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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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merveille, il est
rompu au travail de coulisses auprès des délégués du rang auxquels il ressemble
et qui, avec lui, ont l’impression de traiter d’égal à égal. Le futur dirigeant
de la Hongrie socialiste, Mathias Rakosi, membre du Comité exécutif du
Comintern, note dans ses souvenirs son « extérieur simple et même
provincial », et ajoute : « Avec moi, comme avec les étrangers,
il parlait toujours poliment, tranquillement, mais j’avais parfois l’impression
de serrer un gant de verre dissimulant une main blindée [379] . » Il est
mauvais orateur, comme la plupart des délégués, sa diction est monocorde, son
vocabulaire est pauvre, donc accessible. La double simplicité sémantique et
rhétorique de ses discours et de ses écrits, qu’il construit par questions et
réponses comme un catéchisme, séduit les membres frustes de l’appareil.
    Son ami Enoukidzé dira avec une incroyable vantardise :
« Nous ne craignons pas Staline. Aussitôt qu’il voudra prendre de grands
airs, nous l’éliminerons [380] . »
Ses pairs estiment en lui l’organisateur, l’administrateur qui fait exécuter
rapidement les décisions prises, le contrôleur à poigne apte à faire régner la
discipline, mais ne prisent guère ses capacités intellectuelles. Deux ans plus
tard, lors de la campagne contre Trotsky, David Riazanov lui dira d’un air
condescendant : « Laisse tomber, Koba, ne te mets pas dans une
situation ridicule. Tout le monde sait très bien que la théorie n’est pas ton
fort [381] . »
Boukharine, à la veille de sa rupture avec lui, confiera à Trotsky : « Sa
première qualité, c’est la flemme. Sa seconde qualité, c’est une jalousie sans
bornes à l’égard de ceux qui savent ou peuvent plus que lui [382] . » La
flemme ? Tout dépend pour quoi. Pour les débats théoriques qui passionnent
Boukharine et pour les discours, certes, mais dans le travail d’appareil, de
secrétariat et d’intrigues, il est tenace, acharné, obstiné. Ivan Smirnov
tranche : « C’est un homme tout à fait terne et insignifiant [383]  » ;
Kamenev ajoute : « C’est tout juste un politicien provincial. »
Trotsky commente : « Terne oui, insignifiant non », et résume ce
bouquet de compliments par un oxymoron brutal : « C’est la plus
éminente médiocrité de notre parti [384] . »
    Mais Lénine l’apprécie malgré ses bouderies capricieuses. En
décembre 1922, il le présentera comme l’un des deux hommes les plus « éminents »
du Comité central. Et quand, le 4 janvier 1923, il demande d’écarter
Staline du poste de Secrétaire général, c’est son caractère qu’il met en cause
et non sa valeur. En l’y plaçant alors, Lénine croit confier le contrôle de l’appareil
central du Parti à l’un des rares dirigeants étrangers aux incessantes luttes
de fraction, gage, donc, de neutralité et d’apaisement. Sa discrétion dans les
congrès conforte cette image. Zinoviev, de son côté, pense pouvoir manœuvrer aisément
ce balourd silencieux contre Trotsky. Mais Lénine et lui se trompent
lourdement. Ils s’en apercevront bientôt, mais trop tard.
    Avril 1922 est donc bien une date-clé, celle peut-être
où Staline note au dos de la couverture du livre de Lénine Matérialisme et
empiriocriticisme les remarques suivantes non datées : « La
faiblesse, la paresse, la stupidité sont les seuls traits qui puissent être
qualifiés de vices. Tout le reste […] constitue indubitablement une vertu !
Si un homme est 1 o fort (spirituellement), 2 o énergique,
3 o intelligent (ou capable), alors il est bon, indépendamment de ses
autres "vices" [385] . »
    Staline s’installe dans un petit immeuble occupé non loin du
Kremlin, rue Vozdvijenka, par le Comité central qui y emploie 200 secrétaires
entassés dans des petits bureaux. À partir de ce poste, il va tisser la toile
où vont s’engluer ses adversaires.
    Il réorganise l’appareil dirigeant, composé désormais de
trois organismes, subdivisions d’un Comité central en théorie souverain :
le Bureau politique, le Bureau d’organisation et le Secrétariat. Le Bureau
politique, créé en mars 1919 et composé de cinq membres, puis de sept, se
réunit chaque semaine et prend les décisions politiques. Le Bureau d’organisation,
créé en janvier 1919 et composé lui aussi initialement de cinq puis de
sept membres, se réunit au moins trois fois par semaine pour mettre en œuvre
une partie

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