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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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dernière, la plus
importante, concerne les documents émanant du Bureau politique, du Bureau d’organisation
et du Secrétariat. Ce souci maniaque du secret permet de dissimuler le fait que
les décisions officiellement prises par les organismes soviétiques sont toutes,
au préalable, adoptées par les instances du Parti.
    Cette loi du secret, confirmée et généralisée par un décret
du Bureau politique du 15 octobre 1925, ne trompe sans doute pas
grand monde, mais elle est fort utile au Secrétariat et à Staline lui-même.
Elle s’étend par cercles concentriques à l’appareil lui-même, dont les membres
ne savent que ce que le Secrétariat veut bien leur dire. Les dirigeants du
Parti des diverses Républiques transcrivant les décisions qui leur parviennent
d’en haut n’ont d’ailleurs pas le droit de les modifier, d’en retrancher des
éléments ou d’en ajouter.
    Ainsi, le Parti est subordonné à son appareil, au sein
duquel Staline constitue une organisation secrète dépendant de son Secrétariat
et qui n’obéit qu’à lui. L’appareil agit clandestinement au sein du Parti, et
Staline constitue une organisation clandestine au cœur même de cet appareil, à
la manière des poupées russes. Avec l’accord de ses alliés du moment, Staline
institutionnalise ce système très tôt. Une décision du Bureau politique du 12 avril 1923
stipule en effet que les commissariats du peuple, lorsqu’ils soumettent des
questions particulièrement secrètes au Bureau politique, « ne doivent pas
en donner les motifs sous forme écrite mais les lui soumettre à la suite d’un
accord préalable avec le Secrétariat du Comité central [400]  », qui
décide donc souverainement de ce qui doit être soumis et par quelle voie au
Bureau politique, ainsi privé de sa souveraineté. Très vite, ces décisions
seront prises le plus souvent au cours de réunions privées, dans le bureau ou l’appartement
de Staline, sans aucun procès-verbal, puis transmises par oral, et, en cas d’extrême
nécessité, formalisées comme autant de décisions émanant du Bureau politique ou
du Comité central qui n’en ont pas discuté.
    Il devient dès lors difficile d’établir la généalogie des
décisions en question. Lors du Comité central d’octobre 1923, Trotsky
déclare fort justement : « Au sein du Bureau politique il y a un
autre Bureau politique, au sein du Comité central il y a un autre Comité
central [401] . »
Staline l’avait d’ailleurs reconnu au XII e  congrès d’avril 1923,
en accusant un délégué de vouloir « disloquer le noyau qui s’ [était]
constitué au sein du Comité central » et en l’avertissant que toute
tentative d’attaquer « tel ou tel membre du noyau de notre Comité central
[…] se heurtera à un mur où, je le crains, il se fracassera la tête [402]  ». On ne
saurait affirmer de façon plus nette l’existence d’un noyau fractionnel
illégal. Pour mettre Trotsky hors jeu, Kamenev, Zinoviev, Boukharine, Rykov
acceptent cette pratique, qui permettra de les écarter à leur tour le moment
venu.
    À travers la Section d’organisation et d’affectation, gérée
par Kaganovitch, Staline contrôle vite tous les secteurs de l’appareil dont il
définit souverainement la composition. Il opère par tranches : l’appareil
du Parti d’abord, puis du gouvernement, et enfin celui de l’armée et du
Guépéou. Cela ne va pas sans conflits. Ainsi, en 1924, il se heurte à
Dzerjinski, habitué jusque-là à régner en maître au Guépéou. En 1953,
Kaganovitch évoquera les protestations de ce dernier, furieux de voir la
Section d’organisation vérifier les gens qu’il nomme, confirmer ou infirmer
leur nomination ; il y voit une marque de défiance incompréhensible à l’égard
du commissaire du peuple et du membre suppléant du Bureau politique qu’il est.
Staline lui aurait répondu : « Il s’agit du système de contrôle du
Parti, du système de la direction du Parti ; il faut obligatoirement que
le Parti nomme les individus dirigeants. À toi-même comme commissaire du
peuple, cela t’est difficile et tu dois en être reconnaissant au Comité central [403] . »
Dzerjinski dut s’incliner comme les autres. La réponse de Staline est
éclairante : le Parti c’est le Comité central, le Comité central c’est le
Secrétariat, et demain le Secrétariat, donc le Parti, ce sera lui. On n’en est
pas encore là, mais on y va tout droit.
    Staline

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