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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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recrutement a été
partiellement renouvelé. L’appareil de l’État, maintenu, a continué à s’élargir.
Une partie de ses membres ont adhéré au parti dirigeant. Ainsi, en 1920, les 1 300 000 ouvriers
d’usines, cheminots et traminots, formant une classe ouvrière désintégrée, en
partie déqualifiée et vivant d’expédients, ne représentent que 1 % des 130 millions
d’habitants d’une Russie soviétique qui compte deux fois plus d’employés de
bureau. Au X e  congrès du Parti, en mars 1921, Chliapnikov
raille Lénine, qui a constaté la désintégration du prolétariat russe, et le « félicite
de constituer l’avant-garde d’une classe qui n’existe plus [373]  ».
    La situation se rétablit lentement et difficilement à la
campagne. Depuis octobre 1917, le nombre d’exploitations est passé de 16 à
près de 25 millions. Le morcellement des propriétés (en moyenne 2 hectares
par famille), l’absence de chevaux de trait dans une ferme sur trois, l’utilisation
de l’araire de bois primitif dans deux fermes sur cinq réduisent la grande
majorité des exploitations à ne produire que pour leur propre alimentation,
souvent insuffisante et toujours menacée. Dernière convulsion de la guerre
civile et du communisme de guerre, une famine terrible ravage, en 1921-1922, le
bassin de la Volga, frappe en Russie 23 millions de personnes, répand le
typhus, et fait finalement près de 3 millions de victimes.
    Le parti bolchevik de 1921 ressemble assez peu à celui de
1917. En trois ans, un demi-million de cadres et de militants, mobilisés à
chaque tournant de la guerre civile, sont partis au front. La majorité des 200 000 militants
de 1917 y ont péri. Un sur cinq en est revenu estropié et invalide. Des
dizaines de milliers d’autres, entrés dans la Tcheka ou mobilisés dans les
détachements de réquisition de blé chez les paysans, ont exercé quotidiennement
la contrainte et la violence. Les rares militants revenus en usine y sont
secrétaires du Parti ou du syndicat.
    Au cours de cette année 1921, Staline peaufine son
image de libéral. Le 22 août, le Comité central le nomme à la tête de sa
section d’agitation et de propagande (Agit-prop). C’est sa septième
responsabilité officielle. S’abritant derrière l’autorité de Lénine, il joue
les conciliateurs et les arbitres. En septembre 1921, des protestations
contre le caporalisme de Zinoviev secouent le Parti à Petrograd. Le 21, Lénine,
Staline et Molotov forment une commission de conciliation Le 23, Lénine reçoit,
dans l’appartement de Staline, l’intrigant Ouglanov, adversaire de Zinoviev,
désavoué par la commission. À la veille du XI e  congrès
pourtant, Staline éloigne Ouglanov. Il gagne sur les deux tableaux : il a
soutenu les partisans de la démocratie et protégé Zinoviev qui lui renvoie
aussitôt la balle.
    Il se sent déjà assez fort pour rudoyer Kroupskaia, la femme
de Lénine. Le 24 novembre, elle demande au Bureau politique de délimiter
clairement les fonctions de l’Agit-prop dirigée par Staline, et de la Direction
politique de l’Instruction publique qu’elle préside, en insistant sur le
gonflement exagéré de l’appareil de l’Agit-prop. Staline répond par retour à
Lénine : il accuse Kroupskaia de manifester « légèreté » et « hâte »,
de fournir des chiffres erronés (ce qui est faux !), de raconter « de
pures vétilles », puis il reproche à Lénine de vouloir en réalité l’évincer
de l’Agit-prop alors qu’on lui a imposé ce travail, auquel il ne postulait pas.
Il se dit prêt, néanmoins, à s’effacer. « Mais, dit-il, si vous posez la
question précisément maintenant […] vous nous mettrez tous deux, vous et moi,
dans une situation fâcheuse. Trotsky et d’autres penseront que vous faites cela
"à cause de Kroupskaia", que vous exigez une "victime", que
je suis d’accord pour être une "victime", ce qui n’est pas
souhaitable [374] . »
Lénine, accusé de céder à sa femme, cède à Staline. Il est déjà affaibli ;
la maladie lui interdit à la mi-décembre 1921 d’assister à la XI e  conférence
nationale du Parti. Les échéances de la succession se rapprochent.
    Staline le pressent et prépare soigneusement le prochain
congrès. Au début de janvier 1922, il convoque Anastase Mikoian et lui
confie une mission « au nom de Lénine » qui l’ignore : Trotsky
et ses partisans, dit-il, se tiennent tranquilles par

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