Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
Kamenev à la vice-présidence du Conseil. Cette proposition
prépare sans doute la nomination ultérieure de Trotsky à sa place à la tête du
Conseil, première tentative, probablement déjà illusoire, de séparation des
pouvoirs entre l’appareil du gouvernement et celui du Parti. Staline et Rykov
votent pour, Kamenev et Tomski s’abstiennent, Kalinine « n’y est pas opposé »,
Trotsky « refuse catégoriquement [412]  »,
sans explication. Dans Ma vie, évoquant la nomination comme
vice-présidents du Conseil de Rykov, Tsiouroupa et Kamenev, il explique, se
montrant injuste à l’égard de ce dernier : « Lénine avait besoin dans
la pratique d’adjoints dociles ; dans ce rôle, je ne valais rien [413] . » Trotsky,
dans une lettre de la mi-mars 1922 au Bureau politique, avait pourtant
affirmé la nécessité de séparer le Parti de l’État : « Sans libérer
le Parti, comme parti, des fonctions de gestion et d’administration directes,
il est impossible de nettoyer le Parti du bureaucratisme, et l’économie du
désordre [414] . »
Il dut penser qu’il n’en aurait pas les moyens.
    En août 1922, une commission de représentants de toutes
les Républiques fédérées, présidée par Staline, se réunit pour définir les
rapports entre la République de Russie et les autres. Staline rédige un projet
de Constitution qui accorde aux Républiques sœurs une vague autonomie au sein d’une
fédération entièrement subordonnée à la Russie. Feignant de vouloir l’épargner,
Staline n’en informe pas Lénine, qui, mis au courant, l’interroge. Staline fait
d’abord adopter sa position par le Bureau d’organisation avant de la présenter,
le 22 septembre, à Lénine. Celui-ci flaire dans ce projet des relents de
chauvinisme russe doublement mal venus : persuadé que l’axe de la
révolution mondiale s’est un temps déplacé vers les pays coloniaux d’Asie, il
juge néfaste tout rappel de l’héritage impérialiste tsariste ; ensuite, il
craint que les tensions nationales ne menacent le fragile équilibre de la
future Union soviétique. Il s’oppose donc au projet de Staline, le convoque
avec la majorité des intéressés et, le 26 septembre, adresse à tous les
membres du Bureau politique une lettre proposant que les diverses Républiques
fassent partie de l’Union soviétique sur un pied d’égalité avec la fédération
de Russie. Il ajoute : « C’est une question fort importante. Staline
a une certaine tendance à trop se hâter [415] . »
Staline répond, le lendemain, par une lettre aux mêmes, dans laquelle il
déclare l’amendement de Lénine « inacceptable ». Et il renvoie
ironiquement son compliment à l’auteur : « Le camarade Lénine s’est,
à mon avis, trop hâté […]. Il n’est guère douteux que cette "hâte" ne
serve aux "indépendants" au détriment du libéralisme national de
Lénine. » Kamenev, inquiet, écrit à Staline : « Lénine se
prépare à partir en guerre pour défendre l’indépendance. » Staline lui
répond que « la fermeté est nécessaire contre Lénine [416]  ». Sept
mois après sa nomination comme Secrétaire général, il s’est émancipé de la
tutelle politique du dirigeant historique.
    La rupture avec Lénine, malade mais encore valide, et dont
le prestige est grand dans le Parti, serait prématurée. Il louvoie donc et
inaugure une tactique à laquelle il recourra souvent tant qu’il ne sera pas le
seul maître à bord : il cède sur les mots pour conserver son poste mais se
réserve le droit de contredire dans les faits ses propres concessions verbales.
Le 6 octobre, le Comité central approuve donc son projet, revu et corrigé
par Lénine, qui, le 30 décembre 1922, donne naissance à l’URSS. Ce
même jour, le Comité central, en l’absence de Lénine et de Trotsky, permet à
titre provisoire l’exportation et l’importation de certaines marchandises ainsi
que l’ouverture des frontières. Lénine proteste auprès de Staline : cette
décision, dit-il, prise sans « discussion sérieuse […] à la va-vite »,
est « en fait une brèche ouverte dans le monopole du commerce extérieur [417]  » qui
permettra la pénétration incontrôlée de marchandises étrangères de meilleure
qualité et de prix inférieur ; vu la basse productivité du travail et la
très médiocre qualité des marchandises soviétiques, cela ruinera l’industrie
nationale convalescente. Lénine demande donc la

Weitere Kostenlose Bücher