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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
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une forte proportion d’entre eux. Les détails de l’évasion sont rares. Appien rapporte qu’ils « forcèrent ensemble la garde chargée de veiller sur eux avant de s’échapper ». Plutarque précise qu’ils « s’emparèrent dans une cuisine de coutelas et de broches et s’élancèrent au-dehors ». Le nombre total des compagnons de Spartacus qui fuient Capoue varie entre chaque auteur. Seul Florus parle de 30 hommes, Paterculus et Orose donnent le chiffre de 64 gladiateurs, Appien 70, Tite-Live, Frontin et Eutrope 74. Enfin, Plutarque évoque les 78 évadés d’une école qui comptait au moins 200 gladiateurs. Il est curieux de voir que tous les auteurs anciens, même ceux qui ne nous ont laissé que quelques lignes sur Spartacus, s’attachent à donner le chiffre précis des évadés. Ce point est important car il souligne comment un incident mineur peut avoir des conséquences gigantesques. Quelques femmes du ludus se joignent à la troupe des fugitifs. Au moins une en tout cas, la prophétesse de Dionysos, celle que Plutarque présente comme la femme de Spartacus.

    Une rencontre opportune
    Il semble que les gladiateurs soient sortis sans armes du ludus . On peut imaginer une évasion de nuit dans laquelle les gladiateurs franchissent silencieusement les murs du ludus après avoir neutralisé les gardes. Le fait de s’emparer d’armes rudimentaires dans la boutique voisine d’un rôtisseur corrobore l’idée selon laquelle les gladiateurs ne disposent pas de leurs glaives et de leurs dagues au sein du ludus , pas même d’un couteau de cuisine. Appien souligne implicitement l’absence d’armement lors de la fuite de la troupe hors de Capoue : « Spartacus s’arma, lui et sa bande, avec des gourdins et des dagues dont ils dépouillèrent quelques voyageurs. » Dans cette première phase de l’épopée des gladiateurs, la chance semble pourtant accompagner les fugitifs. A la sortie de la ville, les évadés croisent des chariots chargés d’armes. Ironie du sort, il s’agit d’armes de gladiateurs que l’on transporte dans une autre ville. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce coup de chance est crédible. Il confirme le soin extrême que prennent les organisateurs de spectacles à ne pas réunir en un même lieu les gladiateurs et les armes tranchantes qu’ils utilisent lors des spectacles. Pour des raisons de sécurité, celles-ci semblent même apportées seulement lorsqu’un grand combat est organisé. Si l’on pousse la réflexion un peu plus loin, il est probable que ce soit l’annonce d’un munus important dans la ville de Capoue ou dans ses environs qui ait décidé les compagnons de Spartacus à prendre le risque d’une évasion. Finalement, ces armes qui devaient leur servir à s’entretuer pour le plus grand plaisir des citoyens des cités campaniennes constituent le point de départ de la plus importante révolte d’esclaves de l’histoire antique. Dans les chariots, les fugitifs s’emparent des boucliers samnites, des épées celtes et des sicae thraces. Chaque fugitif récupère les équipements les mieux adaptés au mode de combat pour lequel il a été formé pendant des semaines ou des mois. Une fois armée, la troupe de Spartacus ne constitue plus une bande d’esclaves en fuite. Ils forment un redoutable commando extrêmement entraîné, parfaitement équipé et qui n’a plus rien à perdre.
    Sans ce coup de chance initial, la bande aurait sans doute connu un sort différent. Dépourvus d’armes efficaces, les gladiateurs de Batiatus auraient certainement tenté leur chance seuls ou par petits groupes, comme le font généralement les esclaves en fuite. Ceux qui auraient échappé aux recherches se seraient alors fondus dans la nature ou auraient rejoint quelque bande de brigands, et personne n’aurait plus jamais parlé d’eux. Ces hommes réunis par le hasard des acquisitions de leur maître n’avaient probablement pas de plan de révolte prémédité ; c’est cette bonne fortune qui met entre leurs mains des armes redoutables et qui les incite à demeurer ensemble. A ce stade, les différents auteurs sont unanimes pour dire que la troupe se dirige vers les pentes du Vésuve, à une quarantaine de kilomètres de Capoue. Pour une troupe de gladiateurs robustes, bien entraînés et peu chargés, cette distance a pu être couverte en sept ou huit heures. Ainsi, en s’enfuyant du ludus au début de la nuit, les gladiateurs peuvent

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