chiens.
    Il reprend sa marche.
    Il a également ordonné, dit-il, qu’on égorge tous les esclaves qui travaillaient avec Pythias, un architecte grec.
    — Celui-là s’est enfui. Je n’ai jamais aimé la manière dont il dérobait son regard. Il a dû rejoindre ce Spartacus. Mais je le retrouverai et lui donnerai tout le temps de regretter de m’avoir trahi. Sais-tu, Julius, que je voulais l’affranchir… ?
    Il hésite, bougonne.
    — Je l’avais acheté à Délos. On m’avait vanté son talent. Il est capable en quelques jours de construire une insula de sept étages. Et puis il y a eu cette rumeur qui s’est répandue jusqu’ici, dans ma villa, sur le Palatin. Selon elle, Spartacus était le prince des esclaves, un nouvel Hannibal, il allait conquérir Rome !
    Il crie :
    — Vous entendez : conquérir Rome ! Un gladiateur, un infâme, un esclave thrace ! Mais il n’est fort que de la faiblesse de nos consuls, de nos préteurs et de nos légats !
    Il saisit le bras de Julius Caius Caesar.
    — Tu es tribun militaire, Caesar. Tu t’es battu

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