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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
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aussi avec rapidité. Sa cavalerie parvient à attirer comme prévu l’armée gauloise, qui se précipite tête baissée sur le gros des légions qui attend de pied ferme. Crassus a l’avantage du terrain. Dans son récit de la bataille, Salluste souligne le fait que les Gaulois, dans leur précipitation, se retrouvent en terrain glissant : « Alors, comme ils étaient tous et chacun en désordre, à cause de la difficulté de se tenir sur leurs pieds dans ce terrain glissant, ils virent tomber sur eux les premières cohortes, puis le reste de l’armée de Crassus, avec cette ardeur qui ne manque jamais au soldat quand il est sûr de l’avantage. » Les Gaulois sont au pied des collines au moment du choc décisif. Dans cette région riche de multiples sources, le sol mal drainé des bas-fonds est gorgé d’eau. Ce terrain spongieux nuit à l’organisation de la ligne de bataille des Gaulois qui viennent de tomber dans le piège tendu par la cavalerie romaine. Profitant du désordre de l’armée gauloise, Crassus dévoile tout à coup le gros de son armée au sommet des collines. Les légions profitent d’une position dominante toujours avantageuse et bénéficient aussi d’un terrain plus stable. En poussant leur cri de guerre, les cohortes accablent d’abord les Gaulois de milliers de javelots qui fragmentent encore plus leurs rangs. Certains sont tués, beaucoup sont blessés et presque tous reçoivent un ou deux dards dans leur bouclier, aussitôt inutilisable. Les légionnaires qui ont fait jaillir leur glaive du fourreau n’ont plus alors qu’à donner l’assaut en gardant leurs lignes. L’ennemi dispersé est totalement écrasé.
    Plutarque donne le chiffre des pertes des Gaulois ce jour-là. Selon lui, il resta sur le champ de bataille « douze mille trois cents ennemis. On n’en trouva que deux qui furent blessés au dos ; tous les autres étaient tombés fermes à leur poste en combattant les Romains ». Tite-Live donne un bilan plus important pour cette bataille : « Trente-cinq mille hommes et leur chef Cannicius restent sur le champ de bataille. » Ce chiffre est repris par Frontin, qui s’appuie sans doute sur les écrits de Tite-Live : « Trente-cinq mille combattants périrent avec leurs chefs. » Plutarque souligne bien la bravoure des Gaulois, qui ne se sont pas enfuis : comme Crixus deux ans plus tôt, ils ont combattu avec bravoure en tombant à l’endroit même où ils avaient été placés. Par ce détail, Plutarque confirme bien que les Gaulois ne sont pas parvenus à organiser leurs lignes mais qu’ils n’ont pas détalé pour autant. Chaque homme a attendu que la mort le frappe à sa place sans chercher à tourner les talons.
    Frontin ajoute enfin un autre détail intéressant sur le résultat de cette bataille. D’après cet auteur, les Romains retrouvent dans les bagages des Gaulois « cinq aigles romaines, vingt-six enseignes et une grande quantité de butin, où l’on trouva cinq faisceaux avec leurs haches ». On sait que les emblèmes, et notamment les aigles et les faisceaux, ont une valeur religieuse très importante chez les Romains. On peut à nouveau constater, d’après ce témoignage, que, loin de détruire les symboles d’un pouvoir qui les a réduits à la servitude, les esclaves les conservent précieusement. Pourtant, un faisceau de licteur, fait de bâtons liés par un ruban, n’a aucune valeur marchande, pas plus qu’un signum de cohorte, fait de tissu : ces esclaves révoltés éprouvent donc un respect sacré pour les dépouilles. Peut-être espéraient-ils les consacrer à leurs dieux, dans leurs sanctuaires, ou tout simplement voulaient-ils s’approprier la force magique de ces totems. Très concrètement, le nombre de ces dépouilles est impressionnant. Les cinq aigles signifient que les emblèmes de cinq légions ont été capturés, et il ne s’agit que des trophées des Gaulois ; si l’on songe que Spartacus exhibe sans doute un nombre tout aussi important de dépouilles dans sa tente de général, on comprend mieux l’ampleur du traumatisme vécu par les Romains depuis deux ans.
    Et l’histoire se répétera : vingt ans plus tard, Crassus, le vainqueur du jour, sera à son tour vaincu et tué par les Parthes ; il perdra alors des aigles que l’empereur Auguste ne parviendra à récupérer qu’en 19 av. J.-C. Pourtant, au soir de sa vie, le vieil empereur doit encore souffrir cruellement de la perte d’emblèmes

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