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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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plusieurs de ces massacres. Il en
perdra à jamais la raison. Une pieuse légende familiale attribuera sa folie à
une mise en scène du fameux Kamo. La réalité suffit amplement. Dans une séance
à huis clos du VIII e  congrès du parti en mars 1919,
Okoulov, membre du Conseil révolutionnaire du front Sud pendant trois mois,
évoque cette « fameuse barge de Tsaritsyne qui travaillait beaucoup pour
rendre impossible l’assimilation des spécialistes militaires [299]  », en les
noyant par dizaines. Il accusera les dirigeants du front d’incapacité : l’armée
du front Sud dispose de 76 000 soldats contre 26 000 à l’adversaire,
de 1 000 mitrailleuses contre 100, et pourtant elle piétine,
recule même, et, avoue Vorochilov, compte déjà 60 000 tués et
blessés. Staline liquidera Okoulov en 1937.
    Après le départ de Snessarev, la cavalerie cosaque de
Krasnov encercle Tsaritsyne. Staline se plaint, dans un télégramme du 4 août,
des difficultés de la situation, dues, selon lui, à l’inertie passée de
Snessarev et aux complots de ceux qu’il avait nommés. Mais il a « éloigné
à temps des prétendus spécialistes » et « annulé les ordres
antérieurs et criminels [300]  ».
Il ne faut pas attendre, ajoute-t-il, de ravitaillement en provenance de
Tsaritsyne. Vorochilov et lui réclament néanmoins des armes et des renforts.
Staline multiplie en même temps les actes d’insubordination à l’égard du
sommet. Avec son accord, Vorochilov refuse ainsi d’envoyer au Comité militaire
les rapports réglementaires sur l’activité de la X e  armée, bien
que Lénine lui en rappelle la nécessité par télégramme. C’est le début d’une
série de messages insolents et brutaux, comme nul n’en adressera jamais à
Lénine et au Bureau politique au cours de la guerre civile. Lénine ne doit
guère apprécier la grossièreté et l’insolence de Staline, mais il y voit sans
doute la manifestation d’une fermeté appréciable en ces temps d’extrême péril.
En tout cas, il manifeste à son égard une patience exceptionnelle.
    Le 2 septembre, la République soviétique, encerclée,
est transformée en « un camp militaire unique ». Les troupes
allemandes occupent l’Ukraine depuis mars ; des troupes anglaises et
italiennes débarquent près d’Arkhangelsk, où les SR ont proclamé un
gouvernement de la Russie du Nord. Depuis la fin mai, les légionnaires tchèques
occupent une vingtaine de villes de Sibérie mais, surtout soucieux de rentrer
chez eux par Vladivostok, ils n’ont nulle envie de tourner leurs pas vers
Moscou. Fin juin, les SR et les Cadets constituent à Omsk un gouvernement
sibérien qui contrôle une grande partie du territoire, la paysannerie
sibérienne, relativement aisée et qui n’a jamais connu le servage, ayant mal
accueilli les détachements bolcheviks venus réquisitionner le blé. À Samara,
sur la Volga, en août, les SR constituent, avec l’aide des légionnaires
tchèques, un gouvernement provisoire dit Komoutch (abréviation d’Assemblée
constituante) et mettent la main sur l’or impérial stocké à Kazan ; fin
août les ouvriers des usines d’armement d’Ijevsk, dans l’Oural, en majorité
mencheviks et SR, se soulèvent et forment avec les paysans une armée
insurrectionnelle de 20 000 hommes. La chute du régime semble
imminente.
    La région de Tsaritsyne est réorganisée en un front Sud
présidé par Staline, flanqué de ses proches, Vorochilov et Minine, hostiles au
commandant du front, le général Sytine. Le trio ignore les ordres de Moscou,
renvoie Sytine, demande à Moscou d’annuler son affectation et décide que toutes
les décisions opérationnelles seront prises de « façon collégiale »,
ce qui paralyse l’état-major. Tsaritsyne tombe aux mains des Blancs le 18 septembre.
Staline répond à la situation en exigeant d’urgence une énorme quantité de
canons, obus, mitrailleuses, cartouches et 100 000 équipements
militaires complets, alors qu’il n’a pas autant de soldats et que les usines
tournent au ralenti. Il accompagne sa demande d’un ultimatum cassant : « Si
ces exigences minimales par rapport à la quantité des troupes du front Sud ne
sont pas satisfaites, nous serons contraints d’interrompre les actions
militaires et de nous replier sur la rive gauche de la Volga [301] . »
    Moscou s’inquiète. Le 2 octobre, Sverdlov téléphone
puis télégraphie à Staline que « la

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