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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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crier :
    — Nous allons vaincre ! Nous nous partagerons le butin de deux légions à parts égales !
    On l’acclame. Il crie plus fort :
    — Nous prendrons les villes, leurs greniers, leurs celliers, leurs femmes ! Et ce butin sera aussi pour nous tous à parts égales. C’est Spartacus qui le veut ainsi, parce que nous sommes des hommes libres !
    Le Thrace retourne s’asseoir près de Jaïr le Juif et de Posidionos le Grec qui n’ont pas bougé.
    Apollonia est allongée sur la terre caillouteuse, les bras en croix, ses cheveux formant autour de sa tête une blonde auréole.
    — Le proconsul Licinius Crassus, Pythias te l’a dit et je le sais, tout comme Curius le sait aussi, est un homme acharné, commence Posidionos. Tu peux battre les deux légions de son légat Mummius. Tu peux même lui infliger une défaite. Il ne cédera pas. Il dispose de dix légions. Et le Sénat lui a donné tous pouvoirs. Il faudrait que tu le tues. Mais un autre proconsul serait alors désigné. Les dieux ne se sont pas trompés, Spartacus ; Apollonia a bien entendu ce qu’ils disaient : c’est notre sang qui va couler. C’est nous qui serons battus et suppliciés !
    Spartacus a baissé la tête.
    — C’est ce que tu aurais voulu que je dise ? demanda-t-il.
    — L’avenir de l’homme n’est jamais écrit, énonce Jaïr le Juif. Tu as dit ce qu’il fallait. Le Dieu de Justice nous observe et nous juge. Celui qui est juste, celui qui Lui obéit est le vainqueur. Nous sommes du côté du Dieu de Justice. Notre sang aura beau couler, Dieu nous sauvera.
     
    Posidionos s’est levé, il parcourt la crête, regarde longuement s’enfoncer dans les brumes violacées le soleil pourpre. Puis il revient vers Spartacus.
    — Si tu le voulais, à quelques-uns nous pourrions gagner la côte, embarquer sur un navire pirate. Les Ciliciens sont gens d’argent. Nous avons de l’or. Nous en aurons encore plus si nous battons les légions de Mummius. Nous pourrions alors gagner la Cilicie, la Grèce ou la Thrace, nous perdre dans ces pays lointains. Je les connais. Qui pourrait nous y retrouver ?
    Apollonia s’est redressée, elle entoure de ses bras les jambes de Spartacus.
    — Les dieux nous ont avertis, ajoute-t-elle. Écoute Posidionos !
    Spartacus la repousse.
    — Et ceux-là ? interroge-t-il en montrant la foule des esclaves.
    — Tu n’es pas comme eux, dit Apollonia. Tu es leur prince.
    — Je suis donc l’un d’eux, répond Spartacus.

 
     
48
    — As-tu vu Spartacus ? demande le proconsul Licinius Crassus.
    Il se tient sur un tertre, bras croisés. Le vent fait voleter sa cape rouge. Sa cuirasse d’or et d’argent semble mouler les muscles de son torse.
    Au pied du tertre, le légat Mummius reste immobile, tête baissée. Il est vêtu d’une simple tunique. Son casque, sa cuirasse, sa ceinture et son glaive sont disposés devant lui.
    Une centaine de pas plus loin sont rassemblés cinq cents soldats, tête nue, sans armes. Eux aussi, comme le légat, ont la nuque ployée. Leurs bras pendant le long du corps paraissent les tirer vers le sol. Leur corps est couvert de poussière et de boue.
    Des légionnaires dont les pointes des javelots, les lames des glaives, les casques et les cuirasses brillent dans le soleil de cette fin de matinée entourent ces hommes désarmés.
    — Spartacus figurait parmi ceux qui t’ont attaqué et vaincu, poursuit Licinius Crassus. Tu l’as vu, j’en suis sûr !
    Près de lui se tiennent le légat Gaius Fuscus Salinator et le tribun militaire Caius Julius Caesar.
    — Je t’écoute, légat ! hurle le proconsul en avançant d’un pas.
    Il se trouve ainsi au bord du tertre, dominant Mummius et la plaine.
    Les légions sont alignées, dessinant les limites d’une scène en demi-cercle au centre de laquelle se trouvent le tertre, le légat Mummius et les cinq cents hommes désarmés.
    — Je l’ai vu, répond le légat en redressant la tête un court instant, puis en la baissant aussitôt comme s’il n’avait pu soutenir le regard de Licinius Crassus ni simplement discerner sa silhouette, ébloui par un reflet du soleil sur sa cuirasse et son casque.
    — Il était à cheval, entouré d’un petit groupe d’hommes, reprend-il. J’ai cru…
    Il s’interrompt.
    — Continue, légat ! crie Licinius Crassus.
    Sa voix revient, répercutée par l’écho, comme si les milliers d’hommes des six légions répétaient ses mots.
    — J’ai cru que nous

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